Henri Jeanjean
University of Wollongong
Les diverses régions non francophones de la France ont été conquises au cours des siècles, le plus souvent brutalement, et tous les régimes qui ont dirigé le pays, au cours de ces derniers siècles, ont systématiquement mis en place une politique linguistique qui, de l'Edit de Villers-Cotterêts à la Loi Toubon en passant par la Révolution, tendait à éradiquer toutes les langues et les cultures autres que celle du pouvoir en place[1].
Au cours des années cinquante et soixante le débat sur la colonisation/décolonisation, exacerbé par la sanglante guerre d'Algérie, a divisé la France en deux camps. Cette polémique a permis, à l'intérieur de l'Hexagone, le développement d'une analyse montrant que la relation entre Paris et certaines provinces non francophones était comparable à celle qui pouvait exister entre la France et ses colonies.
Octave Mannoni, Psychologie de la colonisation (1950), Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs (1952) Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme (1955) et Albert Memmi, Portrait du colonisé (1957) furent à la pointe d'un mouvement intellectuel qui essayait de sonder les consciences et d'analyser la réalité de la colonisation. S'ils donnèrent un cadre de pensée aux mouvements nationalistes dans les colonies, ils permirent aussi aux mouvements régionalistes d'entrevoir une autre réalité et de sortir de l'impasse et des contradictions dans lesquelles ils s'étaient enfermés.
L'impact de cette littérature et des débats qu'elle provoqua est dû au fait qu'elle liait trois éléments:
la nécessité pour les colonisés de rétablir leur
propre vérité historique;
la nature économique de la colonisation;
l'étude en profondeur de la psychologie du colonisé et du
colonisateur ainsi que l'interdépendance et l'interaction pouvant
exister entre les deux.
Chacun de ces éléments trouva un écho en Occitanie[2], il en résulta une nouvelle vague de militants prêts à réévaluer leur situation historique, sociale et économique ainsi qu'à mieux comprendre les échecs de leurs prédécesseurs.
1) Réalité historique |
Lorsque Césaire écrit: "On me parle de progrès, de réalisations, de maladies guéries... Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, de cultures piétinées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées"[3], les Occitans n'ont guère de mal à reconnaître leur propre expérience. Lorsqu'il dénonce les massacres et les tortures infligées aux peuples conquis, les Occitans peuvent citer des dizaines et des centaines d'exemples autres que les plus connus de Béziers et Bram[4].
Alain Decaux, un historien que l'on ne peut considérer comme ayant des sympathies particulières pour le régionalisme, a ainsi décrit la croisade contre les Albigeois: "Pratiquement la guerre s'est faite aussi bien contre les catholiques du Midi que contre les cathares qui n'étaient qu'une minorité. En réalité les catholiques du Midi ont pris parti pour la liberté de leur province contre les envahisseurs nordiques... Ce ne fut pas une guerre civile: le Comte de Toulouse n'était pas Français. On apprendra, et cela pourra choquer, que les Français se sont conduits comme des occupants. Ils ont massacré, tué, violé. En l'occurrence les Français, ce sont les S.S. C'est très désagréable d'entendre cela, mais c'est la vérité"[5].
Les Français ont éradiqué de leur mémoire collective, et de la mémoire de leurs colonisés, les atrocités commises au nom d'un nationalisme hégémonique et inflexible. Ils ne veulent pas reconnaître les méthodes dignes de la Gestapo utilisées par leurs armées dans un lointain passé et encore moins le fait que leurs armées y aient eut recours contre les mouvements de libération dans leurs colonies tout au long du vingtième siècle.
Les études des historiens du XIXe siècle qui avaient dénoncé la destruction du système démocratique dans le Sud de la France et l'extrême brutalité de la Croisade contre les Albigeois, ont permis d'entreprendre une réécriture de l'Histoire et de saper les fondations de la propagande dont on gavait les Occitans, Bretons, Corses et Basques par l'intermédiaire de l'Education Nationale - qu'à bien des égards certains considèrent comme une éducation coloniale. Comme le note Memmi dans un contexte qui ne va pas sans rappeler celui de ces régions, "la mémoire que l'on donne aux individus n'est pas celle de leur peuple et l'histoire qu'on leur enseigne n'est pas la leur."[6] Faire apprendre par coeur aux citoyens en herbe que: "Nos ancêtres les Gaulois étaient grands et blonds" semble aussi ridicule en Corse ou en Occitanie que dans n'importe quel pays d'Afrique.
