[Version française] [English version]
***
Une des originalités de Mots pluriels, revue essentiellement littéraire, consiste à s'ouvrir de temps en temps à des
questions et phénomènes d'actualité. Aussi ne sera-t-on
pas surpris qu'après les numéros consacrés, au courant de
l'année 1997, au Racisme, au Sida, à la Guerre et à la Violence, elle
s'ouvre au Football africain dont on sait qu'il est aujourd'hui l'une des
fenêtres privilégiées par lesquelles le monde entier
regarde le continent noir.
Or précisément, l'année 1998 est, pour ce football,
une année faste du fait du double événement que
représentent la Coupe d'Afrique des Nations (Burkina 98), et la Coupe du
Monde (France 98). Mais ce qui fait la singularité de ces deux
événements, et qui justifie l'intérêt de Mots
Pluriels, c'est moins leur couplage - cela arrive tous les quatre ans - que
leur envergure particulière. Pour la première fois en effet, la
Coupe d'Afrique des Nations (CAN) a rassemblé seize pays. Qui plus est,
Burkina 98 restera dans les mémoires et les annales comme une
compétition des plus animée, des plus disputée et des
plus significative des progrès réalisés par le football
et les footballeurs africains.
De même, France 98 constituera une grande première avec les
cinq nations africaines qui y prendront part et qui seront autant de
projecteurs braqués sur le Continent. Du reste la distribution à
la fois géographique et historico-culturelle des pays qualifiés
les rend particulièrement représentatifs de l'Afrique: Maroc et
Tunisie au nord; Cameroun et Nigeria au centre, la République
Sud-Africaine au sud. Une distribution où l'on retrouve aussi bien
l'Afrique arabophone que l'Afrique anglophone et francophone,
c'est-à-dire l'Afrique dans sa grande diversité culturelle et
historique. Et l'on peut en espérer une coupe du monde
particulièrement animée du côté africain, une coupe
du monde haute en couleur tant sur les stades que dans les gradins, voire dans
les rues des villes où se produiront les équipes
africaines.
A ce propos, ce qui paraît avoir retenu l'attention de ceux qui ont
contribué au présent numéro de Mots Pluriels, c'est
moins le football africain en tant que sport que son au-delà,
c'est-à-dire les fonctions nouvelles qui lui sont de plus en plus
reconnues. Ainsi, les articles ici rassemblés en parlent davantage comme
d'un facteur de développement et d'affirmation entre les peuples, comme
lieu d'une quête identitaire et moyen de résistance aux
survivances coloniales. L'image projetée de l'Afrique est aussi celle
d'une société en proie à l'immoralité, à la
violence et dont le football devient le lieu d'expression. Enfin, le football
africain est appréhendé comme support de l'imaginaire, notamment
sous l'angle de son implication dans le champ politique.
Le texte d'Asante-Darko, African sports as a committed Art: Burkina 98 and beyond, introduit de plain-pied le lecteur dans la
complexité du monde du football africain. Il s'inscrit d'emblée
dans l'au-delà du sport tel que défini plus haut. Evoquant en
effet les origines de la Coupe d'Afrique des Nations en 1957, Asante-Darko la
pose comme symbole de la coopération et de l'unité africaines,
comme instrument de cohésion nationale et de renommée
internationale. A cet effet, un rapprochement est opéré avec les
Jeux Olympiques antiques qui n'ont à aucun moment été du sport
pour le plaisir du sport et qui, pour tout dire, jouaient un rôle
comparable à celui de la "littérature engagée". Et faisant
un bond dans le temps, Asante-Darko inscrit Burkina 98 dans la logique d'une
compétition dont la finalité, pour le pays organisateur,
était loin d'être uniquement sportive.
En effet, l'auteur met particulièrement l'accent sur ce qui, pour
tout observateur averti, relevait de l'évidence - évidence qui a
du reste failli être démentie par les faits - à savoir que
le Burkina Faso a sollicité l'organisation de la CAN 98 avec la
certitude qu'il n'allait pas remporter la compétition. Donc l'objectif
était autre que sportif, et consistait non seulement à faire
montre de ses capacités organisationnelles, en dépit de ses
moyens limités, mais aussi à imprimer sa touche
particulière à la coopération et au développement
africains. Evoquant les différentes compétitions africaines,
Coupe des Clubs Champions, Coupe des Coupes, Coupe de la CAF, il
révèle combien elles participent au développement,
à la coopération et à la saine émulation
interafricaines.
