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Ce numéro de Mots Pluriels a pour origine
une question somme toute assez
banale: "Le dialogue est-il encore possible dans un univers des arts et de la
recherche universitaire devenu très compétitif et dominé
par les intérêts particuliers?". Que signifie de nos jours le mot
"interdisciplinarité", très à la mode mais souvent
galvaudé? La réponse à ces questions dépend bien
sûr de la personne qui y répond. Par example, l'artiste ne
va pas nécessairement partager le point de vue de l'universitaire ou du
critique d'art qui s'exprime à ce sujet. Certains soutiennent que l'art
ne connaît ni limite et ni contrainte, qu'il ne s'embarrasse ni de
règles, ni de grilles d'analyse et qu'il est ouvert à tous.
D'autres, au contraire, affirment qu'en dernière analyse
l'individualisme et la liberté individuelle finissent toujours par se
fondre dans un univers artistique dominé par un certain nombre de
disciplines soucieuses de définir leurs propres limites, leurs
techniques et leur public cible. D'un côté une prétention
à une liberté d'expression sans borne; de l'autre, les
instruments que la recherche universitaire a développés pour
mieux comprendre chaque domaine dans le contexte de sa production et de se
"consommation" - mais paradoxalement, aucune garantie de dialogue entre les uns
et les autres. La recherche pointue dans des domaines toujours plus
étroits ne favorise d'ailleurs pas les échanges entre les
"initiés" et le commun des mortels. Ce problème s'est d'ailleurs
considérablement aggravé depuis qu'une compétition
féroce entre les disciplines a été instaurée dans
les milieux universitaires et que l'individualisme forcené qui en
découle est devenu une vertu cardinale.
Comme on le verra dans ce numéro de Mots Pluriels, le monde des
Arts souffre de la conjoncture mais il tient bon. A preuve ces propos de
Gezime
Pacarizi, peintre et architecte du Kosovo : "ce qui me semble être commun
aux différentes formes artistiques, telles que je les conçois, ce
sont les idées de générosité et de poésie.
La poésie c'est la maîtrise du bien-faire et du beau qui sont des
dimensions indispensables à l'être humain, non seulement dans
l'art mais aussi dans son quotidien". Aujourd'hui comme hier, le monde des arts
constitue un des piliers du développement humain. Comme le dit
Tiébéna Dagnogo
au cours d'un entretien avec Tanella Boni, l'art reste un point de
repère qui permet à l'individu de se situer et d'essayer
d'apporter une réponse aux questions fondamentales qui se posent
à lui: "je viens d'où, où suis-je, pour aller
où?".
L'ensemble des documents qui suivent peuvent être subdivisé en
deux grandes catégories: les interviews de personnalités du
monde des arts et les articles érudits d'un certain nombre de
collègues appartenant à différentes disciplines
universitaires: philosophie, lettres, beaux arts, histoire, etc.... Dans leur
ensemble ces analyses témoignent de l'extrême complexité
du concept d'art et de la riche diversité de sens donnée à
ce terme en différents lieux et à différentes
époques. On trouvera cependant dans la revue culturelle
TAPAMA
publiée au Mali (et dont nous republions un certain nombre d'articles
dans ce numéro), une idée qui revient souvent : l'art est
l'expression d'une culture représentant "l'ensemble des valeurs
produites par une société pour s'identifier". Les limites d'une
telle définition sont si vastes qu'il est possible d'associer à
l'art quasiment toutes les activités humaines. On s'en rend d'ailleurs
compte à la lecture de l'article de Salem ould Elhadj
consacré
aux Arts à Tombouctou. Il y mentionne, entre autres l'art culinaire et
la musique, la danse et l'architecture, l'activité du forgeron et celle
des ateliers de broderie. De plus, certains arts en appellent d'autres dans
l'exercice de leur pratique. Comme le remarque par exemple René Gnaléga dans son étude du rôle de la sculpture dans la
poésie de Senghor: "la sculpture intègre en elle même
certains arts comme la peinture et même la danse".
