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Entre moi et moi-même, il y a la Terre.*
Pour être attentif aux problèmes éthiques
liés à l'écologie,
il ne suffit
pas, peu s'en faut, d'être amoureux de la verdure, d'avoir des yeux pour
admirer les beautés d'un paysage et des oreilles pour entendre le bruissement du vent.
Ce serait se limiter à une construction esthétique de la nature,
alors que cette dernière, sous divers labels (environnement, milieu,
écosystème ...) est aussi une construction politique, scientifique
et discursive. Comme le suggère Ursula K. Heise, professeur
d'anglais et de littérature comparée à Columbia
University,
la recherche d'"eco-bridges" (passerelles écologiques)
entre sciences et littérature est dès lors impérative. Il
est vain, dit-elle, d'adopter une attitude hostile vis-à-vis de la science en
rejetant sur elle et elle seule, la responsabilité de la
dégradation de notre écosystème. Ce serait renier tous les
acquis de la description scientifique, même si celle-ci n'est ni neutre,
ni dégagée d'enjeux idéologiques. Au demeurant, il serait
tout aussi erroné de rejeter l'apport des arts, de la littérature
et de l'imagination en en minimisant le pouvoir et l'impact.
L'écocritique, ou la "critique verte" se doit d'être un lieu de
rencontre entre le savoir scientifique et les autres types de discours. Elle se
doit d'aller au-delà des dichotomies et conduire à une forme
d'"éco-éthique" permettrant de recentrer les débats.
Homme d'action et romancier, le Ministre de la culture du
Sénégal, Abdoulaye Elimane Kane, interviewé ici par
Pierrette Herzberger-Fofana, fournit un bon exemple de cette nécessaire
ouverture.
La quête d'une "éco-éthique" est toutefois jalonnée
d'écueils. Augustin Berque,
éminent géographe et orientaliste, nous met tout d'abord en garde
contre "l'écologisme", lequel, en toute contradiction, "d'un
côté subordonne l'humain à l'écologique et de
l'autre lui confère un statut à part", celui d'être
supérieur parce que moral. Berque propose d'inventer une "ontologie des
milieux humains, c'est-à-dire du rapport des sociétés
humaines avec leur environnement naturel, qui nous permette enfin de comprendre
pourquoi nous aimons et pensons devoir respecter la nature," elle qui
"connaît en effet des ordres de grandeur, mais pas des ordres de valeur."
En s'appuyant sur la pensée occidentale (surtout
représentée par Heidegger) et orientale
(représentée par Watsuji Tetsurô), "Ontologie des milieux
humains" résume une pensée développée avec nuance
dans Etre humains sur la terre (voir le compte-rendu par
Hélène Jaccomard).
Pour Calvino, comme pour Augustin Berque, la nature est "fondamentalement
indifférente à nos besoins". Cependant
Kerstin Pilz constate que,
dans ses oeuvres, Cosmicomics et Mr Palomar, Calvino ne peut, ni
plus ni moins que nous tous, échapper à un anthropomorphisme
inéluctable. Ce qui est en jeu, ce n'est rien de moins que la place de
l'homme dans l'univers: "On pourrait donc dire [écrit Calvino] que
l'homme est un instrument que le monde utilise pour renouveler constamment sa
propre image. Les formes créées par l'homme, étant
toujours imparfaites d'une manière ou d'une autre et susceptibles de
changer, ces formes garantissent que l'apparence du monde tel que nous la
voyons, n'est pas définitive, ce n'est qu'une phase qui oeuvre vers une
forme future." ("We could say, then, that man is an instrument the world
employs to renew its own image constantly. The forms created by man, being
always somehow imperfect and bound to change, guarantee that the world's
appearance as we see it is not definitive, but a phase, working toward a future
form.")
Ian Saunders, professeur d'anglais à l'Université d'Australie Occidentale, aborde la question sous un autre angle. Partant de l'image du dôme protecteur que l'on trouve dans un certain nombre de romans, il analyse d'une façon critique et innovative les phénomènes d'exclusion associés à la "logique du dôme" qui se retrouve dans tous les domaines du monde actuel. En rejetant systématiquement à la périphérie tout ce qui est trop complexe, différent ou menaçant, suggère-t-il, l'individu et la société créent des petits univers bien propres et réconfortants mais totalement coupés du reste du monde - et de la nature, éliminant du même coup et de manière très hasardeuse ce qui dépasse leur entendement.
