1. Essai de construction d'un modèle analytique de la vie sociale en milieu rural |
Or, le milieu rural se caractérise par une diversité que l'on peut analyser à partir des modes de production économique et d'organisation sociales. Doivent être prises également en considération, l'articulation entre secteurs économiques d'une part, et les prises de décisions à chaque niveau des rapports sociaux [11], d'autre part. On peut y ajouter les degrés d'implication des communautés dans des problématiques et des projets de développement, de progrès ou de résistance au changement. C'est pourquoi les collectivités rurales devraient être analysées, par-delà leur homogénéité, dans leurs différenciations. L'occasion est propice au chercheur qui peut profiter des effets de durabilité et d'ampleur de la récession économique pour étudier ainsi les ménages ruraux à la fois dans leurs production et reproduction quotidiennes, leur rapport aux valeurs, à l'ordre social, au capital social, aux projets de mobilité individuels et collectifs. De même il convient de tenir compte des ruptures d'équilibres, des remises en cause des normes, des tensions et des conflits et autres effets d'anomie. Comment, dans cette perspective, construire un modèle de crise en milieu rural ? Quels paradigmes rendent suffisamment intelligibles les mutations socio-économiques des ménages, en l'occurrence ceux des régions de rente cacaoyère et caféière, dans leurs dynamiques du dedans et du dehors et en fonction de leurs trajectoires sociales respectives ?
Afin de bien étudier les conditions de vie des ménages ruraux en situation de crise, l'analyste va mettre en lumière leur pluri-dimensionnalité, la réalité sociale se présentant alors comme disposée en paliers, niveaux, plans étagés ou couches en profondeurs [12]. Ces niveaux peuvent être appréhendés à partir des variables suivantes :
1.1. Le contexte socio-économique et politique : Le jeu de contraintes et des incitations
La vie rurale se déroule dans un environnement régional, national ou international que les communautés ne maîtrisent guère. Cet environnement qui est aussi économique, politique, social et culturel agit sur les systèmes de vie paysans, soit sous la forme d'incitations au changement, soit sous la forme de contraintes, soit sous la forme d'incitations à résister au changement [13]. Sont concernés, entre autres, le système des prix, le système éducatif, le système de santé, les lois foncières, le système d'information et de communication des masses... la vie des ruraux est rythmée par la dynamique du système agraire et des ressources disponibles, dans un environnement global qui inclut l'incertitude. Les contraintes agissent selon le principe de la "loi des minima" ou loi des facteurs limitants suivant laquelle le facteur le plus limitant fixe le niveau de l'activité. Le développement agricole consisterait alors à relever progressivement et successivement les goulots d'étranglement limitant l'amélioration des conditions de vie en zone rurale, sous la forme d'une modernisation des systèmes de production traditionnels [14]. Mais, ce programme s'actualise dans un contexte dialectique de contraintes et d'incitations. Soulignons à cet effet que les contraintes sont aussi nombreuses que les incitations économiques sont réduites, car le système de production traditionnel est fortement inféodé au milieu naturel et humain d'autant que le niveau des ressources économiques est bas. Dans les pays d'Afrique noire comme le Cameroun, les lois de l'incertitude régissent les activités agricoles [15]. Il revient alors à chaque paysan ou à chaque communauté villageoise de rationaliser les comportements technique et économique qui lui assureront les résultats optima de son univers incertain. Nous montrerons plus loin comment, dans un contexte de récession économique aiguë, les caféiculteurs Bamiléké et les cacaoculteurs Béti, sous des conditions à expliciter, ont pensé différemment le risque par rapport à leurs investissements respectifs. Seront prises en compte leur intégration plus ou moins forte à la logique de régulation étatique, mais aussi l'articulation des structures mentales des communautés villageoises face à l'organisation du système de production de rente.
1.2. Structures mentales et organisation du système de production
En sociologie , les structures mentales sont définies comme des consciences collectives, et celles-ci comme la production des formes de mentalité. Lorsqu'elles font partie intégrante des systèmes agraires, ces structures reflètent une manière totalitaire des relations vécues entre individus, entre les individus et les choses, entre les individus et la communauté dans lesquelles vivent ces individus ; et pour cause, les consciences collectives reposent sur des présupposés et des réalités vécus et transmis de génération en génération, reflètent des personnalités individuelles ou collectives construites à long terme [16]. Dans quelle mesure cette approche reproductionniste rend compte de la manière dont se transforment et s'adaptent les mentalités dans un contexte de crise en milieux ruraux conservateurs ? Une approche différenciée en termes de processus de socialisation et d'organisation sociale peut-elle expliquer les divergences de comportements entre les ruraux ? Comment des ruraux qui grandissent dans un système social lignager [17] (cas béti) d'une part, et un système stratifié (cas bamiléké), d'autre part, assument-ils leurs conditions de vie ? Comment construisent-ils leurs stratégies de survie et de repositionnement par rapport aux cultures de rente ? Les enquêtes d'OCISCA (Courade, 1994) ont démontré l'existence d'une multiplicité de rationalités d'acteurs face à la récession économique dans les zones rurales sus-mentionnées. Ces enquêtes ont surtout montré comment des formations sociales dominées "gèrent" la crise en milieu rural. Certaines la subissent, d'autres s'efforcent de la "dominer", en fonction des facteurs tels que les valeurs communautaires, l'impact du christianisme et des religions du terroir [18]. D'autres études allant dans le même sens valorisent l'hypothèse fondamentale de l'optimisation [19], ancrée dans l'individualisme et le sens de la compétitivité, les représentations sociales des sujets en rapport avec les cultures de cacao [20] et de café. De la manière dont s'élaborent les structures mentales dans des unités de production aussi petites soient-elles comme les ménages, dépend l'environnement social et la décision micro-économique.
