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Ruse de femme
UNE NOUVELLE
de
Mariama NDOYE
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L
a salle du tribunal bruit de mille rumeurs. Aujourd'hui une affaire de divorce à traiter. Etrange. On vient rompre devant la justice des liens qui nont pas été noués devant elle. Le mariage en question est coutumier. Il a été célébré à la mosquée. Cependant, si pour le rompre on a recours aux juges et aux avocats, cest quil y a eu, en sus du préjudice moral, tentative descroquerie. Nul nignore que quand les biens matériels entrent en jeu, les arrangements à lamiable font long feu. |
Coumba et sa co-épouse, première venue dans le foyer, sont assises face à face. Elles font la cuisine pour leur mari. Laînée, à un moment donné se laisse aller et ouvre négligemment les jambes. Coumba y jette un regard indiscret espérant surprendre un pagne à la propreté douteuse, une tache, des cuisses flasques, que sais-je encore? La rivale fait mine de ne sapercevoir de rien et continue à touiller sa marmite. Soudain Coumba voit apparaître quelque chose de bizarroïde. On dirait un intestin de mouton. Elle ferme les yeux très fort puis les rouvre. Elle a dû mal observer. Elle insiste avec effronterie pourtant, et scrute fixement les dessous de sa rivale; ce ne sont pas des gris-gris, ni un bout de pagne ou de tissu, cest bien une chose infâme et sanguinolente qui pendouille. Ny tenant plus:
- Eh, grande soeur, quelque chose dépasse de ton pagne, regarde donc!
La première épouse regarde sous elle et referme brusquement les jambes lair honteux.
- Je regrette davoir manqué de tenue devant toi cadette. Je suis vraiment désolée.
Elle se gratte la tête gênée et coince fermement les extrémités de son pagne dans le creux de ses genoux repliés doù ils ne pourront plus séchapper.Coumba intriguée insiste :
- Quest-ce que cétait grande soeur qui dépassait comme ça?
- Un gris-gris spécial.
- Hum! Pourtant on aurait dit un bout dintestin...
- Tu me promets de garder le secret si je te le confie, après tout, nous sommes embarquées sur le même bateau.
- Dis vite!
- Tu sais que jétais de tour hier nuit.
- Oui et alors?
- Eh bien, notre mari est tellement vaillant au lit, comme tu as dû le remarquer, quau bout dun mois de cohabitation avec lui, une petite portion de ton intestin séchappera de toi aussi.
- Doù?
- De ton sexe bien sûr. Mais cest un secret. Cest le lot de nombre de femmes qui sen accommodent. Ce sont les aléas du mariage et du plaisir .
- Quel plaisir? Dieu de miséricorde! Garde ton mari, moi je suis partie. Il ne me démolira pas. Je ne connais encore rien de la vie.
- Tu plaisantes, partir pour si peu!?
-- Surtout quil naille pas à ma poursuite, un mari ne vaut pas une vie.
Cest ainsi que se vérifia une fois de plus ladage. "La personne qui est plus âgée que toi détient davantage dhabits usagés que toi", cest-à-dire plus dexpérience. Quelques centimètres dintestin de mouton collés à la cuisse dune rivale futée sont facilement venus à bout dune jeune et belle co-épouse.
A Demba de se débrouiller pour récupérer les biens si généreusement octroyés à la naïve Coumba en vue d améliorer lordinaire de ses nuits. Quant à nous, à lheure où, dans un pays béni, le code de la famille est baptisé "code de la femme" par des hommes aigris de perdre le privilège de la répudiation unilatérale et inconditionnelle, nous souhaitons à Demba bien du plaisir.
© Mariama NDOYE