Cette nouvelle impulsion donnée aux occitanistes amena une nouvelle génération d'historiens à renouer avec leur histoire et à publier de nombreux ouvrages analysant les événements et les processus qui ont abouti à la colonisation de leur pays et à une relation dominants/dominés avec la France[7].
Toutefois, pour importante qu'elle soit, cette ré-appropriation de
l'Histoire n'est pas suffisante. Cette dernière doit aussi s'accompagner
d'une prise de conscience des réalités sociales et
économiques. Comme le souligne Fanon, "s'il y a complexe
d'infériorité, c'est à la suite d'un double processus:
- économique d'abord;
- par intériorisation ou, mieux, épidermisation de cette
infériorité, ensuite"[8].
2) Colonisation économique |
Une étude de l'économiste de Lavergne montrait qu'en 1866, les dix départements les plus défavorisés, tous situés en Occitanie, avaient reçu un total de 51 millions de francs, chacun d'entre eux recevant moins qu'il ne contribuait aux caisses de l'Etat alors que cette même année, le seul département de la Seine recevait, lui, 877 millions[9]. Un siècle plus tard, le fossé séparant Paris et la province s'élargissait encore[10] et ne pouvait plus être expliqué par quelque déterminisme historique et géographique mais par la politique économique de gouvernements successifs. Ce scénario rappelle tout à fait les schémas d'exploitation appliqués en Afrique par la colonisation économique.
Un exemple: La construction immédiate d'un gazoduc destiné à exporter vers le Nord le gaz naturel découvert à Lacq (en Béarn) en 1951, au lieu de l'utiliser pour le développement industriel de la région.
Dépouillée de ses richesses minières et énergétiques qui auraient pu être utilisées au développement industriel de la région, l'Occitanie s'est vue aussi dépossédée de son héritage agricole. Comme ce fut le cas des monocultures imposées à l'Afrique en remplacement des productions vivrières, les nouvelles productions industrielles (vin en Languedoc, riz en Camargue notamment) forcèrent les fermiers à quitter leurs terres pour aller grossir le prolétariat urbain. Dès 1951, 12 mas de Camargue monopolisaient 60% des surfaces irriguées et fournissaient 50% de la récolte"[11]. En 1956 les propriétaires extra-régionaux possédaient déjà, dans le seul Bas-Languedoc, 171 578 hectares[12]. Le revenu agraire échappant ainsi à la région était estimé être de l'ordre de 27,7 millions de francs[13].
Non content de faire main-basse sur les moyens de production, cette forme de colonialisme "interne" accapara aussi les circuits de distribution. Intermédiaires et grossistes parisiens dominèrent le marché. Les forces politico-économiques de la Capitale contrôlent aussi le tourisme, cette nouvelle industrie qui, peu à peu, prend la place de l'agriculture comme principale activité économique de la région. Les nouveaux maîtres préfèrent souvent importer de la main d'oeuvre plutôt que d'utiliser les chômeurs locaux; ceux-ci, dépouillés de leurs terres, n'ont plus qu'à s'expatrier dans le Nord. Presque tous les pouvoirs de type colonialiste cherchent à imposer aux autochtones de vastes migrations internes ou externes afin de les couper des réalités économiques et culturelles qui leur sont familières, ce qui les rend plus malléables.
Le gouffre séparant le Nord et le Sud de la France en matière de développement économique ne cessait de s'élargir au début des années soixante. L'analyse du Parti Nationaliste Occitan (PNO), fondé en 1959, dénonçant "la colonisation économique" du Sud par le Nord deviendra donc de plus en plus convaincante. Un événement politico-économique survenant au cours de l'hiver 1961-62 renforcera encore cette analyse et verra pour la première fois, à Decazeville, l'apparition d'une lutte populaire correspondant à la stratégie préconisée par le P.N.O., le frontisme[14].