1.3. Environnement social et décision micro-économique en milieu rural
Une étape fondamentale dans l'étude des conditions d'existence des ménages est la manière dont s'organisent les rapports sociaux entre les individus appartenant à une même cellule familiale et par extension, à une même communauté. Intéressante également, est la façon dont se prennent les décisions micro-économiques. Comment analyser la complexité des mécanismes qui peuvent présider aux décisions économiques des ménages ? Gérard Ancey [21] qui approfondit ses investigations sur le concept de décision micro-économique à partir d'une étude réalisée sur une quinzaine de sociétés agraires d'Afrique de l'Ouest [22] a cherché à développer l'analyse des structures de décision micro-économique. Les décisions d'ordre économique et social issues des systèmes agraires se répartissent à plusieurs "niveaux" de responsabilité ; le patriarche, sa ou ses épouses, les enfants mariés et leurs épouses et, dans une moindre mesure, les petits enfants. Mais, quels "niveaux" sont déterminants dans la prise de décision économique et pour quels types d'action ? La famille patriarcale s'étant profondément modifiée au profit de la famille nucléaire sous les effets de la récession économique, comment les prises de décision micro-économiques se sont-elles articulées dans les rapports sociaux des cultures de rente camerounaises ? Quel statut occupe désormais le cacao et le café par rapport aux cultures vivrières et aux activités extra-agricoles? Les rapports sociaux de sexe [23] ont favorisé la reproduction du statut valorisant de l'élément masculin à travers la culture de rente ; par conséquent, il serait heuristique d'analyser le mode de distribution de l'autorité d'aujourd'hui dès lors que se précise la polyculture qui relève le statut des cadets sociaux [24]. Heuristique aussi est l'étude relative au mode d'élaboration des décisions économiques dans les ménages lignagers comme en milieu stratifié. Il ne faudrait pas surtout négliger la participation des acteurs aux projets communautaires de développement, à l'intégration dans les réseaux d'échanges, à l'acquisition du capital social.
1.4. Capital social et dualité du social
Le capital social [25] est un déterminant des conditions d'existence des ménages. Dans le contexte rural, le capital social se constitue par rapport à une logique agraire, autour des activités agricoles, de la parentèle, des réseaux de relations, des valeurs dominantes, des aspirations personnelles à travers les biens d'équipements sociaux. Lorsque le capital social est fort, les ressources mobilisables sont tangibles et pertinentes et son impact sur les conditions de vie et la mobilité sociale des ménages comme de la collectivité villageoise est visible. Il se manifeste par la tentation de rechercher des aspirations nouvelles et une tendance à l'individualisme. Lorsque le capital social est faible, l'insuffisance des ressources matérielles et des biens symboliques rattache les individus aux valeurs communautaires et renforce la tendance à la solidarité de groupe. Dès lors, les ressources qui constituent le capital en milieu lignager comme en milieu stratifié, en milieu cacaoyer comme en milieu caféier, sont à la fois individuelles et collectives. Les projets communautaires sont ancrés dans le jeu des contraintes et des incitations des systèmes de prix des cultures de rente et de développement des cultures vivrières. Les ressources matérielles quant à elles (biens d'équipement) et symboliques (culturelle et relationnelle) constituent le capital social et s'inscrivent dans une logique d'action endogène ; celle-ci met en exergue le rôle décisif des ruraux et d'autres acteurs locaux. La logique exogène met en relief l'apport des élites urbaines, des agents d'Etat et des organisations agricoles et/ou des ONG. L'intérêt du capital social en tant que variable explicative des conditions de vie des ménages est important aux yeux des pouvoirs publics et des chercheurs. En fait, le capital social réitère dans des termes nouveaux, l'analyse de la problématique du développement. Les projets de développement ont-ils mieux réussi à l'Ouest bamiléké et donné aux ménages un capital social fort en améliorant leur genre de vie (effets incitatifs) ? Peut-on dire , à contrario, que les ménages béti des Provinces du Centre et du Sud du Cameroun en ont été privés, subissant ainsi des effets de contraintes ? Et à l'intérieur même de la communauté, quels effets de contraintes subit la famille élargie dans l'acquisition du capital social par certains de ses membres et comment se produit la famille nucléaire dans ce contexte ? Dans le cadre du désengagement explicite de l'Etat-providence, quel type de ménage peut se positionner comme famille-providence et avec quelle marge de manoeuvre ? On peut émettre l'hypothèse que l'inégalité dans l'accès au capital social conduit à une dualité du social, laquelle développe des processus différentiels de socialisation des individus et des modes de vie, propices à des comportements inhérents à la crise, aux stratégies d'acteurs et à des formes diverses d'innovation dans le système de production.
