Les Larmes de cristal
(Cette interview a
été réalisée par email en novembre et décembre 2000.)
A cause de son passé historique, on a tendance à se polariser sur
les relations de l'Afrique avec le monde dit occidental, alors qu'il existe, en
effet, de solides liens entre l'Afrique et l'Asie, et cela depuis longtemps.
Cela se remarque dans tous les domaines. Il existe une réelle
volonté de l'Asie de faire de l'Afrique un partenaire à part
entière, et l'idée n'est pas neuve. Il y a une vraie
coopération entre les deux continents si semblables sur beaucoup de
plans.
Pourrait-on suggérer que le roman que vous venez de publier chez
Edilis illustre cette ouverture au monde et invite le lecteur à
découvrir un volet peu connu - ou ignoré par l'Occident - de
l'Histoire du XXème siècle telle qu'elle a été
vécue par l'Asie et par l'Afrique?
D'une certaine façon, oui. Les Larmes de Cristal, c'est en quelque sorte
ma modeste contribution pour faire savoir qu'il existe des liens très
forts entre l'Asie et l'Afrique, ne serait-ce que par l'existence de cette
communauté Afro-Asiatique. Mais, ces relations ne furent pas le fruit de
la seule volonté de l'Afrique. Des africains ont été
envoyés en Asie pour servir une cause qui n'était pas
vraiment la leur. Là, ils ont découvert un autre monde et
tissé des relations. Ce pan douloureux de l'Histoire a abouti à
quelque chose de positif, la rencontre de deux continents ayant beaucoup de
similitudes, autant naturelles qu'humaines.
Au début de "Les Larmes de Cristal", vous dites que les personnages sont
fictifs et les événements imaginaires, et pourtant vous proposez des
photos des personnages principaux. Où s'arrête la
vérité historique et où commence l'imagination
romanesque?
Les Larmes de Cristal est une fiction basée sur du vécu,
campée dans un cadre et une époque véridiques. Les
événements décrits n'ont pas été
forcément vécus par une seule et même personne, ni dans le
même ordre. C'est un amalgame de faits vécus par des femmes et des
hommes, mais aussi d'événements imaginaires me permettant d'aller
au de-là d'une histoire banale. Je fais partie de ceux qui pensent qu'en
restant collé à la seule réalité, une histoire perd
tout intérêt. Elle ne serait qu'un fait divers. La partie
imaginaire, c'est aussi le sceau de l'auteur, sa façon de voir la vie,
de faire partager ses rêves et ses angoisses.
Ce qui frappe à la lecture de votre ouvrage, c'est la force de
caractère de vos personnages. Ils s'adaptent et restent maîtres de
leur destin quand bien même la tradition et leur famille leur imposent
des conditions de vie extrêmement difficiles. Pensez-vous que cette
faculté de rester fidèle à soi-même en toute
circonstance est un trait caractéristique de l'époque de
Mé? Ou bien le retrouve-t-on chez ses enfants, et de façon
générale, dans l'Afrique et le Vietnam d'aujourd'hui?
S'adapter pour survivre! C'est le propre de toutes les espèces
vivantes. Dès sa prime enfance, Mé a été la victime
de traditions infamantes pour la femme. Elle est l'objet d'un pacte abject.
Pour cette gamine, il n'y avait pas d'autre issue que de se conformer à
la décision des siens. Ses souffrances silencieuses l'ont
fortifiée et armée pour faire face à l'adversité.
En fait, Mé n'a fait que subir le destin. Mais, sa force, ce fut d'avoir
résisté aux tempêtes, par la seule volonté de rester
elle-même: la fille de Ton-That-Ngoï. Plier mais ne pas rompre!
C'était la philosophie de la petite Mé, dans sa prison
dorée, puis plus tard, en terre étrangère quand elle
était confrontée à des coups du sort. C'était, en
quelque sorte sa devise, pour conserver sa dignité de femme. Car, s'il y
a une valeur qui différencie l'être humain des autres, c'est bien
la dignité. Et, à mon avis, cette valeur fondamentale fait
l'unanimité, qu'on soit en Afrique, en Asie ou ailleurs.
