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Traiter de la nouvelle africaine, cest entre autres envisager les nuances spécifiques que ce genre exalterait ou les traits quil atrophierait à lintérieur dune aire géographique et dune culture particulières. C'est préciser ce qu'elle représente pour des lecteurs et des critiques provenant d'horizons différents. D'une manière générale, la nouvelle a connu bien des évolutions au cours des siècles : des scléroses passagères, de brusques développements et des excroissances qui la rendent complexe. Les problèmes de définition se posent mais ne sont ni plus ni moins difficiles à résoudre que ceux ayant trait au roman ou la poésie, à condition de se situer dans un cadre suffisamment large qui prenne en compte, à côté des aspects discursifs ou narratologiques ordinaires, des aspects diachroniques, géographiques, sociologiques, etc. Ce type dapproche globale, qualifiée parfois de systémique, permet de réfuter un certain nombre dallégations : ainsi, la présence dune société conteuse nest pas propre au conte; la nouvelle, à lorigine, sinscrit également dans ce cadre, que ce soit dans Le Décaméron de Boccace, Les cent nouvelles nouvelles ou LHeptaméron de Marguerite de Navarre; de plus, ce critère na rien dobsolète, puisquil fut remis à lhonneur au XIXe siècle par la plupart des grands nouvellistes, comme Barbey dAurevilly dans Les diaboliques ou Villiers de lIsle-Adam dans Les contes cruels; sans compter quil perdure au Xxe siècle dans des recueils comme Le médianoche amoureux de Michel Tournier. Ensuite, si les critiques se déchirent à propos des traits définitoires du genre, cest le plus souvent à propos duvres ou de traits "transfontaliers" : faut-il considérer La princesse de Clèves de Mme de La Fayette, La double méprise ou Les âmes du purgatoire de Mérimée comme des romans ? Poéticité ou théâtralité peuvent-elles caractériser la nouvelle ? Comment tenir compte, par exemple, des accointances entre nouvelle et poésie dans des recueils comme Embarras et Cie de Francis Bebey ou Contes et lavanes de Birago Diop? Pour le reste, sans avoir la prétention de fixer en deux coups de cuillère à pot ce qui fait lobjet de maints débats et ergotages, quelques critères emportent ladhésion de la plupart, tant simples lecteurs que critiques : la nouvelle est un récit fondé sur un sujet restreint (ce qui implique un nombre réduit de personnages et dévénements), le plus souvent donné comme réel, et dont la brièveté implique une écriture resserrée et génère une certaine tension dramatique ou, plus généralement, une expérience temporelle originale
La plupart des nouvelles africaines saccommodant de ces critères canoniques (lâches), non sans les subvertir à loccasion, le critique peut sen contenter. Voyons maintenant par le menu. René Godenne, dans "Place de la nouvelle francophone dAfrique noire dans la nouvelle dexpression française de 1940 à 1997", et Guy Ossito Midiohouan, dans "La nouvelle négro-africaine dexpression française entre 1971 et 1980", font un état des lieux dans deux articles assez complémentaires Tous deux soulignent le rôle fondamental de lédition pour le développement du genre, Godenne relevant les carences en la matière, Midiohouan insistant sur lembellie de la période 1971-1980, grâce aux forces conjuguées des maisons dédition africaines, des journaux et des revues, ainsi que des concours littéraires. Tous deux constatent une relative homogénéité thématique : la nouvelle africaine met principalement en scène les problèmes de la vie quotidienne, le mal-être, la violence, la misère, le plus souvent sous langle de la satire sociale ou politique. Godenne suggère dautres spécificités : la brièveté des nouvelles africaines est plus circonscrite que dans la nouvelle francophone en général, cest-à-dire que les nouvelles très longues et les nouvelles très brèves ne sont guère pratiquées; les nouvellistes "par tempérament", qui privilégient ce genre aux autres, sont rares; et lusage terminologique est sans équivoque : le conte recouvrirait ce qui sinscrit dans une tradition populaire, la nouvelle ce qui sinscrit dans un cadre réel. Les liens étroits que la nouvelle africaine entretient avec le réel, et plus précisément avec la société dans laquelle elle sécrit, ne léloignent pas de ce qui a caractérisé le genre à ses origines. Dès Les cent nouvelles nouvelles (et lon se limite ici au champ de la nouvelle française), il sagit de décrire la société et ses travers, dancrer les histoires rapportées dans le réel, dattester de leur véracité en faisant référence à des coutumes ou à des lieux connus, à des personnages réels, en rapportant des événements qui ont encore des conséquences dans le présent, etc. Cest également le projet de LHeptaméron, que Parlamente formule à la suite de Marguerite de Navarre : "nescripre nulle nouvelle qui ne