1.5. Comportements de crise, stratégies d'acteurs et les innovations
Les comportements en temps de crise peuvent être saisis en termes de stratégies de positionnement dans les champs sociaux. Chaque ménage adopte une stratégie donnée en fonction d'une situation précise et des ressources mobilisables. Il convient donc d'orienter les analyses dans le sens des "zones d'incertitude", donc de l'imprévisibilité des comportements d'acteurs [26] et non en termes de rigidités, de reproduction et d'"habitus" paysans. Ces derniers peuvent présenter une rationalité limitée dans leurs choix de développement. Certains ménages en effet tournent le dos aux produits agricoles subventionnés que sont le cacao et le café pour une reconversion totale ou une mise en chômage rural. Mais, ces rationalités restent contingentes et se définissent par rapport à une logique de survie et de débrouillardise.
Dans une dimension parallèle, les organisations à vocation rurale (ONG, UCCAO, ZAPI, etc..) influencent l'environnement immédiat des paysans par un soutien actif aux produits de commercialisation, à l'augmentation du capital social des ménages et aux prises de décisions micro-économiques. Les effets d'interaction entre l'organisation et son environnement social permettent de comprendre comment les ménages ruraux réagissent à l'influence des organisations pour réguler les conflits inscrits dans les rapports sociaux ; il s'agit aussi de savoir comment les ménages gèrent les ruptures d'équilibres ou conservent le capital social tant sur le plan individuel que collectif.
Les innovations interviennent alors comme une voie de sortie de la crise du fait qu'elles sont concomitamment produites par les acteurs sociaux dans leurs comportements différenciés comme dans les décisions micro-économiques. Les innovations ne s'inscrivent donc pas dans un vide social. Au contraire, elles viennent bousculer les situations acquises, promouvoir d'autres acteurs et d'autres logiques sociales, et cela ne se fait pas sans heurts ni résistance. En milieu rural, il serait fructueux de comprendre dans quels contextes et sous quelles conditions sociales interviennent les innovations individuelles et collectives. Comment expliquer que les innovations restent encore limitées, voire bloquées par le mode de production traditionnel qui favorise une confusion entre l'entreprise et la cellule familiale ?
Après avoir posé les jalons d'une démarche méthodologique et conceptuelle de notre cadre de travail, il convient à présent de rendre compte des mutations socio-économiques "concrètes" des ménages ruraux, sans pour autant renoncer à la tentation légitime de théorisation.
chapitre suivant - | chapitre précédent |
[8]. Quelques éléments d'interprétation dans Le village camerounais, op. cit., p.152.
[9]. Henri Mendras. Eléments de sociologie. Paris: Armand Colin, 1975, p.134-135.
Mendras résume le mode de vie paysan en trois traits :
1- Autoconsommation ou confusion des activités (entre famille et
entreprise) ;
2- tradition (structures sociales et valeurs) déterminante, sexes,
âge, parentèle (parfois castes) s'agencent pour assigner leurs
tâches aux individus ;
3- collectivités restreintes et localisées ; par ailleurs, le
"capital" dans sa définition industrielle n'existe pas, bien que
l'existence des richesses et éventuellement cumulables, constitue une
épargne ou des biens somptuaires, lesquels ne sont pas pour autant
susceptibles de se reproduire.
[10]. L'anthropologie culturelle et sociale analyse les sociétés de référence traditionnelle comme indifférenciées du point de vue de l'organisation sociale et la division sociale du travail : plus exactement l'organisation de la production, l'organisation sociale et familiale, lignagère, culturelle et religieuse. Les liens communautaires sont vécus de façon totale et permanente, prenant une signification englobante, même lorsque l'acte ou la chose a un contexte spécifique.
[11]. Rapports sociaux : Ensemble des règles qui régissent les relations entre individus d'une même communauté, qui y déterminent les relations de pouvoir, de dépendance et de clientèle, et qui conditionnent les relations entre les divers groupes sociaux.