Heidi Hudson, professeur de sciences politiques en Afrique du sud, remet elle
aussi en question les séparations artificielles des données
liées à l'environnement. Selon elle, le discours sur la
sécurité est inextricablement lié à la protection
de l'environnement La dégradation de l'environnement, dit-elle, présente
en soi une menace sérieuse envers la sécurité de l'homme
et la vie sur terre, en tant que cause et effet tout à la fois de
conflit violent ("environmental degradation is in itself a severe threat to
human security and all life on earth and can be both cause and effect of
violent conflict"). Pour Hudson, qui s'inspire des réflexions de
l'écoféminisme, quand le sexe entre dans nos instruments
d'analyse, on devient sensible à la multiplicité et la
complexité de contextes variés ("when gender is used as a tool
of analysis, it remains sensitive to the multiplicity and complexity of the
various contexts"), prendre en considération ces trois données
indissociables (la sécurité, l'environnement et les femmes)
permet d'imaginer des solutions créatives à la dégradation
de l'environnement, alliant politiques venues d'en haut et réponses
locales venues d'en bas.
Cette idée de l'urgence d'un dialogue entre les sphères
dirigeantes et les collectivités locales revient d'ailleurs dans ce
numéro, notamment dans l'entretien avec Jean Nke Ndih,
accordé
à David Ndachi Tagne.
L'écologiste camerounais explique que son
pays fait face à de graves problèmes: déforestation,
pollution urbaine, ainsi qu'à un projet de pipeline qui traversera tout
le pays. "En dernier ressort, c'est la nature qui a raison, qui sort
victorieuse", affirme ce militant. Il avance aussi l'exemple très
parlant d'un plat camerounais, composé non plus à l'aide d'huile
de palme, mais d'une huile ordinaire, du fait de l'abattage de palmiers. Ce
plat est désormais indigeste. Cela illustre la thèse que c'est au
niveau des micro-décisions que tout se joue.
Dans son étude des mutations socio-économiques et conditions de
vie des ménages camerounais, Camille Ekomo Engolo, professeur de
sociologie à l'Université de Douala, s'accorde avec Jean Nke
Ndih: il faut étudier attentivement le terrain avant de tirer des
conclusions sur une société. Dans des conditions
déterminées par les effets de la récession
économique, les société rurales connaissent une mutation
profonde et significative, modifiant le corps social, les réseaux
d'échange. L'ancienne forme sociale de "grégarité" fait
place à l'individualisme social. Il devient crucial de rester attentif
aux limites des modèles proposés par les sciences sociales
originaires des sociétés industrialisées car celles-ci ont
tendance à être déconnectées des
réalités d'autres types de sociétés.
En remettant en lumière un texte sur l'éducation des enfants
écrit et publié par deux femmes à la Renaissance (1595),
Sue Broomhall souligne elle aussi une forme d'exclusion du Savoir: celle des
femmes. L'intérêt du traité des Dames Du Verger
réside dans le fait que les auteurs s'inspirent de la nature pour
asseoir leur autorité malgré les préjugés de
l'époque sur le lien pourtant dévalorisé des femmes avec
la nature. Au contraire ici, le nom même des auteurs, du Verger, devient
significatif de leur sagesse, puisque le verger c'est la nature
contrôlée, le "corps sauvage maîtrisé". Broomhall
suggère que là se trouvent peut-être les prémisses
de l'écoféminisme d'aujourd'hui.
Abordant un type particulier d'exclusion, celle des terminologies,
O.R.
Dathorne, professeur d'anglais à l'Université de Kentucky, montre
que nous sommes encore sous l'influence eurocentrique du siècle des
Lumières et de ses façons "scientifiques" d'arranger le monde et
de le nommer, au moyen de ce qu'il considère n'être
guère plus que des "half-signs" (des demi-signes). Les travaux de Carl
von Linné et de Buffon fourmillent d'exemples de préjugés
sur les sexes, les classes et les races dont l'influence se fait sentir aujourd;hui encore.
Par contraste, d'autres voyageurs "scientifiques" nous ont légué
des écrits plus respectueux de la diversité culturelle et
environnementale. Ninette Boothroyd, co-éditrice de journaux de voyage,
attire notre attention sur un écologiste avant la lettre qui, dans la
deuxième moitié du 19ème siècle, a arpenté
les coins reculés de la Chine pendant onze ans. Elle a extrait pour nous
un bref passage de ses journaux de voyage où - nous sommes en 1872! - le
Père Armand David écrit: "On se sent malheureux de la
rapidité avec laquelle progresse la destruction de ces forêts
primitives...".