A l'annonce de la fermeture des mines de charbon, la population entière se regroupe autour des mineurs. D'une part, les grandes centrales syndicales refusent, dans un premier temps, d'étendre la lutte par solidarité "nationale" aux mineurs du Nord et de l'Est et, d'autre part, les chansons de lutte des mineurs, composées par eux dans la mine, sont en occitan. La grève de Decazeville devient alors une sorte d'abcès de fixation d'un vaste mouvement populaire réclamant l'emploi sur place et le maintien des ressources régionales. Ce mouvement ira en s'amplifiant et de nombreux occitanistes y verront les indices ou les preuves d'un mouvement de décolonisation. Certains membres de l'Institut d'Etudes Occitanes (IEO), un mouvement purement culturel, se radicalisant, signeront le manifeste de Decazeville et fonderont le "Comité Occitan d'Etudes et d'Action".
L'ouvrage de Robert Lafont, La révolution régionaliste, reflète les idées et les grandes lignes du programme du C.O.E.A.: propriété régionale, propriété collective des ressources naturelles, revendication de tous les mouvements de décolonisation.
En 1967 la situation change: la France connaît une montée du mouvement revendicatif ethnique et régionaliste; Mai 1968 verra la radicalisation de la quasi-totalité des forces protestataires et l'apparition de nouvelles forces de contestation: "Mai 1968 est breton comme parisien. Le Mai breton a d'ailleurs précédé le Mai de Paris; il n'a pas eu la révolte étudiante comme détonateur, mais la colère des ouvriers et des paysans"[15]. Dès janvier 68 le Front de Libération de la Bretagne (F.L.B.) avait entrepris une campagne de plasticages, reprise en avril 68. Le 8 mai, en Bretagne, selon Paul Houée, "les conditions d'une situation pré-révolutionnaire sont réunies"[16]. Lors des manifestations de Redon, le 26 juin 1967, on avait pu dénombrer 80 blessés. De même en Occitanie, le Bas-Languedoc n'avait pas cessé de bouger et le 16 mars de grandes manifestations eurent lieu dans les principales villes de cette région, celle de Carcassonne fit 60 blessés. Au début d'octobre 1967 des bombes artisanales explosaient en Lot-et-Garonne alors que différents sabotages étaient effectués en Gironde et que des barrages étaient constitués sur les principales routes traversant le Massif Central.
3) Psychologie du colonisé |
Fanon avait montré que le facteur économique n'était pas le seul élément entraînant un complexe d'infériorité chez le colonisé, mais que ce dernier intériorisait ou épidermisait cette infériorité.
Loin d'être une et indivisible, la France est une nation dominant d'autres nations dans un rapport de forces inégal et les colonisés de l'Hexagone, dépossédés de leurs biens et de leur culture, n'ont guère d'autre alternative, s'ils veulent échapper à leur condition d'opprimés, que de devenir les janissaires du service colonial français en remplissant les postes créés par l'expansion coloniale[17]. Exploités économiquement et manipulés politiquement, compensant leur complexe d'infériorité en revendiquant la supériorité de l'autre[18], ils se lancent alors dans la défense d'intérêts qui ne sont pas les leurs. Ils tendent à faire de la surenchère en défendant le nationalisme de ceux qui les avaient initialement colonisés[19].
En 1954, année de la défaite de la France en Indochine et du début de la rébellion en Algérie, François Fontan rompt cette allégeance et développe la thèse d'un nationalisme séparatiste; en 1959, alors que s'intensifie la guerre d'Algérie, il fonde le Parti Nationaliste Occitan. En soutenant activement le Front de Libération Nationale algérien, il est convaincu que le choc psychologique qui va suivre l'indépendance de l'Algérie amènera une prise de conscience par le peuple occitan de sa réalité de colonisé, d'où découlera logiquement l'élimination du nationalisme français et la suppression du processus de compensation psychologique. Une victoire en Algérie devait exprimer la victoire de tous les peuples colonisés par la France au-dedans et au-dehors de ses frontières.