soit veritable histoire". Si, au fil du temps, la contamination dautres genres a estompé cet aspect de véracité, celui-ci a connu des embellies, dont la moindre ne fut pas celle du XIXe siècle, grâce à la proximité entre nouvelle littéraire et nouvelle journalistique et bien quaujourdhui, il ne soit de nouveau plus considéré comme une condition sine qua non, il reste présent dans nombre de recueils, comme Le facteur fatal ou Zapping de Didier Daeninckx, La ronde et autres faits divers de Le Clézio, ou dans ces nouvelles (littéraires) publiées dans le quotidien français Libération, dont les intrigues sinspirent de faits divers trouvés dans le même journal Dans "Lécriture de la socialité dans la nouvelle camerounaise", Jean Sob soutient que la nouvelle, davantage que dautres genres, permet de "faire entendre" les problèmes existentiels des Africains en général, et, en particulier, "la voix des oubliés ou plus précisément la voix des censurés de lhistoire officielle dans la plupart des pays africains pendant et après la colonisation" plus facile à écrire à cause de sa brièveté (mais nest-ce pas un leurre?), plus courte à lire, plus aisée à traduire (si lon considère quelle est moins "intellectuelle" que le roman, ce qui est peut-être le cas pour la nouvelle dite "engagée), la nouvelle, surtout, fait du quotidien et des incidents de la vie son matériau narratif. Si à lâge classique elle sopposait, par son réalisme et son ancrage historique, aux romans invraisemblables, à notre époque "[
] les écrivains camerounais ont considéré la nouvelle comme une réaction contre les invraisemblances de lidéologie coloniale et néocoloniale". Bon nombre de nouvelles camerounaises traitent de la dé- et de la néo-colonisation. Car lindépendance na pas mis fin aux injustices : lennemi a aujourdhui un visage économique, le peuple, pauvre, miséreux, est soumis aux diktats internationaux. Et la culture et lenseignement ne sont en rien salvateurs, qui préparent les jeunes "à singer lhomme blanc", tout en maintenant le petit peuple dans lignorance. Ada U. Azodo partage le point de vue de Sob : dans "Surviving the present, Winning the future : revisiting the African novel and short story", elle privilégie la nouvelle par rapport au roman pour exprimer les problèmes, les crises et les besoins des sociétés africaines et de la diaspora, en même temps quelle subordonne les considérations esthétiques à la véracité du discours. Comme Sob, elle considère que la nouvelle, de type fictionnel, est à même de révéler plus sûrement le réel que les autres genres littéraires, mais aussi que dautres outils de communications. (On peut lire à ce propos les brefs entretiens avec Isaïe Biton Koulibaly et avec Jérôme Carlos.) Si Sob et Azodo sont apparemment contredits par Pascal Bekolo Bekolo, dans "La disqualification de la nouvelle de larsenal littéraire africain pour cause dinefficacité", cest en partie parce que ce dernier opte pour un angle de vue différent, celui de la critique littéraire. Il constate que lorsque celle-ci considère la littérature africaine comme une littérature de combat, elle ne se réfère quaux trois genres ayant émergé successivement dans lhistoire littéraire africaine : la poésie, le roman et le théâtre. De la nouvelle il nest guère question, entre autres à cause de carences dun point de vue éditorial, mais aussi de la marginalisation de ce genre dans les autres aires francophones. Pour autant Bekolo ne souhaite pas que la finalité de la nouvelle soit calquée sur celle des autres genres, et que celle-ci rejoigne la seule littérature de lefficience. Mais il mise sur un futur plus réjouissant que le passé : "La libéralisation progressive de la vie politique apporte une bouffée de décrispation qui va sans doute se traduire sur le plan littéraire par lémergence dune esthétique de relaxe, de volupté et dadresse intellectuelle. [
] les écrivains ne seront plus les substituts de lopposition. Hommes parmi les hommes, ils oseront enfin exprimer toutes les aspirations de lhomme". Une autre réserve par rapport à la position de Sob et Azodo émane de Tony Simoes da Silva qui met en doute que la nouvelle puisse "faire entendre adéquatement la voix des oubliés". Mais il est vrai que, dans "Geographies of sorrow and renewal : Basali! Stories by and about women in Lesotho", il examine un matériau particulier : un recueil composé non par un écrivain "de profession", mais par des femmes écrivains amateurs, dans le cadre dun cours décriture à luniversité. Si la thématique des nouvelles de Basali! voisine avec celle de la plupart des nouvelles africaines (brutalité, adultère, violence domestique