Retour à l'époque contemporaine avec la nouvelle de
Boubacar
Belco Diallo, "Les jujubiers des génies", qui se passe dans un petit
village d'Afrique. Il s'agit d'une écotopie (utopie écologique) -
mesurée, certes - mais où l'animisme et le positivisme s'unissent
pour trouver une solution à un problème de pollution, une
solution durable, c'est-à-dire pour 100 ans!
Guy Ossito Midiohouan, professeur de littérature à l'Université du Bénin, fait un survol des rapports des créateurs
africains avec leur environnement. Il releve trois phases successives.
Dans la littérature orale, "l'homme est un hôte accepté,
mais pas un maître", attitude conservée dans les premiers textes
écrits. Après les Indépendances, le temps de la rupture
survient, où l'environnement n'est plus considéré comme
édénique. Par "modernisme", suggère Midiohouan, les
romanciers dénoncent la sacralité de la nature et les tabous qui
freinent le développement. La dernière phase, la phase actuelle,
est celle de la recherche d'un paradis perdu où les auteurs
dénoncent les méfaits du progrès. L'auteur étudie
en particulier une pièce de théâtre (Le Temple vert
de l'Ensemble artistique et culturel des Etudiants du Bénin) où
la défense de l'environnement sous forme de 10 commandements devient une
véritable religion.
C'est une vision plus focalisée que nous propose Françoise
Oguchukwu, enseignante à l'University of Central Lancashire (UK). Pour
elle l'univers traditionnel igbo du Nigéria (dont on trouve le reflet
dans la littérature de cette région) divise le monde en deux: le
village et la brousse. Trois romans publiés à différentes
périodes mentionnent peu la nature et quand ils le font, dit l'auteur,
c'est pour la peindre comme hostile par essence, "dotée d'une
personnalité hostile et impitoyable", rejetant l'homme dans les
nouvelles "forteresses" que sont les villes.
Dans un entretien accordé à Jean-Marie Volet, Véronique
Tadjo, poète et romancière ivoirienne, met en exergue le paradoxe
de la crainte et du respect de la nature en Afrique. Déjouant le
dualisme nature/culture, elle dénonce non pas la ville en tant que
telle, mais la ville "mal gérée, malmenée,
surexploitée" et conseille de s'inspirer de ce que l'animisme a de bon,
soit une quête d'équilibre avec l'environnement. D'après
elle, "en tant qu'être humain nous devons toujours lutter contre nos
mauvais instincts qui nous poussent à saccager notre environnement." Son
dernier roman, [Champs de bataille et d'amour], exhorte à
apprécier pleinement les "petits moments de joie
éphémère. Les petits moments de bonheur que l'on
additionne et que l'on collectionne."
Kwaku Asante-Darko, enseignant à l'Université de Lesotho,
ré-examine, quant à lui, la production des poètes de la
Négritude dont le message politique a masqué leurs
préoccupations écologiques, fournissant une abondante source pour
l'écocritique. D'après Asante-Darko, la centralité de la
terre chez ces poètes provient, non de l'"attachement primitif" qu'a
supposé l'anthropologie coloniale avec condescendance, mais d'une
véritable vision holistique. De fait, l'impact du colonialisme peut
s'interpréter comme une catastrophe écologique.
Parler de nature dans un journal "virtuel" a quelque chose de paradoxal. Mais
tout texte d'une manière générale, n'est-il pas
inévitablement coupé de sa matérialité, de son
origine géographique, quelque soit son mode de production? Ce
numéro de Mots Pluriels voudrait poser les jalons d'un débat et
être le lieu d'une ébauche de réponse aux nombreuses
questions soulevées. Une mise en perspective quelle qu'elle soit ne peut
être dissociée d'une multiplicité de points de vue et d'une
pluralité d'approches. L'écologie ne se satisfait ni du
singulier, ni de l'intolérance.