Comme les Algériens et bien d'autres, les Occitans font partie de ces "millions d'hommes à qui on a inculqué un complexe d'infériorité."[20] Ce complexe touche tous les aspects de la culture d'origine, y compris la langue. Cette dernière est sévèrement mise à mal et souvent interdite par le colonisateur parce qu'elle est un des éléments-pilier permettant la transmission du savoir, l'organisation socio-familiale et l'indépendance. Comme le souligne Fanon: "Tout peuple au sein duquel a pris naissance un complexe d'infériorité, du fait de la mise au tombeau de l'originalité culturelle locale se situe vis-à-vis du langage de la nation civilisatrice"[21].
La langue maternelle, quelles que puissent être ses gloires passées, perd son prestige et ne sert plus qu'à transmettre une culture orale appauvrie. Elle devient progressivement un objet de mépris pour les colonisés eux-mêmes qui la rejettent et enfin l'oublient. Honteux, ils la cachent aux étrangers et ne veulent plus fonctionner que dans le cadre de la langue du colonisateur. "Le bilinguisme colonial est une tragédie linguistique n'a rien de la simple diglossie dans laquelle un parler populaire et une langue de puriste coexistent paisiblement même si le locuteur perçoit une hiérarchie dans leur utilisation[22].
Les écrivains occitans du XIXe avaient déjà perçu l'importance et l'urgence de la restauration de leur langue mais ils n'avaient pu voir que le principe qui les guidait était, comme le montre Fanon, que la première ambition du colonisé est d'égaler le prestigieux modèle offert par le colonisateur au point de se perdre en lui[23]. Le cas de Jasmin et de Mistral, deux écrivains associés à la première résistance occitane, le montre.
C'est à Paris que Mistral, encouragé par Alphonse Dumas, décida de publier sa première grande oeuvre: Mirèio. Il pensait qu'un triomphe dans la capitale permettrait d'élever la littérature occitane au niveau de la littérature française et des grandes littératures européennes. Cette stratégie fut un échec, car Mistral fut manipulé et ne servit en fin de compte que de cas de figure dans les luttes que se livraient, à Paris, les diverses écoles littéraires de l'époque. Utilisé contre Baudelaire et l'avant-garde poétique, Mistral et la littérature provençale sont du coup perçus comme rétrogrades par les avant-gardistes et la littérature occitane contribuera malgré elle à renforcer les a priori existant sur les provinciaux et leurs langues.
L'exemple des critiques de Sainte-Beuve sur l'oeuvre de Jasmin va dans le même sens. Bien Sainte-Beuve eût été un admirateur de Jaspin, il exprima des doutes quant à la valeur de ses poèmes politiques. Il justifiait son jugement par l'argument linguistique suivant: les idées politiques de Jasmin sont modernes mais le gascon, un dialecte occitan, ne peut pas exprimer ces idées de façon adéquate. Jasmin, qui était par ailleurs un fervent défenseur de la pureté de sa langue, se laissa convaincre du bien fondé de cet argument car, comme les "provinciaux" de sa génération, il avait intériorisé l'idée que l'occitan était en fin de compte une langue à l'usage limité, impropre aux grands débats d'idées[24].
Jasmin et Mistral furent fêtés dans la capitale parce qu'ils apparaissaient comme les gardiens de traditions et de coutumes obsolètes dans lesquelles ils devaient se confiner. Cette compréhension du rôle joué par la langue du colonisateur dans le processus d'aliénation du colonisé, décortiqué par ces auteurs de la décolonisation, va déboucher sur une volonté de reconquête de leur langue par les occitanistes. Cette reconquête doit passer tout d'abord par la conscience qu'il est essentiel d'aborder le problème de la langue de manière scientifique et de lui redonner sa vitalité et ses lettres de noblesse, en normalisant la graphie par exemple ou encore en promouvant l'enseignement de l'occitan dans les écoles, les lycées, et les universités.