Partant des performances peu glorieuses de l'équipe nationale du
Cameroun à la World Cup 94 aux Etats-Unis, Bea Vidacs montre, dans
Football and anti-colonial sentiment in Cameroon, comment elles ont
donné lieu à un discours nationaliste et surtout
anti-français particulièrement virulent. En effet l'analyse
qu'elle fait de l'intervention du public dans l'émission-radio de
circonstance, "Bonjour l'Amérique", révèle que la
débâcle fut en grande partie attribuée à
l'entraîneur Henri Michel, moins pour son incompétence technique
que pour sa nationalité française. Ainsi la compétition
mondiale semble avoir donné l'occasion au public camerounais de s'en
prendre à la France, en tant qu'ancienne métropole,
accusée d'être la cause des malheurs politiques et
économiques du Cameroun depuis la pseudo-indépendance de 1960.
L'entraîneur expatrié devient ainsi, dans ce cas précis, le
symbole d'une connection néocoloniale toujours active. Et Bea Vidacs de
conclure: "In short, it is clear to everyone that independence has not
delivered to Africa the promise it held for prosperity or social and economic
justice."
Claude Boli, en s'intéressant aux professionnels africains en
Angleterre, va dans le même sens que Bea Vidacs. En effet, bien que son
titre, Les footballeurs africains en Angleterre: l'autre regard sur
l'insularité du football anglais, ne le laisse pas clairement
paraître, il n'en reste pas moins que ce qu'il met en évidence,
c'est le contraste entre l'importance de l'empire colonial anglais en Afrique
et l'insignifiance du nombre d'Africains évoluant dans le championnat
anglais. Il y voit la continuation d'une politique coloniale dont le principe
fondamental a toujours été de maintenir les indigènes loin
des cercles des colons et maîtres. Et la non-ouverture du football
anglais aux joueurs africains en est une éloquente illustration. Boli
s'appuie sur des statistiques particulièrement parlantes des joueurs
étrangers évoluant dans le championnat anglais et il en ressort
une bien piètre représentation de l'Afrique. Du même coup,
il relève le contraste frappant entre l'Angleterre qui, en
matière de football, a rompu le cordon ombilical avec ses anciennes
colonies, et des pays comme la France et le Portugal qui accueillent les
footballeurs africains et les intègrent en masse dans leur championnat,
si ce n'est dans leur équipe nationale.
Avec Football et imaginaire au Cameroun: des héros de l'ailleurs,
Théophile Bissohong ramène le lecteur au football comme support ou thème littéraire. L'étude est en effet consacrée
à Guillaume Ismaël Dzewatama, personnage de Mongo Béti
dans La Revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama... Si le football
y est un espace de socialisation, si sa pratique par les enfants des quartiers
populaires sur des terrains vagues en fait un moyen d'affirmation et de
défense dans un environnement social en proie à la violence et aux coups
bas, il est aussi et surtout une arme politique aux mains des classes
défavorisées, un lieu de dissidence. Ainsi, grâce à
ses qualités de footballeur hors pair dans un environnement où
l'on est prompt à récupérer à des fins
"politiciennes" les victoires sportives, lors même que l'on ne fait rien
pour les rendre possibles, Guillaume Ismaël Dzewatama devient pour la
foule des opprimés du quartier populaire de Niagara, un moyen de
chantage. Ne fait-il pas de la libération des prisonniers politiques la
condition de sa participation à un match que le dictacteur à la
tête de la République tient absolument à gagner? Qu'importe
si le miracle ne se produit point et si tout se termine dans la
confusion.
Le texte de Louis-Marie Ongoum, Etre arbitre de football au Cameroun:
une expérience douloureuse, permet de combler un vide que l'on
aurait nécessairement ressenti en lisant ce dossier. L'arbitrage ne
constitue-t-il pas une des principales plaies du football africain? En effet,
bien qu'il s'agisse du récit d'une expérience/aventure
personnelle, ce texte n'en introduit pas moins le lecteur dans les arcanes de
l'arbitrage camerounais et partant africain où la connaissance
approximative des lois du jeu, la misère matérielle et morale des
arbitres souvent sans revenus, l'impréparation physique, les pesanteurs
ethniques, la corruption rampante et toutes sortes de trafics d'influences, ont
longtemps entravé, et de manière sérieuse, la saine
pratique de ce sport dit "roi" sur le continent africain. A travers son
récit au ton souvent pathétique, Louis-Marie Ongoum
éclaire le lecteur sur le processus de dégradation de l'abitrage
au pays des Lions Indomptables et dont la conséquence est la disparition
des arbitres camerounais dans les rencontres internationales.