Jean-Marc Besse
[Haut de la page] / [Table des matières
de ce numéro de MOTS PLURIELS]
Between me and myself, there is the Earth.*
Jean-Marc Besse
In order to behave ethically towards nature it is not enough, far from it, to love greenery, to have eyes to see its beauties and ears to listen to rustling wind. Such would be a mere aesthetic vision of nature, whereas, in particular under its new guise of "environment" and "ecosystem", nature is also a political, scientific and discursive construct, as is suggested by Ursula K. Heise, Associate Professor of English and Comparative Literature at Columbia University. Hence a sense of urgency in a search for "eco-bridges" between science and literature. It would be unproductive to have a hostile attitude towards science, holding it solely responsible for the degradation of our ecosystem. It would mean a rejection of all scientific gains, even though, certainly, science is neither neutral nor devoid of ideology. Likewise it would be erroneous to reject the arts, literature and imagination or minimise their power and impact. Ecocriticism, or "green criticism", should instead be a meeting place between scientific knowledge and the other types of discourse. It should go beyond dichotomies and lead to some form of "eco-ethics" allowing a recentering of issues.
A man of action and novelist, the Minister for Culture in Senegal, Abdoulaye Elimane Kane, in his interview with Pierrette Herzberger-Fofana, stands as a model of such a hoped-for openmindedness. Yet, the quest for an eco-ethics is by no means an easy feat. Augustin Berque, an influential geographer and orientalist, warns us against "ecologism", or "ecological holism" whose contradictions mean that on the one hand, man is supposed to be subservient to ecology, and on the other, he is placed on a pedestal as a superior being because of his moral sense. Berque suggests we invent an "ontology of human milieus" which would define the relationships of human societies with their natural environments, an ontology that would allow us to understand why we like, and think we have to, respect nature. Nature knows only orders of magnitude, not orders of value. Based on western thought (represented by Heidegger) and eastern thought (represented by Watsuji Tetsurô) "Ontologie des milieux humains" summarises a system of thought elaborated with nuances in Etre humains sur la terre (To be human on Earth, reviewed by Hélène Jaccomard).
For Calvino, as for Augustin Berque, nature is "fundamentally indifferent to our needs". However Kerstin Pilz Lecturer in Italian at the University of Western Australia, notes that in his works, Cosmicomics et Mr Palomar, Calvino is no less able than any of us to avoid an inescapable anthropomorphism. What is at stake is nothing less than the place of man in the universe. "We could say, then, [writes Calvino] that man is an instrument the world employs to renew its own image constantly. The forms created by man, being always somehow imperfect and bound to change, guarantee that the world's appearance as we see it is not definitive, but a phase, working toward a future form."
Ian Saunders, Senior Lecturer in English at the University of Western Australia, approaches this issue differently. Starting from the image of a protecting dome found in a few novels, Saunders critically and innovatively analyses phenomena of exclusion associated with what he terms the "dome-logic". By systematically rejecting to the periphery what is too complex, different or threatening, Saunders suggests, individuals and societies create small universes, clean and comforting. In the process, they cut themselves off from the rest of the world, and from nature, by the same token haphazardly eliminating what is beyond their understanding.
Heidi Hudson, Senior Lecturer in Political Sciences in South Africa, is also questioning artificial barriers between domains linked to the environment. According to her the discourse on security is inextricably linked to environmental protection: "environmental degradation is in itself a severe threat to human security and all life on earth and can be both the cause and effect of violent conflict". For Hudson, who is following an ecofeminist path ("when gender is used as a tool of analysis, it remains sensitive to the multiplicity and complexity of the various contexts"), taking into consideration three indissociable data (security issues, the environment and women) leads to imaginative solutions regarding environmental degradation, combining top-down policies with local bottom-up responses.
Such an exigency of a dialogue between leaders and local communities recurs in this issue of Mots Pluriels, in particular in the interview with Jean Nke Ndih (granted to David Ndachi Tagne). This Green activist from Cameroun explains the serious problems his country is facing: deforestation, urban pollution, as well as a project for a pipeline which would go across the whole country. "In the last resort nature is right, nature is always the winner". He also provides a very telling example. There is a typical Camerounese dish which is no longer made with palm oil, but with ordinary oil because of palm trees having been felled indiscriminately. But the dish is now indigestible. This illustrates why micro-decisions are the level at which the environment should be studied and discussed.
In his study on socio-economic changes and lifestyles in households in Cameroun, Camille Ekomo Engolo, Lecturer of Sociology at the University of Douala, is in agreement with Jean Nke Ndih: fieldwork must be conducted before drawing conclusions on a given society. In conditions affected by the economic crisis, rural societies are experiencing a deep and significant mutation, with the social body and exchange structures being totally modified. Ancient forms of socialising are being superseded by a new individualism. However Ejoimo Engolo is also circumspect with the data-collecting tools from social sciences devised in industrialised societies which tend to be too disconnected from other types of society.