Natasha Raschi affirme que cette riche multiplicité se trouve au centre
de la conception de l'Art de Werewere Liking mis en oeuvre à la villa
Ki-Yi, à Abidjan. Le théâtre, dit-elle, y est
pratiqué comme une "forme d'art vivant [...] permettant de rassembler
autour d'un même projet, d'une même oeuvre, le plus grand nombre de
créateurs de diverses disciplines." Cette conception de l'art plonge ses
racines dans le vécu des individus et situe l'art au coeur de leurs
activités journalières.
En mettant l'art et l'esthétique au service de "l'utilitaire" Werere
Liking appartient à une longue tradition que l'on retrouve sous un
aspect un peu différent dans l'article de Barbara Thompson. "Shambaa
Ughanga" explore en détail la conception de l'art proposée par
certains guérisseurs tanzaniens. Aux yeux de ces derniers,
"apprêter" et "décorer" l'esprit dépasse de beaucoup les
préoccupations d'ordre esthétique et le simple embellissement de
quelque chose au moyen de couleurs, de symboles ou d'images. Pour le
waghanga, l'art s'apparente plutôt à un processus qui lui
permet d'invoquer les forces spirituelles dont dépend la santé
physique et mentale de l'individu. La "décoration" d'objets rituels
assure leur puissance thérapeutique.
Dans le même ordre d'idées, Daffé Seydou Madany
présente Toumani Diabaté et sa cora non pas comme un musicien
utilisant son instrument à des fins exclusivement musicales mais comme
un interprète au service d'une tradition musicale incarnée par la
cora. Cet instrument, dit-il, "cristallise toute l'identité des
Mandeka". "C'est l'histoire de l'être humain arrivé à
maturité". C'est un "objet sacré [qui] détient les
clés du monde".
Alors que la majorité des articles proposés ici font état
des rapports complexes liant l'art à la société et
soulignent l'interdépendance des genres artistiques, ce numéro
de Mots Pluriels témoigne également du désir de
dialogue que l'on rencontre chez certains universitaires s'intéressant
aux travaux de collègues travaillant dans des disciplines
situées en marge de leur domaine de spécialisation. L'article de Dominique Assalé Aka-Bwassi
consacré à la poésie de
Tanella Boni en fournit un exemple probant. Abandonnant pour l'occasion la
phénoménologie Husserlienne dont il est un spécialiste,
l'auteur analyse d'une manière très littéraire les
premiers poèmes de sa collègue philosophe devenue poète.
"Qui s'intéresse à qui?" n'est jamais une question sans
importance. On pourrait même suggérer qu'elle est essentielle et
devrait toujours être posée, suivie du mot "pourquoi?", quand
telle ou telle puissance politique, financière ou académique
cherche à s'approprier un pan entier de l'activité artistique.
C'est ce que suggère Diala Touré dans son article "Taxonomy of
African arts in France 1900-1999." A son avis, l'intérêt
porté aux arts africains par l'anthropologie et l'ethnologie a
prévenu une évaluation nuancée des arts africains et a
systématiquement conduit les curateurs de musées hexagonaux
à considérer les pièces collectées en Afrique non
pas comme des oeuvres d'art mais comme de simple objets artisanaux.
Le philosophe camerounais Marcien Towa soulève une problématique
similaire dans l'interview qu'il a accordé à David Ndachi Tagne.
Arguant de la relation étroite entretenue par Senghor avec la France,
il met en cause sa vision de la négritude qui, à son avis,
s'accommodait trop bien des intérêts de l'ancien colonisateur.
La domination de l'univers intellectuel africain par les puissances coloniales
ne se limite d'ailleurs pas aux régions de l'aire francophone. Dans son
article consacré à la scène artistique sud africaine
depuis les années 1990, Sabine Marschall se pose la question de savoir
qui a été inclus et qui a été exclu des processus de réécriture
de l'histoire de l'art sud africaine depuis la chute de l'apartheid? Bien qu'on
ait assisté à une transformation radicale du discours eurocentric
et élitiste qui avait cours auparavant, les problèmes financiers
auxquels les galeries d'art doivent faire face tout comme la fermeture de
plusieurs départements des Beaux arts dans les universités sud
africaines et l'absence de subside gouvernementaux pour les arts, dit-elle,
compromettent l'avenir de la production artistique et de la recherche en
Afrique du Sud.