[12]. Georges Gurvitch appréhendait déjà en son temps, dans leur pluri-dimensionnalité, "les phénomènes sociaux totaux" à partir de cette approche qu'il propose à la Communauté scientifique. Lire Georges Gurvitch. Traité de sociologie. Tome 1. Paris: PUF, 1960, p. 157.
[13]. Le lecteur peut trouver une argumentation très fournie dans Dupriez, op. cit., p.55.
[14]. L'utilisation des intrants et des produits phytosanitaires dans les cacaoyères à laquelle s'ajoute l'encadrement des planteurs par des animateurs agricoles, notamment dans les régions cacaoyères du Cameroun entrent dans cette politique pour le changement.
[15].Effets de climat (sécheresse dans la zone septentrionale), flexibilité des prix (aux niveaux national et international), épidémiologie végétale (pourriture brune et autres maladies).
[16]. Guy Rocher. L'organisation sociale. Tome 2. Paris: NHM, 1968, pp.101-106.
[17]. Dans un système social lignager (ou segmentaire), la parentèle domine l'ensemble des rapports sociaux, notamment avec la structuration des classes d'âge. Certaines approches de l'anthropologie culturelle considèrent les sociétés lignagères comme des sociétés "acéphales" aux rapports sociaux "égalitaires". Lire George Murdock. De la structure sociale. Paris: Payot, 1972.
[18]. Religion du terroir : Idéologie de type animiste, liée au terroir et à la communauté qui vit sur ce terroir.
[19]. L'hypothèse de l'optimisation postule que dans une situation donnée, un sujet s'efforce d'ajuster son comportement au mieux de ses préférences et de ses intérêts tels qu'il les conçoit. Voir à ce sujet :Raymond Boudon et François Bourricaud. Dictionnaire critique de sociologie. Paris: PUF, (3ème édit.), 1990, p.530.
[20]. Chandel Ebale Moneze. Les représentations sociales des planteurs de cacao dans le Centre du Cameroun. Thèse de Doctorat de Psychologie Sociale, Université d'Aix-en-Provence, 1991.
[21]. Gérard Ancey. "Niveaux de décision et fonctions d'objectifs en milieu rural" AMIRA no. 3. Paris: Mincoop, 1975.
[22]. Quelques entités tribales : Sénoufos, Sérères, Mossi, Baoulé, Wolof, Haoussa. L'auteur localise les décisions micro-économiques à plusieurs "niveaux", les uns individuels, les autres collectifs. Ancey, à l'instar des statisticiens et des économistes, part d'un constat : la délimitation d'unités budgétaires en milieu agraire africain se fait très souvent de façon arbitraire. Il a observé qu'entre l'exploitation collective des ménages et des individus, toutes les formes d'organisation de l'activité rurale étaient possibles. Aucune forme cependant n'arrivait à expliquer à elle seule l'intégralité des comportements socio-économiques du milieu. Gérard ANCEY constate que chaque individu rural se trouve inséré en permanence dans un réseau de relations multidimensionnel, qu'il fait valoir selon les circonstances. Le statut module la liberté d'agir de chacun, selon qu'il est un homme adulte (aîné), une femme ou un cadet, et selon l'acte qu'il pose.
[23]. J'appelle rapports sociaux de sexe, la manière dont les hommes et les femmes prennent position dans la division sociale du travail, leur implication dans la production domestique et la structuration du corps social, les inégalités qui résultent de leurs statuts respectifs et les ressources que les uns et les autres mettent en oeuvre pour négocier les marges de manoeuvres par rapport aux contraintes auxquelles ils sont soumis. Lire également à ce sujet Ferréol, op. cit., pp.220-226.
[24]. Femmes, jeunes gens en socialisation, migrants adoptés. V. Alary, G. Courade, P. Janin "Performance et flexibilité des cacaoculteurs béti à l'heure de l'ajustement" in Courade (ed.), op. cit., pp.170-172.
[25]. Deux acceptions du capital social sont à retenir. La première proposée par Boudon et Bourricaud, op. cit., est d'origine anglo-saxonne (overhead capital) et définit le capital comme "l'ensemble des biens d'équipements à vocation sociale (équipement sanitaire, scolaire, moyens de communication, matériels agricoles à usage collectif, etc...) qui déterminent la division du travail par rapport aux structures sociales et familiales)", p.169.
La seconde acception développée par Pierre Bourdieu définit le capital social comme "l'articulation des biens spécifiques des champs sociaux : le capital culturel (niveau d'instruction et qualité d'éducation), le capital financier et économique et le capital relationnel (réseaux de fréquentations, de soutiens informels, clientèle, prestige et pouvoir) dont l'individu hérite de sa famille ou de sa propre action sur la société. Cf. Le sens pratique. Paris: Ed de Minuit,1980.
[26]. Michel Crozier et Einhart Friedberg. L'acteur et le système. Paris: Le Seuil, 1977.