), la manière dont les personnages font face aux événements rend ces textes captivants. Mais ce qui distingue avant tout ce recueil des autres, cest son cadre : da Silva insiste sur la distance entre la réalité vécue par ces femmes et lexpression de cette réalité qui passe par une forme littéraire (la nouvelle) et une langue (langlais) qui leur sont étrangères. De ce fait une double épochè est requise : de la part des auteurs qui transmettent une vision de leur monde qui nest plus tout à fait africaine, sans être européenne, et de la part du lecteur qui doit prendre en considération le contexte particulier de lécriture de ces nouvelles, et ne pas les réduire à des documents anthropologiques. Cependant, ces écrivains éphémères ne font quexacerber les multiples tensions que perçoivent la majorité des écrivains africains entre tradition et modernité, oralité et écriture (et écriture de loralité), langue vernaculaire et langue coloniale (tensions sur lesquelles revient Boubacar Boris Diop dans lentretien quil a accordé à Mots Pluriels); lesquelles se traduisent, dun point de vue générique, par lopposition entre conte et nouvelle. Encore faut-il sentendre ici sur la nature de cette opposition. Il existe des critères permettant de distinguer les deux genres : un récit objectif, vs un récit subjectif, une temporalité cyclique ou itérative vs un temps linéaire, une structure statique, "autoréférentielle"vs une structure dynamique, "extra-référentielle", des personnages emblématiques vs des personnages de chair et de sang, la présence dune société conteuse vs un texte non encadré
Mais ce que lon a déjà souligné concernant le dernier de ces critères doit lêtre également pour les autres : ils sont loin dêtre inaltérables, valables en toutes circonstances. La temporalité cyclique ou itérative, par exemple, se retrouve dans les nombreuses nouvelles dont la clausule répète lincipit, ou dans celles qui reproduisent une même scène initiale, avec de légères variantes. Concernant les personnages des nouvelles, combien de fois ceux-ci nincarnent-ils pas un modèle mythologique ou légendaire ? Il nen reste pas moins que les nouvelles africaines sont temporellement et culturellement plus proches de la tradition orale que dautres nouvelles et que, dès lors, les écrivains doivent intégrer dune manière ou dune autre ces tensions. Guy Ossito Midiohouan et Gisèle Odibi Nonvignon dans "Le dilemme dAbdou Tidjani Serpos : entre conte et nouvelle"dune part et Sélam Komlan Gbanou dans "Lécriture conteuse dans la nouvelle de Séwanou Dabla" dautre part abordent cette question des frontières génériques. Ils distinguent les éléments qui font pencher les recueils de Tidjani Serpos et de Dabla vers le conte ou vers la nouvelle, en relevant à loccasion des éléments ambigus, comme la présence de monstres chez Dabla qui ne prennent pas figure de cyclope ou de dragon, mais de dictateur ou de métro; ou comme le passage, au sein dun même texte, de la nouvelle par lauthenticité de lhistoire, lenracinement géographique, la présence de personnages du monde moderne au conte par la formule finale : "Lhistoire [
] court, court toujours [
]". Les auteurs en concluent que de nombreuses uvres nont pas de frontière nette, mêlent les genres, utilisent le substrat traditionnel pour le sauvegarder, sans pour autant se limiter à le reproduire, mais en alliant lhéritage passé oral aux réalités et aux techniques décriture actuelles. Michel Naumann traite également de la distance, ou plutôt ici de la fusion, entre la réalité et son mode de transmission dans "Culture orale traditionnelle et contemporaine et écriture dune nouvelle de Tchicaya U Tamsi". Cet auteur, selon Naumann, serait parvenu à transcender la dualité par ailleurs considérée comme hautement suspecte entre "oralité et tradition africaines contre écriture et modernité occidentales". Analysant "Le fou rire", nouvelle tirée de La main sèche, il décèle toutes les déterminations orales revisitées par Tchicaya U Tamsi : que ce soient les éléments qui apparentent la nouvelle au conte, le théâtre lemba, lutilisation dune langue hermétique, le prophétisme, ainsi que ce que Tchicaya U Tamsi a surnommé la philosophie de Poto Poto, cest-à-dire une "parole populaire, parodique, ironique, cryptée, dialogique et carnavalesque". Le résultat est que la nouvelle choisie, "sans être dépourvue de générateurs culturels anciens, [
] les reprend dans une oralité congolaise contemporaine, créatrice et subversive, qui génère sa propre modernité". Signalons enfin que huit femmes de lettres africaines ont contribué à ce numéro en proposant des textes courts / nouvelles dont la diversité formelle et thématique souligne lessor dun genre qui de plus en plus exige une approche définitionnelle flexible:
Vieux Djo de Tita Mandeleau,
Folie virtuelle de Monique Ilboudo,
La Porteuse d'eau de Rabiatou Njoya,
Le Camp de Rosemonde Ahou de Saintange,
Le Champion de Khady Sylla,
Ruse de femme de Mariama Ndoye,
Turbulences de Marie-Thérèse Assiga Atangana,
Les adieux de l'héritière de Lydie Dooh-Bunya. Michel Guissard.