Enfin, la bibliographie sélective et commentée que propose
Cheryl Lange offre aux lecteurs intéressés la possibilité
d'élargir leurs horizons et de découvrir le rôle du
football tel que l'ont perçu différents observateurs et analystes
de par le monde. En effet, il s'agit d'une bibliographie ratissant large,
où les ouvrages cités portent aussi bien sur l'Afrique que sur
l'Europe, l'Amérique Latine et même l'Asie.
Tels apparaissent les essais présentés dans ce dossier et
qui donnent au football africain une dimension nouvelle, transcendant la seule
dimension sportive. Et ce football mérite d'autant plus d'attention
qu'il est aujourd'hui l'un des rares phénomènes permettant de
projeter de l'Afrique, à travers le monde, des images positives,
lesquelles nous changent des sempirternels et sombres spectacles de guerres
civiles et autres catastrophes naturelles. Grâce au football en effet, on
peut regarder l'Afrique en jubilant, en dansant, c'est-à-dire sans avoir
honte d'en être. C'est ce qui s'est produit au Burkina Faso en
février dernier, et c'est probablement ce qui se produira en France
à partir du 10 juin 1998. Et parce que le football est à la fois
sport et jeu, parce qu'il est un facteur de brassage et d'unité au plan
national et interafricain, parce qu'il peut favoriser une prise de conscience
idéologique et nationaliste face aux anciennes puissances colonisatrices
toujours à l'affût, parce qu'il se révèle aussi un
puissant facteur de développement économique et social, bref
parce qu'il est aujourd'hui un phénomène total, il faudrait en
réévaluer l'importance dans le processus de construction
nationale en Afrique. Pour y arriver, il convient de cesser, non seulement de
faire de son apprentissage et de sa pratique une affaire de délinquents,
mais aussi de confier son organisation et sa gestion à des hommes autres
que des politiciens et administrateurs en panne d'imagination et de
créativité. A mon sens, l'initiative de l'équipe de
rédaction de Mots Pluriels de consacrer, en cette année de
la dernière coupe du monde du 2e millénaire, un numéro de
la revue au football africain, est bien à inscrire dans la conscience
nouvelle de l'importance qu'il pourrait désormais revêtir dans le
devenir de l'Afrique.
André Ntonfo, Responsable du numéro.
Professeur André Ntonfo enseigne au Département des Littératures Africaines de
l'Université de Yaoundé I, Cameroun. Spécialiste des littératures et civilisations des Caraïbes Francophones (Haïti et Antilles Françaises), il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont L'Homme et l'identité dans le roman des Antilles et Guyane Fançaises et Le Roman Indigéniste Haïtien:
Esthétique et Idéologie. Il a publié de nombreux articles dans son domaine de spécialisation. (voir par exemple sa contribution Ouvrir les 'frontières' pour combattre le racisme. En 1996-97, il a séjourné aux Etats-Unis au titre de Fulbright-Scholar.
André Ntonfo s'intéresse également à l'anthropologie et à la sociologie du sport, un domaine dans lequel il a publié Football et Politique du Football au Cameroun.
[Haut de la page] /
[Table des matières de ce numéro de MOTS PLURIELS]
***
One of the unique features of Mots Pluriels which is essentially a literary journal, is that from time to time it opens itself up to questions and phenomena of current interest. Readers will therefore not be surprised that after several issues in 1997 devoted to Racism, AIDS, War and Violence, it is now addressing the question of African Soccer which is today recognised as one of the privileged windows through which the whole world looks at the black continent.
More specifically, 1998 is a great year for soccer thanks to the concurrence of the Coupe d'Afrique des Nations [African Nations' Cup] (Burkina 98) and the World Cup (France 98). However, what makes these two events so special, and what justifies the interest of Mots Pluriels, is not so much the fact that they are occurring together - which happens every four years - but rather their exceptional scale. In fact, for the first time, sixteen countries will be competing in the Coupe d'Afrique des Nations (CAN). What is more, Burkina 98 will be remembered and will go down in history as one of the most lively, one of the most debated and one of the most significant competitions in the development of African soccer and soccer players.