L'idée du bonheur est-elle compatible avec cette
détermination?
A mon avis, le Bonheur est fait de joies et satisfactions
quotidiennes. Et cela n'est possible que si on a en soi la volonté
d'apprécier à leur juste valeur les événements qui
émaillent notre vie. Un malheur serait alors expliqué comme
étant un fossé ou une bosse sur le chemin que nous suivons.
Sachant que devant, ce chemin redeviendrait droit, cela nous donnerait le
courage d'affronter les "intempéries" de la vie. On apprécie
ainsi plus les instants privilégiés. Surtout quand on sait qu'on
a lutté pour franchir les obstacles. Hélas, le seul
problème réside dans le fait que, bien souvent, nous vivons ces
bonheurs sans y faire attention.
Certes, les petits bonheurs de la vie ne sont pas à négliger,
mais Mé semble chercher plus que cela quand elle rencontre les hommes de sa vie,
même s'ils ne sont jamais à la hauteur de ses espérances.
Pourquoi les hommes qui vivent avec Mé finissent-ils tous par
l'abandonner?
Chacun a sa vision du Bonheur. Pour moi, ce sont les petites joies
quotidiennes qui, mises bout à bout, constitue ce que j'appelle le
bonheur. Sinon, qu'est-ce que le bonheur? Le miracle qui viendrait transformer
notre vie, selon nos aspirations? A ce jeu, on risquerait de passer à
côté de bien de choses. C'est mon humble avis.
Le travail joue un rôle important dans ce cheminement. Il permet à Mé de nourrir sa famille lorsqu'elle quitte la prison dorée de
Monsieur Minh et lui offre l'occasion de trouver des repères et des amis dans la
société où elle vit...
Travailler pour faire vivre sa famille, Mé n'avait que cette
solution lorsqu'elle se trouva dans la rue avec 4 enfants à
élever. La mort de Monsieur Minh la laissa démunie, face à
une situation que sa famille n'avait pas prévue. Pour beaucoup, elle
n'était plus que la veuve d'un traître. Les obligés d'hier
étaient devenus les ennemis et les donneurs de leçon
d'aujourd'hui. Le travail lui a, en effet, permis de trouver des
repères, de s'affirmer en tant qu'être humain et, surtout, en tant
que femme pouvant décider pour elle-même enfin. Elle
découvrit un autre visage de la société, celui de la
classe laborieuse où les sentiments sont vrais et authentiques.
Le fait d'écouter les anciens et de les respecter se situe au coeur
des cultures africaines et vietnamiennes traditionnelles. Y-a-t-il d'autres
similitudes entre ces cultures qui facilitent l'intégration des uns dans
les sociétés des autres?
Certainement, même si je ne les connais pas toutes. En Afrique, ce
principe se voit dans l'organisation des "classes d'âge", "des
générations", etc... En Asie, le vieillard représente la
sagesse, la modération, à l'heure où toutes les passions
se sont apaisées. Une autre similitude, c'est sans doute la
manière d'éduquer les enfants. En Afrique et en Asie, le conte
est un moyen d'éducation important. C'est le véhicule des valeurs
ancestrales. On peut aussi noter que dans ces sociétés,
l'individu fait partie d'un groupe, d'un tout. Il se réfèrera,
pour tout ce qu'il entreprendra, à ce groupe. C'est ainsi que les
mariages, alliances et autres s'organisent toujours en fonction des
intérêts du groupe dans son
ensemble. Ce fut le cas de Mé dans les Larmes de Cristal. Mé ne
s'appartient pas. Elle ne peut pas décider de son destin. Par son
concubinage forcé, elle redore le blason de sa famille. Du fait de ces
similitudes, l'intégration des uns dans le monde des autres, devrait se
faire sans trop de difficultés. On peut le constater sur le terrain, en
Afrique, où vivent des milliers d'asiatiques qui ne rencontrent pas de
problème essentiel.