Elizabeth Rankin and Philippa Hobbs se penchent également sur un aspect
de l'histoire de l'Art sud africaine. Leur article analyse le rôle
joué par le centre artisanal de la Mission Evengélique
Luthérienne de Roke's Drift, KwaZulu/Natal dans le développement
de nombreux artistes Sud africains. L'importance du Centre a souvent
été soulignée mais, suggèrent les auteurs, ses
activités ont aussi été simplifiées et
stéréotypées. C'est l'origine de ces
stéréotypes et les facteurs qui ont contribué à les
propager que les auteurs s'attachent à élucider.
Un certain nombre de textes traitent de manière plus spécifique
de la collaboration artistique au niveau pratique. Dans sa "Création
à relais", Hélène Guy analyse par exemple le processus qui
permet à un écrivain, un illustrateur et un graphiste de
collaborer à la production d'un livre d'enfant. Elle illustre son
analyse d'exemples tirés de sa propre expérience et du milieu du
livre québécois. Sarah Turnbull se penche elle aussi sur un type
de collaboration faisant appel à deux artistes aux talents
complémentaires. Son article intitulé "Cover story" souligne
l'importance des pages de couverture et souligne le rôle joué par
l'illustrateur Jeff Fisher dans le succès d'un certain nombre de
bestsellers tels que "Captain Corelli's Mandoline". Quant à Amadou Chab Touré, il souligne dans son interview du costumier malien Kandioura Coulibaly toute l'importance du costume "qui habille l'histoire" et contribue
au succès du cinéma africain.
On remarquera qu'un grand nombre d'interviews ont été inclues
dans ce numéro. Certaines d'entre-elles abordent de manière
détaillée la place de l'interdisciplinarité dans les arts,
d'autres ne font qu'effleurer la question, cependant toutes les personnes qui
s'expriment dans ces pages semblent souscrire à l'idée que l'art
est inséparable de la société qui l'entoure et que les
multiples formes artistiques qui s'y expriment dans une diversité
foisonnante sont tributaires les unes des autres. Pour la chanteuse malienne
Oumou Sangaré, par exemple, la musique est étroitement
liée à la tradition du Wassoulou dont elle s'inspire, mais
l'influence de musiciens d'ailleurs a elle aussi une influence
considérable. L'agencement du dernier roman de la femme de
théâtre et écrivaine malienne Aïcha Fofana souligne
l'influence d'un genre sur l'autre et rappelle les procédés
cinématographiques. Quant au poète et écrivain congolais
Alain Mabamkou, lauréat du Grand Prix littéraire de l'Afrique
noire 1999, il souligne entre autre l'influence de la nature et de
l'environnement sur son oeuvre. Une influence que souligne également
Cheik Aliou Ndao dans une autre interview proposée elle aussi par
Pierrette Herzberger-Fofana.
Cette préoccupation avec la nature ne va d'ailleurs pas sans rappeler
l'idée à controverse d'un dialogue de l'homme avec la nature qui
était à l'origine du dernier numéro de Mots
Pluriels. Bon nombre d'articles publiés dans des numéros
précédants du journal pourraient d'ailleurs être
mentionnés en relation avec le thème car l'idée de
dialogue va au coeur de tout ce qui touche à la culture et à
l'activité humaine. Comme de coutume, nous avons inclus quelques textes
littéraires à ce numéro: une nouvelle de Boubacar Belco Diallo intitulée "Le pilier sous l'eau", une d'Aïcha Fofana
intitulée "Coupable ou non coupable? Légitime démence" et
un extrait de "Tarentelle tropicale", une pièce de théâtre
de Marie-Léontine Tsibinda.