Dans leur lutte contre "la destruction des langues et cultures dites 'régionales' tout d'abord, les occitanistes veulent le renouveau de l'Occitan et exigent pour lui un statut qui permette son libre épanouissement (enseignement dès l'école primaire, accès à la radio et à la télévision, reconnaissance officielle du bilinguisme)"[25]. Ils vont se battre pour la reconnaissance de leur langue dans les structures officielles comme l'école de la république mais aussi créer des organisations en dehors de ces structures.
L'Ecole Occitane d'Eté, selon Jean Rigouste[26], "se propose de permettre aux jeunes une reconquête aussi efficace et directe que possible de la langue et de la culture occitanes". L'étude de l'héritage culturel qui doit apporter une conscience d'identité, désaliénatrice, demeure essentielle car "sans conscience de ce qu'il est, s'il ne brise pas les aliénations qui ont permis de le faire passer à ses propres yeux pour un autre, un homme ne se libère jamais."[27] En cela ces militants occitanistes rejoignent bien les préoccupations de Memmi qui affirmait que "la revendication la plus urgente d'un groupe qui s'est repris est certes la libération et la restauration de sa langue."[28]
Très nombreux sont les exemples qui nous permettent de voir l'influence des écrivains et théoriciens de la décolonisation sur les mouvements occitanistes, puisqu'ils leur ont permis de prendre conscience du fait que leur région présentait tous les signes d'une colonisation linguistique, économique et politique. Si le mouvement occitaniste a été divisé sur les questions de l'indépendance ou du nationalisme, il est un point sur lequel toutes les organisations occitanistes sont en plein accord, c'est que le combat pour la survie de leur langue est absolument primordial. Ces langues régionales, annoncées régulièrement comme moribondes, non seulement n'ont pas disparu mais sont en train de revivre et attestent une résistance toujours vivante au centralisme.
De nos jours, l'idée de "décolonisation" est toujours vivace mais elle s'exprime en termes nouveaux. Les mouvements occitanistes ne s'appuient plus sur les principes de la décolonisation pour défendre leurs droits mais sur la double institution que sont la régionalisation d'une part et l'Europe de l'autre. Ils oeuvrent pour l'établissement d'une Europe des régions qui, à long terme, écartèlerait et détruirait complètement le centralisme français à la base même de cette colonisation.
Un récent ouvrage suggère que l'Europe des régions est avant tout le combat de l'Europe contre l'Etat français. "Avec sa politique régionale, l'Europe détruit la France par le bas en s'attaquant à ses fondations les plus profondes."[29] Cette Europe des régions est condamnée par les souverainistes[30] parce que "c'est une mélopée sécessionniste. Un appel incessant au démantèlement..."[31] Est-il donc si étonnant que les mouvements nationalitaires régionaux, d'opposants qu'ils étaient, soient devenus les farouches défenseurs[32] de cette nouvelle Europe qui les délivrera de ce centralisme toujours perçu comme la base de tout colonialisme?
Notes
[1] Jeanjean, H., La politique linguistique de la France in Mots Pluriels N°8 (October 1998). https://www.arts.uwa.edu.au/MotsPluriels/
[2] L'Occitanie est le nom donné à l'ensemble des régions de langue d'Oc. Cet ensemble comprend 32 départements français, le Val d'Aran en Espagne et plusieurs vallées alpines en Italie.
[3] Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris: Présence Africaine, 1955, pp 19-20.
[4] La population de Béziers, première ville à tomber aux mains des croisés en 1209 fut entièrement massacrée - environ 20 000 personnes dont 8 000 femmes et enfants brûlés vifs quand la cathédrale dans laquelle ils s'étaient réfugiés fut incendiée.
Après avoir pris Bram, ville faiblement défendue, en 1210, Simon de Montfort ordonna que 100 hommes aient le nez coupé, les yeux arrachés et qu'on les envoie semer la terreur dans la région, guidés par une homme auquel on avait laissé un oeil.