A la fin de "Les Larmes de Cristal", Mé l'Annamite dit qu'elle a dû
quitter les siens et récréer le monde pour accomplir son destin;
elle encourage Apacho à faire de même. Est-ce à dire
qu'il n'y a pas vraiment d'avenir pour ceux qui restent et se soumettent?
Le destin de Mé, selon elle, c'était de quitter les siens, et ce
faisant, elle a récréé le monde. Elle veut tout simplement
dire qu'on ne peut rien faire contre son destin, il est écrit,
tracé dans le ciel et il nous suit partout. Le plus important c'est de
le suivre avec détermination. Si Apacho a pu se "libérer",
c'était aussi parce que cela était écrit. Si le destin des
autres, c'est de rester et subir, et bien, soit! Pour le bien de la
communauté. La sagesse de Mé fait que quelque soit le
côté vers lequel elle se tourne, il y a toujours l'espoir de
servir à quelque chose, selon les plans divins.
Si je peux me permettre une question un peu personnelle, il me semble que
votre destin vous a lui aussi entraînée aux quatre coins du monde.
Comment avez-vous vécu tous ces départs vers des horizons
nouveaux ?
Je suis née au Vietnam, j'ai grandi et été
élevée en Afrique, j'ai ensuite fait mes études en Europe.
J'ai vécu six ans au Mexique, et maintenant, je réside à
Dubaï, dans les Emirats Arabes. Sans oublier que pendant tout ce temps,
j'ai eu l'opportunité de visiter beaucoup de pays.
Economiquement et politiquement, La Côte d'Ivoire connaît des moments difficiles. Quel rôle la littérature peut-elle jouer dans la résolution des difficultés auxquelles la société ivoirienne a à faire face?
Malheureusement en période de troubles, c'est toujours difficile de se faire entendre. C'est avant ces troubles que le travail doit se faire, alors là, la littérature peut intervenir, pour éveiller les consciences à certains maux. Mais, les écrivains font en général partie de l'élite intellectuelle, leur avis peut apporter quelque chose aux problèmes que traversent le pays. C'est pourquoi, je rends hommage à Tanella Boni et à Maurice Bandaman, qui n'ont pas hésité à dénoncer la situation qui prévaut en ce moment chez nous. Ils ont eu le courage de monter au créneau pour mettre tout le monde en garde contre les dérives pouvant résulter de cette fameuse notion d'"ivoirité" qui fait verser beaucoup de sang en ce moment.
Vous-même avez écrit pour les enfants et pour les adultes.
Comment voyez-vous la suite de vos activités littéraires?
Je continue d'écrire pour les enfants. C'est un domaine que je
privilégie. Pour l'année 2001, si tout se passe bien en
Côte d'Ivoire, deux livres pour enfants seront édités,
ainsi qu'un recueil de nouvelles et un roman. Pour des raisons de santé,
j'avais arrêté mes activités littéraires pendant
presque deux ans. Les Larmes de Cristal avaient été
programmées il y a plus de six ans. Aujourd'hui, guérie et
heureuse de disposer de tout mon temps, je peux m'adonner à mon
activité favorite: écrire. Dieu merci, mes changements de
résidence et mes nombreux voyages me sont une grande source
d'inspiration. Mon ouvrage, Le Prince et la Souris Blanche que j'avais
adapté en pièce de théâtre radiophonique, a
été traduit en allemand et est passé sur une radio
allemande, il y a quelques années. Cette même histoire a
été traduite en espagnol par la Fondation José Marti de
Costa Rica. Ce fut une grande satisfaction, car une de mes ambitions, ce
serait de voir certains de mes livres traduits en d'autres langues, pour faire
connaître et partager mon optimisme sur l'avenir de ce monde,
malheureusement divisé à cause de ses différences.
Merci Micheline Coulibaly.