Bonne lecture.
[Haut de la page] / [Table des matières
de ce numéro de MOTS PLURIELS]
This issue of Mots Pluriels has at its origin some seemingly trivial questions: "To what extent is dialogue possible between competing art forms and academic disciplines given that more then ever, every one of them is jealously protected by vested interest? What lies beyond some of the buzzwords of the 90s such as "interface" and "interdisciplinarity"? The answer, of course, depends on the kind of people volunteering an answer. Arts' "primary producer" will not necessarily share the view of critics and scholars on the issue. Some would argue that Arts knows of no borders and cannot be conceived within the confines of fixed rules and pre-established grids. Others would say that generally speaking, artistic disciplines dictate their own characteristics : their target audience and their limits; their technics and the materials they use. Furthermore, academic research has developed sophisticated tools of investigation geared to better understand and explain the idiosyncrasies of each discipline of the Arts in the context of their production and "consumption". Yet, the fine-tuning demanded by increasingly complex and narrow fields of investigation have made dialogue between "initiated" and lay-people increasingly difficult. An issue compounded by the individualism currently fostered in many Universities are performance indicators detrimental to meaningful collaboration and a fierce competition for survival in the Humanities.
If nothing else, this issue of the Journal shows that in spite of the difficulties, Arts' people are still battling against the odds. "To me" says the Kosovar painter and architect Gezim Pacarizi, "what seems common to the various artistic ways of expression, is the idea of generosity and poetry. Poetry being the mastery of the well done and of beauty, two things necessary to humanity not only in art but also in everyday life". Arts remains an essential part to human development and individual positioning in life. "It is the key to people's quest of their own origins", Ivorian painter and architect Tiébéna Dagnogo says in the course of his talk with Tanella Boni: "It provides a bridge".
The material that follows falls into two broad categories: interviews of a variety of artists and scholarly analyses of arts-related topics proposed by colleagues engaged in different fields of study. What is most striking from the ensemble of this material is probably the complexity and diversity of what constitute Arts at different times and different places. According to the Malian review TAPAMA (of which we reproduce a number of articles in this issue): "Art is culture, and culture is the ensemble of values produced by society to identify itself". The width of such parameters make it possible for almost everything to become "art". For Salem ould Elhadj dealing with "Les arts à Tombouctou", it includes painting and food, dance and architecture, embroidery and literature. For René Gnaléga who analyses closely the relationship of Senghor's poetry with sculpture "sculpture includes in itself some arts like painting and even dance", etc..
Werewere Liking's latest plays draw on a similar conception of Arts. As Natasha Raschi says in her analysis, theatre at the Villa Ki Yi is performed as a living genre that brings together many creators from a variety of African countries and disciplines, each one contributing to a common spectacle with their own skills, sensitivity and commitment. Arts has been an integral part of life since time immemorial and the idea of human intercourse, dialogue and performances is at its core.
The idea of Arts firmly rooted in daily social activities and interaction is also at the centre of Barbara Thompson's article "Shambaa Ughanga" that deals with Tanzanian traditional healers. She says that to the waghanga,, "dressing" and "decorating" the spirit means more that just embellishing something with aesthetic value using colours, symbols and images". It refers also to "the process through which spiritual healing powers can be evoked". In the same way song or crafted objects may be charged with therapeutic powers.
In similar vein, Daffé Seydou Madany's article "Toumani Diabaté et sa cora" tells the same tale and suggests that there is more than plain music to Diabaté's performance . According to him, the cora and its music is "l'histoire de l'être humain arrivé à maturité" [the story of man having reached maturity]: the key to understanding the world.
In the context of this issue of Mots Pluriels, dialogue between the Arts is not just an acknowledgment of artistic interface with culture at the level of the "primary producers". It is also a testimony to scholars' readiness to both share their interpretation with colleagues located at the periphery of their field of specialisation and take a genuine interest in others' perceptions of reality.