By bringing to light a text on children's education written and published by two women in the Renaissance (1595), Sue Broomhall also brings to the fore a form of exclusion from knowledge: women's exclusion. The main point of the treatise by the Du Vergers is in the fact that the authors base their authority on nature, despite prejudices at the time concerning the link (seen in an unfavourable light) between women and nature. By contrast the name of the authors, du Verger [of the orchard] becomes itself a signifier of their wisdom, since an orchard stands for controlled nature, for "the mastery of the wild body". Broomhall suggest that the du Vergers might be the forerunners of today's ecofeminists.
Approaching a specific type of exclusion, one rooted in Eurocentric terminologies, O.R. Dathorne, professor of English at the University of Kentucky, shows convincingly how we are still under the Eurocentric influence of the Enlightenment and its "scientific" ways of organising and naming the world, which he judges to be no more than "half-signs". Carl von Linné's and de Buffon's works abound in examples of preconceptions about gender, class and race. They are anything but an innocent game of naming plants and human species and still adversely influence scientific entreprise today.
By contrast other "scientific" travellers have left writings showing more regard for environmental and cultural diversity. Ninette Boothroyd, co-publisher of travel logs, draws our attention to a green activist before our time who in the second half of the 19th century explored remote areas of China for eleven years. Boothroyd selected a brief extract from his travel diaries where - we are in 1872! - Father Armand David writes: "One is saddened by the pace at which these primitive forests are being destroyed"..."
But let us return to our contemporaries with Boubacar Belco Diallo's short story, "Les jujubiers des génies" [The Genies of the jujube trees] which takes place in a small African village. The short story is a kind of "ecotopy" (ecological utopia), where animism and positivism combine to find a solution to a very real problem of pollution, a sustainable solution, that will last one hundred years!
Guy Ossito Midiohouan, professor at the University of Benin, surveys the relationships of African creative writers with their environment. He defines three successive phases. Firstly in oral literature, "man is an accepted host, but not a master" of nature, an attitude which appears also in the first written texts. After the Indépendances, however, a phase of "rupture" occurs where the environment is not viewed as Edenlike anymore. Due to an appeal to modernism, Midiohouan suggests, novelists debunk nature's sacredness and taboos that slow down development. The last and present phase is one of a quest for a lost paradise. Writers now criticise the evils of progress. Midiohouan also closely studies a play (Le Temple vert, [the Green Temple] by the Artistic and Cultural Ensemble of Students of Benin) where the fight for the environment takes the form of the ten commandments of a new religion.
Françoise Oguchukwu, Lecturer in French at the University of Central Lancashire (UK), focuses on a specific type of literature. According to Oguchukwu, Nigeria's traditional Igbo universe (as reflected by the literature of that area) divides the world into two: the village and the bush. Three novels published at different times make little mention of nature, but when they do, they depict an antipathetic nature "endowed with a hostile and pitiless personality" pushing man to take refuge in the "fortresses" that cities have become.
In an interview granted to Jean-Marie Volet, Véronique Tadjo, poet and novelist from the Ivory Coast, brings to the fore the paradoxical fear mixed with respect felt by Africans towards nature. Disregarding the nature/culture dualism, she denounces cities, but only in as much as they are "badly run, abused, overexploited". She is in favour of appropriating what is good in animism, that is its quest for balance with the environment. According to Tadjo, "as human beings we must always fight our bad instincts which lead us to destroy our environment". Her last novel, Fields of battle and love [Champ de bataille et d'amour] pleads for a full appreciation of "small moments of passing joy. Small moments of happiness which we add and collect".
Kwaku Asante-Darko, lecturer in French at the University of Lesotho, re-examines the production of the Négritude poets whose political message obscured the presence of ecological issues, whereas they represent a font of material for ecocriticism. According to Asante-Darko, the earth is central in their poetry, not because of a "primitive attachment" to nature, as colonial anthropology, condescendingly,would have it, but because of a true holistic vision. Moreover the impact of colonialism could itself be interpreted as an ecological catastrophe. To talk of nature in a "virtual" periodical might seem paradoxical. Yet, are not all texts cut off from their material points of origin, their geographical place of birth, whatever their modes of production? This issue of Mots Pluriels attempts to spell out the elements of a debate and be a place where responses to the numerous issues raised might be sketched. A multiplicity of points of view and a plurality of approaches are truly indispensable. Ecology cannot be satisfied with a singular approach and intolerance.