qui ne soit veritable histoire"
Centre d'études de la nouvelle. UCL
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de ce numéro de MOTS PLURIELS]
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To deal with the African short story means, amongst other things, to try to
ascertain both the specific nuance dignified by the genre in a given location
and the traits erased in a specific cultural environment. It represents also an
attempt at defining the meaning and usefulness of this genre in the eyes of
people from different cultural, linguistic and geographical backgrounds.
The evolution of the short story through time has been the result of sudden
bursts of development, unexpected outgrowth, followed by time of little change.
This already explains that no simple definition has been able to account fully
for its complex diversity. The short story is indeed no different from other
genres such as poetry or the novel and requires an enlargement of the frame of
reference beyond common narratologic and discursive aspects in order to include
diachronic, geographic, sociologic and other elements. This global and
"systemic" approach (as it is sometimes referred to), allows one to disprove a
number of assumptions, notably the belief that the presence of a society
telling stories is a sure sign that we are dealing with a tale; it is not. The
short story at its origins was built on this same model as shown by Le
Décaméron by Boccace, Les cents nouvelles nouvelles
or L'Heptaméron by Marguerite de Navarre. Furthermore, this
criterion is far from obsolete as it was rejuvenated in the 19th Century by
major writers such as Barbey d'Aurevilly in Les diaboliques and
Villiers de l'Isle-Adam in Les contes cruels; moreover, this tradition
has continued in the 20th Century with Michel Tournier's collection Le
médianoche amoureux. Current scholarly debate and disagreement are
more concerned with definitional aspects applied to a growing number of texts
located beyond or across well defined generic categories: for example, to what
extent does La princesse de Clèves by Mme de La Fayette, La
double méprise or Les âmes du purgatoire by
Mérimée belong to the novel? How much space can be allotted to
poetry and theatricality in the short story? How, for example, can we account
for the incursion into poetry of collections such as Embarras et Cie by
Francis Bebey or Contes et lavanes by Birago Diop?
Short of a magic wand, no one would suggest that these issues which range from
the real to the trivial could be easily settled, yet a number of basic
principles meet the agreement of the majority of both lay-readers and critics :
the short story is based on a narrow topic (that means that the number of
characters and situations will be limited), it is given as reality and the
brevity of the piece demands a concentrated form of writing which
creates some dramatic effects or, more commonly, an original and specific
temporal experience. The African short story, complying by and large with these
loose criteria, albeit not without challenging them on the odd occasion, is
something the critic can live with.
Let us then move on to the peculiarities of this issue of "Mots Pluriels".
René Godenne in "Place de la nouvelle francophone d'Afrique noire dans
la nouvelle d'expression française de 1940 à 1997" and Guy
Ossito Midiohouan in "La nouvelle négro-africaine d'expression
française entre 1971 et 1980" take stock of the African short story in
complementary papers. Both emphasize the role of publishers in the development
of the genre: Godenne stressing their shortcoming in recent times and
Midiohouan mentioning an improvement in the 1971-80 decade thanks to the joint
efforts of African publishing houses, literary competitions and local journals
and magazines. Both critics agree to some thematic homogeneity. The African
short story, they suggest, deals mainly with people's everyday lives and
problems, discomfort, violence, misery, etc., often presented as a social or
political satire. Furthermore, according to Godenne, the African short story is
usually shorter than the "francophone average"; extremes in length (both very
short and very long) are rare and African authors choosing to deal mainly in
the short story are an exception. As far as the terminology is concerned, most
African critics are clear: the tale refers to popular tradition and stories,
whereas the short story deals with "the real world".