Dominique Assalé Aka-Bwassi's reading of Tanella Boni's early poetry is a case in point. Straying from Husserlian phenomenology , upon which he is a fine commentator, his article "Témoin du merveilleux" offers a very moving literary analysis of his fellow philosopher cum poet : Who is interested in what? is by no mean a trivial issue.
Furthermore, the importance of "casting" Arts in one discipline rather than another is at the centre of Diala Touré's article "Taxonomy of African arts in France 1900-1999". According to the author, narrow links between African arts, ethnography and anthropology have prevented a proper evaluation of African Arts in France to this day. What came out of Africa is still being considered by many curators as artefact rather than art.
In a sense, Camerounian philosopher Marcien Towa raises a similar issue in his interview with David Ndachi Tagne when he challenges the legacy of the "grand intellectuel" and "poète d'envergure" Léopold Sédar Senghor in arguing that the latter's vision of Negritude was tainted by his close association with France.
Such a problematic is by no means restricted to France's unequal relationship with its former colonies. In "Who is in and who is out?: The process of re-writing South African art history in the 1990s", Sabine Marschall argues that no less than the earth-shattering downfall of apartheid was needed to see "a transformation from an elitist, Eurocentric, exclusive art historical discourse to a radically re-defined one". However, she says, financial constraints placed on public art galleries, a spate of closures of fine art departments at institutions of tertiary education throughout the country and the absence of governmental support for the arts, are threatening to hamper both art production and art historical research in the new South Africa.
Elizabeth Rankin and Philippa Hobbs's article, "Imprinting Primitivism : Perceptions and preconceptions of printmaking at Rorke's Drift", deals with the role played by the Art and Craft Centre of the Evangelical Lutheran Mission at Rorke's Drift, KwaZulu/Natal (active circa 1968-1982), in the development of Black artists in South Africa. But the authors contend the Centre's contribution to art production has been simplified and stereotyped and they examine factors that contributed to the shaping of these stereotypes both in conception (inherent in the Centre's non-art origins in an occupational training centre within a mission context) and reception (marketing and the expectations of clients).
Two articles deal more specifically with the mechanics of collaborative artistic creation. In "La création à relais", Hélène Guy deals with the collaborative process taking place between writer, illustrator and graphic designer while producing a children's book and illustrates her point with an example from Quebec literature. Sarah Turnbull reports on a similar issue in her short piece on Jeff Fisher's jacket illustrations. And Amadou Chab Touré's interview with Kandioura Coulibaly, Malian costume-maker, shows the importance of costume in cinema.
An unusual number of interviews has been included in this issue and while some of them do not focus on artistic interface, they all deal with the issue one way or the other. Arts cannot live independently of its context and it is in its plurality that it becomes meaningful. For Malian singer Oumou Sangaré, music is tightly linked to both a powerful African tradition and outside influences. The interview of Malian playwright and novelist Aïcha Fofana begins by stressing the nexus between her first novel Mariage on copie and cinema. Congolese Alain Mabanckou, Grand Prix littéraire de l�Afrique noire 1999, tells Pierrette Herzberger-Fofana : "One way or another, nature influences poets differently in the Sahel region and in Central Africa. The sea, the rivers and a luxuriant flora provoke a different kind of inspiration, a different type of relationship with nature". This is a point of view echoed by the Senegalese writer Cheik Aliou Ndao in his talk with the same interviewer : "When one reads authors from Mali, Senegal or the North of the Ivory Coast, one can find a kind of literary unity. One can see two spheres of civilistion: the savannah and the forest".
This preoccupation with nature's influence provides a nice link with the previous issue of Mots Pluriels and indeed all the issues published so far. There is no doubt that many articles published in the past would provide further evidence of the interface between nature, culture and the many facets of human activity.
As before, creative writing has been added to this issue. This time, two short stories from Malian authors: "Le pilier sous l'eau" by Boubacar Belco Diallo and "Coupable ou non coupable? Légitime démence" by Aïcha Fofana. An abstract of the play "Tarentelle tropicale" by Congolese author Marie-Léontine Tsibinda has been included as well.
Happy reading.