Similarly, France 98 will be an important first with the five African nations that are to take part functioning as floodlights focused on the Continent. The geographical, historical and cultural spread of the qualifying countries makes them particularly representative of Africa: Morocco and Tunisia in the north, Cameroon and Nigeria in the centre, and the Republic of South Africa in the south. This spread covers not only Arabic-speaking Africa but also anglophone and francophone Africa, i.e. Africa in all its cultural and historical diversity. It is to be hoped that this will be a particularly lively World Cup for the Africans, a brightly coloured World Cup both in the stadiums and on the benches, even in the streets where the African teams appear.
In this regard, what seems to have caught the attention of the contributors to this issue of Mots Pluriels is not so much African soccer as a sport, but rather what lies beyond it, the new responsibilities that it is seen to carry. Hence, the articles collected here speak of it more as a factor of development and affirmation between peoples, the setting for a search for identity and a means of resistance against the relics of colonialism. The image projected of Africa is also one of a society prey to immorality and violence, where soccer becomes the stage on which this is expressed. Finally, African soccer is seen as a prop for the imaginary, in particular from the point of view of its involvement in the political field.
Firstly, the article by Asante-Darko, African sports as a committed Art: Burkina 98 and beyond, plunges the readers straight into the complexities of the world of African soccer. It takes us into the world beyond sport as defined above. Describing the origins of the Coupe d'Afrique des Nations in 1957, Asante-Darko offers it as a symbol of African cooperation and unity, an instrument of national cohesion and international renown. To achieve this, a parallel is drawn with the Olympic Games of classical antiquity which were at no time simply sport for the pure pleasure of sport and which, to tell the truth, played a role comparable to that of "littérature engagée". Making a leap through time, Asante-Darko sees Burkina 98 as fitting into the logic of a competition whose finality was, for the organising country, far from just sporting.
In fact, the author puts particular emphasis on what, for any informed reader, was clear from the evidence - evidence which moreover could not be belied by the facts - that Burkina Faso asked to organise CAN 98 in the certain knowledge that it was not going to win the competition. The objective was therefore not a sporting one; it consisted of the desire not only to demonstrate its organisational ability despite its limited resources, but also to put its own individual touch on African cooperation and development. Through his presentation of the various African competitions, the Coupe des Clubs Champions [Champion Clubs' Cup], the Coupe des Coupes [Cup of Cups] and the Coupe de la CAF [CAF Cup], he reveals the extent to which they have played a part in the development, cooperation and healthy competition between African countries.
Starting with the poor performances of Cameroon's national team in the 94 World Cup in the United States, Bea Vidacs shows, in Football and anti-colonial sentiment in Cameroon, how these gave rise to a nationalist discourse which was particularly virulent in its anti-French sentiment. In fact, her analysis of the public's intervention in the occasional radio broadcast "Bonjour l'Amérique" reveals that the debacle could in large part be attributed to the trainer Henri Michel, not so much because he was technically incompetent but rather because he was French. The world competition therefore seems to have given the Cameroonian public the chance to attack France, as its former mother country, which was accused of being the cause of Cameroon's political and economic misfortunes since its pseudo-independence in 1960. The expatriate trainer hence became, in this specific case, the symbol of a neocolonial connection that was still active. As Bea Vidacs concludes: "In short, it is clear to everyone that independence has not delivered to Africa the promise it held for prosperity or social and economic justice".
Claude Boli, looking at African professionals in England, moves in the same direction as Bea Vidacs. In fact, although his title, Les Footballeurs africains en Angleterre: l'autre regard sur l'insularité du football anglais [African soccer players in England: the other view of English soccer's insularity], does not clearly indicate this, it is nevertheless true that what he is showing is the contrast between the weight of the English colonial empire in Africa versus the insignificant number of Africans appearing into the English championship. In this he sees a continuation of a colonial policy whose fundamental principle has always been to keep the natives away from the circles of the colonists and masters. And the fact that English soccer has not been open to African players is an eloquent illustration of this. Boli bases himself on particularly revealing statistics on foreign players moving into the English championship and the result is a lamentable picture of Africa. At the same time, he highlights the striking contrast between England which, on the soccer field, has cut the umbilical cord with its former colonies, and countries such as France and Portugal which welcome African soccer players and incorporate them en masse into their championships, if not into their national teams.