The strong ties connecting the African short story to reality and especially to
the milieu in which it is written is reminiscent of the characteristics of the
genre at its origins. From the time of the Cent nouvelles nouvelles (if
one limits the field to the French short story), the aim has been to describe
society and its biases, to root stories in reality, to prove their veracity by
way of reference to local customs, known locations, real people and events
relevant to current situations, etc. It was already the aim of
L'Heptaméron where Parlemente says after Marguerite de Navarre :
"n'escripe nulle nouvelle qui ne soit veritable histoire [don't write a short
story which isn't true]. Although as time went by, the contamination of
other genres has led to the watering down of the requirement for truth, such an
element has known spectacular revivals: for example, one due to the proximity
of the journalistic and literary short story during the 19th Century. While
this requirement is no longer sine qua non, it nevertheless remains
enshrined in many collections such as Le facteur fatal ou zapping by
Didier Daeninckx, La ronde et autres faits divers by Le Clézio,
or even in those literary short stories published by the French daily
Libération and inspired by bits of trivia published in articles
in the Journal.
In "L'écriture de la société dans la nouvelle
camerounaise", Jean Sob argues that the short story, more so than other genres,
allows the existential issues facing African people to be exposed. In
particular, it gives voice to those who have been forgotten or rather censored
from 'official' history in the majority of Africa, both during and after
colonisation. Arguably easier to write because of its brevity (but is it really
the case?), quicker to read, easier to assimilate (considering that it might be
less cerebral than the novel, especially in the case of the short story
committed to social issues), the short story uses mundane bits from everyday
life as its main building blocks. Just as the `Ancients' opposed story's
realism and historicity to the imaginative and fanciful novel, the Cameroonian
writers have considered the rise of the short story as a reaction to the
distortions of colonial and neocolonial ideologies, thus the high number of
short stories dealing with both decolonisation and neocolonialism. Independence
did not spell the end of injustice and today the enemy appears in a new
economic guise: poverty or plain misery are the lot of ordinary people trapped
by at the whim of international diktats. Inadequate cultural awerness and
education compound rather then solve the problem as they incite African youth
to mimic White models and leave the large majority of the people in a state of
complete ignorance.
Ada U. Azodo shares Sob's point of view. In "Surviving the present, Winning the
future: revisiting the African novel and short story", she favours the short
story compared to the novel and argues that the former is best suited to
express the problems, crises and needs of African societies and Diasporans.
Aesthetics should be subordinate to engagement and truth, she says, and like
Sob she considers that the short story has been more successful than both other
literary genres and the variform of mass communication in revealing reality.
(Two short interviews with Isaïe Biton Koulibaly and Jérôme Carlos
also touch on this issue).
The apparent contradiction that opposes Sob's and Azodo on one hand and Pascal
Bekolo Bekolo in "La disqualification de la nouvelle de l'arsenal africain pour
cause d'inefficacité" on the other, is due in part to the fact that
Bekolo addresses the issue from a slightly different angle; that is, that of
the literary critique. When the critics consider African literature as a
"fighting literature" he says, they usually take into account only the three
literary genres that have appeared successively during the history of African
literature, i.e., poetry, novel and theatre, while the short story is
overlooked, due partly to editorial shortcomings, but also because this genre
has been greatly marginalised in the rest of the Francophone literary world. It
does not mean however that Bekolo advocates an alignment of the short story
with the other genres which are judged mainly in terms of efficiency; rather,
he hopes for a happier future: "The progressive liberalization of political
life brings a kind of loosening up that should lead, in the area of literature,
to new aesthetic forms dominated by informality, sensuousness and intellectual
prowess. ... Writers won't be a substitute for political opposition anymore.
Lost in the crowd, they will at last be allowed to express the full gamut of
human aspirations.
Another challenge to Sob and Azozo's position comes from Tony Simoes da Silva
who explores the extent to which the short story gives a voice to those
forgotten by society. However, da Silva's analysis has to be put in the limited
context of the book he is reviewing; i.e., Basali! Stories by and about
women in Lesotho, a collection of short stories which were not written by
"professional" writers but produced by a group of "ordinary" women who took a
course in creative writing at university. The issues addressed by the authors
in their stories are quite similar to those common to the rest of African
literature, i.e., brutality, adultery, domestic violence, etc. and it is
fascinating the way these women stand up to the challenges life throws at
them. Yet, da Silva insists, there is a major gap between the authors everyday
lives and the texts published through the mediation of an imported literary
genre (the short story) and language (English). A double epochè
is therefore required: from the authors who project a vision of their world
which is neither purely African nor completely European in its expression; from
the reader who has to take into account the context in which the short stories
were written and published without reducing them to mere anthropological
documents.