[5] Decaux, A., L'Education Nationale, 17 mars 1966.
[6] Memmi, A., portrait du colonisé, Paris: Payot, 1973, pp.133-134.
[7] Parmi eux : Armengaud, A et al., Histoire d'Occitanie, Paris: Hachette, 1979. Dupuy, A., Petite encyclopédie occitane, Montpellier: Saber, 1972. Larzac, J., Descolonisar l'istoria occitana, Tolosa: IEO, A Tots, 1977. Roquebert, M., L'épopée cathare, Toulouse: Privat, 1970.
[8] Fanon, F., Peau noire, masques blancs, Paris: Le Seuil, 1952, p.10.
[9] Dupuy, A. , Op.cit., p.146.
[10] Jeanjean, H., De l'Utopie au Pragmatisme? Le mouvement occitan 1976 -1990, Perpinya: Llibres del Trabucaire, 1992, pp.35-40.
[11] Lafont, R., La Révolution régionaliste, Paris: Gallimard, 1967, p. 161.
[12] Dugrand, R., Villes et campagnes en Bas Languedoc, Paris: P.U.F., 1963, p. 606.
[13] Ibid., p. 601.
[14] Union des classes nationales: paysans, petits bourgeois, ouvriers et capitalistes nationaux.
[15] Lafont, R., Décoloniser en France, Paris: Gallimard, 1971, p. 229.
[16] Le Monde, 8 Mai 1968.
[17] Dans le célèbre roman de Mongo Beti, Le roi Miraculé, Paris: Buchet-Chastel, 1958, tous les colonisateurs sont eux-mêmes produits de la colonisation: L'un des administrateurs est à moitié vietnamien, les autres sont originaires des Antilles et de la Corse tandis que les missionnaires viennent d'Alsace et de Bretagne.
[18] Manonni, O., Prospéro et Caliban; psychologie de la colonisation, Paris: Editions universitaires, 1984, p.67.
[19] Memmi, A., Op.cit., p. 45.
[20] Césaire, A., Op.cit., p.20.
[21] Fanon, F., Op.cit., p.16.
[22] Fanon, F., Ibid., pp.136-137.
[23] Fanon, F., Ibid., p.149.
[24] Torreilles, C., Sainte-Beuve et Jasmin in Lengas N°26, 1989, p.116
[25] V.V.A.P. Front Occitan, No. 13, Janvier-Février 1977.
[26] In Revolum, Juin 1975.
[27] Lafont, R., Décoloniser en France, p. 289.
[28] Memmi, A., Op.cit. p. 139.
[29].. Bouclier, T., L'Europe des régions contre la France; de la diversité à l'implosion, Paris: Godefroy de Bouillon, 1999, pp. 18.
[30] Partisans, de gauche comme de droite, d'un Etat-Nation " souverain " et donc opposés à l'accroissement des pouvoirs de l'Europe
[31] Ibid. p.8.
[32] Jeanjean, H., Les Occitanistes et l'Europe in Tautil, G. (Ed.), Camins d'Occitania: chemins d'Occitanie (espace, territoire, identité, démocratie), Paris: L'Harmattan, 1997, pp.233-243.
Dr. Henri Jeanjean est Senior Lecturer en Modern Languages à l'Université de
Wollongong. Un fin connaisseur de l'Occitanie et du mouvement occitan, il a publié plusieurs articles dans ce domaine, et un ouvrage sur l'histoire, les avancées et les
problèmes rencontrés par le mouvement occitan qui s'intitule:
De l'Utopie au Pragmatisme? Le mouvement occitan 1976-1990
(Perpiyà: Trabucaire, 1992).
Récemment, il s'est penché sur
l'impact de l'Union Européenne non seulement sur le
mouvement occitan (et sur les relations existant entre l'Etat français
et ses minorités), mais aussi sur les relations entre l'Occitanie et la
Catalogne...élargissant son champ de recherches sur une étude
comparative des minorités territoriales à l'intérieur de
l'Union Européenne dans son ensemble.
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