With Football et imaginaire au Cameroun: des héros de l'ailleurs [Soccer and make-believe in Cameroon: heros from the outside], Théophile Bissohong brings the reader back to soccer as a literary prop or theme. The study in fact focuses on Guillaume Ismaël Dzewatama, a character from Mongo Béti in La Revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama [The Revenge of Guillaume Ismaël Dzewatama]. Whilst soccer provides a space where socialisation can occur, and whilst the fact that it is played by children from working-class suburbs on waste ground makes it a means of affirmation and defence in a social environment prey to violence and unfair tactics, soccer is also, more importanlly, a political weapon in the hands of the disadvantaged classes, a place of dissidence. Hence, thanks to his unequalled skill as a soccer player in an environment where sporting victories are quickly claimed for political purposes even when nothing has been done to make them possible, Guillaume Ismaël Dzewatama becomes a means of blackmail for the crowd of oppressed inhabitants of the working-class suburb of Niagara. Does he not make the release of the political prisoners a condition of his taking part in a match that the dictator at the head of the country absolutely insists on winning? What does it matter if the miracle doesn't happen and if everything ends in confusion.
The article by Louis-Marie Ongoum, Etre arbitre de football au Cameroun: une expérience douloureuse [Being a soccer referee in Cameroon: a painful experience] fills a void that otherwise would have been felt on reading this collection. Does refereeing not constitute one of African soccer's biggest sores? In fact, although this is the story of a personal experience/adventure, this article nevertheless introduces the reader to the mysteries of Cameroonian, and consequently African, refereeing where an approximate understanding of the laws of the game, the material and moral poverty of the referees who are often without income, the lack of physical preparation, ethnic sluggishness, rampant corruption and all sorts of shady dealings have for a long time seriously hampered the healthy practice of this sport which is known as "king" on the African continent. Through his story, the tone of which is often pathetic, Louis-Marie Ongoum enlightens the reader on the process by which refereeing is being damaged in the country of the Untameable Lions, leading to the disappearance of Cameroonian referees from international meets.
Finally, the selective annotated bibliography offered by Cheryl Lange gives interested readers the chance of broadening their horizons and discovering the role of soccer as seen by various observers and analysts throughout the world. In fact, this is a broad searching bibliography, in which the works quoted relate not only to Africa but also to Europe, Latin America and even Asia.
Such are the essays offered in this collection, giving African soccer a new dimension which transcends the purely sporting. This soccer deserves all the more attention in that it is today one of the rare phenomena that allow positive images of Africa to be projected across the world, offering us a change from the ceaseless sombre views of civil wars and other natural catastrophes. Thanks to soccer in fact, Africa can be seen in jubilation, dancing, unashamed of what it is. This is what happened in Burkina Faso last February, and it is probably what will happen in France starting on 10 June 1998. And because soccer is a sport and a game at the same time, because it is a mixing and unifying factor on the national and inter-African level, because it can lead to ideological and nationalistic awareness in the face of the former colonising powers which are still lying in wait, because it has also shown itself to be a powerful factor in economic and social development, in short because it is today a whole phenomenon of its own, its significance in the process of national construction in Africa needs to be re-assessed. To achieve this, not only should its apprenticeship and practice cease to be seen as a matter for delinquents, but also its organisation and management should be entrusted to people other than politicians and administrators short on imagination and creativity. To my mind, the initiative taken by Mots Pluriels' editorial team in devoting one of the journal's issues to African soccer in this year of the millennium's last World Cup is to be seen as part of a new awareness of its potential future significance for Africa's growth and development.
André Ntonfo, Guest Editor.
Professor André Ntonfo teaches in the Department of African Literature at theUniversity of Yaoundé I, Cameroon. A specialist in Caribbean Francophone literature and civilisation (Haïti & French Antilles), he is also the author of several works including L'Homme et l'identité dans le roman des Antilles et Guyane Fançaises and Le Roman Indigéniste Haïtien:
Esthétique et Idéologie. He has published numerous articles in his field of specialisation (see for example his previous contribution to Mots Pluriels: Ouvrir les 'frontières' pour combattre le racisme. He spent 1996-97 in the United States as a Fulbright scholar. André Ntonfo is also interested in the sociology of Sport and on this subject, he has published Football et Politique du Football au Cameroun.
[Top of the page] / [Contents of this issue of MOTS PLURIELS]