In choosing to be published in a rather unfamiliar English form,
Basali's Women only exacerbate the many tensions perceived by a majority
of African authors with regard to tradition and modernity, orality and the
written word (and the writing of orality), African versus European languages,
etc. (issues raised amongst other by Boubacar Boris Diop in an interview
proposed in this issue). From a generic point view, these tensions have led to
an opposition between the tale and the short story, although the nature of that
opposition needs clarification. There are criteria suitable to distinguish both
genres: objective versus subjective text; iterative or circular versus linear
temporality; static and "autoreferential" versus dynamic and
"extra-referential" structure; symbolic versus "real" characters; the presence
of a society telling tales vs a text which is not framed...But what was said
earlier about this latter point is also valid for the other ones: they are not
unchanging and valid in every circumstance. For example, iterative and circular
temporality is quite common in short stories ending with a repeat of the
opening lines, or in those concluding with a repetition of the initial scene in
a slightly modified form. With regard to characterization, isn't it the case
that on many occasions a short story's characters embody mythological or
legendary figures? Nonetheless, the African short story's idiosyncratic
cultural and temporal proximity with orality have made specific demands of
African authors who have had to resolve these tensions.
Guy Ossito Midiohouan and Gisèle Odibi Nonvignon in "Le dilemme d'Abou
Tidjani Serpos: entre conte et nouvelle" and Sélam Komlan Gbanou in
"L'écriture conteuse dans la nouvelle de Séwanou Dabla" deal with
the issue of a generic frontier between genres. They weigh the elements, that
push the collections published by Tidjani Serpos and Dabla towards either the
tale or the short story. They also stress a number of ambiguous elements such
as Dabla's monsters who do not metamorphose into Cyclopes or dragons but rather
into a dictator or a modern subway. Another example of ambiguity is provided by
a text that belongs to the short story as far as its "real" characters inhabit
a modern and "authentic" geographic location, but also belong to the tale as
the story borrows its typical ending from that genre : "L'histoire ... court,
court toujours ...". In conclusion, the authors take the view that rigid
borders do not suit many texts which belong to different literary genres,
making use of the traditional substratum in order to save it, but not
reproducing it in its original form, blending orality and heritage of the past
with the writing techniques of today.
In "Culture orale traditionnelle et contemporaine et écriture d'un
nouvelle de Tcicaya U Tam'si", Michel Naumann deals also with the distance
between - or rather the fusion of reality and its mode of transmission. U
Tam'si, according to Naumann, has been able to transcend the somewhat suspect
duality of "orality and African tradition on one hand and writing and Western
modernity on the other". In his analysis of "Le Fou rire" (Short story from the
collection La main sèche), Naumann unearths oral determinants
revisited by U Tam'si: the elements that link the short story to the tale,
such as Lemba theatre, usage of hermetic language, prophecy as well as what U
Tam'si named Poto Poto's philosophy, i.e., "a popular discourse which is
parodic, ironic, cryptic, dialogic and carnivalesque". The outcome is that "Le
Fou rire" is not without of old cultural determinants, but it includes them in
a contemporary Congolese form of orality which is creative, subversive, self
generating and in charge of its own modernity.
To conclude this overview, I would like to mention eight African women writers
whose texts have been included in this issue of Mots Pluriels. The
structural, linguistic and thematic diversity of these novels bears witness to
the evolution of a genre increasingly popular and difficult to circumscribe
within rigid definitions: Vieux Djo de Tita Mandeleau,
Folie virtuelle by Monique Ilboudo,
La Porteuse d'eau by Rabiatou Njoya,
Le Camp by Rosemonde Ahou de Saintange,
Le Champion by Khady Sylla,
Ruse de femme by Mariama Ndoye,
Turbulences by Marie-Thérèse Assiga Atangana,
Les adieux de l'héritière by Lydie Dooh-Bunya.
Michel Guissard.
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[don't write a short story which isn't true]
Centre d'études de la nouvelle. UCL
Michel Guissard Centre d'études de la nouvelle.
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