Dr. Jean-Marie Volet
A
L'ECOUTE DE MICHELINE COULIBALY - ROMANCIERE IVOIRIENNE
Un entretien avec Micheline Coulibaly,
proposé par Jean-Marie Volet
The University of Western Australia
Avec Les Larmes de cristal, Micheline Coulibaly nous propose un roman qui retrace les événements qui ont conduit la jeune Mé à quitter le Viêt-nam où elle est née pour s'établir en Côte d'Ivoire.
(Abidjan: EDILIS, 2000. 300p. ISBN 2-909238 72 5)
Les relations de l'Afrique avec le reste du monde ne se limitent pas aux
rapports entretenus avec Paris, Londres ou New-York.
Votre dernier livre, "Les Larmes de cristal" suggère qu'elles incluent aussi des liens étroits avec l'Asie.
Dans quelle mesure ces liens avec l'Orient ont-ils influencé les
sociétés africaines et dans quelles mesures
sont-ils encore importants de nos jours?
De façon générale, on remarque qu'en Afrique, il y a
un grand engouement pour tout ce qui touche à l'Asie. L'Asie a toujours
fasciné l'Afrique, et l'inverse aussi est vrai.
Dans le contexte qui nous touche, les premiers africains à
découvrir l'Asie furent les soldats enrôlés dans
l'armée coloniale française. Beaucoup ramenèrent femmes et
enfants. Dans l'ensemble, les liens tissés ont été
positifs, chacun ayant fait connaître à l'autre un continent
jusqu'alors inconnu. Il y a donc eu un brassage de races évident, avec
la naissance d'une communauté d'Afro-Asiens, un terme qui devrait entrer
de plus en plus dans le langage courant.
Dans le cas spécifique de la Côte d'ivoire, dans les
années 70, la Chine était très présente dans le
domaine agricole, plus précisément, de la riziculture.
Aujourd'hui, elle s'implique dans d'autres secteurs, comme la culture, la
médecine traditionnelle, etc... Mais ce qu'on remarque surtout, c'est la
prolifération des restaurants asiatiques, celle des cabinets de
médecine traditionnelle chinoise (acupuncture et autres), les arts
martiaux japonais et Coréen sont aussi très en vogue.
La magnifique Maison de la Culture d'Abidjan est le symbole de la
coopération sino-ivoirienne, le CHU de Cocody a été
rénové avec l'aide du Japon, etc...
Dans cet ordre d'idée, on ne peut que louer des initiatives comme
le Forum sur la Coopération Sino-Africaine qui s'est réuni tout
récemment à Pékin, avec les ministres chargés des
Affaires Etrangères, du Commerce Extérieur et de la
Coopération Internationale. Ce fut l'occasion de se pencher sur les
problèmes minant le continent africain. Cela a permis de
réaménager le cadre de la coopération agricole,
minière, culturelle, les infrastructures publiques, sans oublier la
politique de l'immigration. Il a été aussi et surtout question
de l'allégement de la dette de l'Afrique, sinon de sa suppression pour
les pays les plus pauvres.
A l'heure de la globalisation, pour ne pas être à la
traîne, l'Afrique doit avoir le regard tourné vers le monde, dans
son ensemble, et non seulement vers l'Occident qui lui a, certes,
apporté beaucoup, mais qui devient un cadre trop limité.
A travers cette saga romanesque, j'ai voulu rendre hommage à une femme
ayant vécu une vie exceptionnelle, ma mère. En effet, ma
mère a eu un parcours, non pas identique, mais, sur bien des points,
semblable à celui de Mé, le personnage principal du roman.
Les photos sont des documents véridiques. Mon grand-père
était bien mandarin. Ces photos sont superbes, surtout celle de mon
grand-père en tenue d'apparat. Elles ont une valeur sentimentale et
historique réelle. J'ai tout simplement voulu faire partager les
émotions que je ressens en les regardant.
J'ai, à travers Mé voulu rendre hommage à une femme
qui a eu un destin exceptionnel, ma mère. Cette mère née
et élevée dans un monde en pleine mutation, nous a appris
quelque chose d'essentiel: la vie ressemble à une route au tracé
tourmenté. Le plus important, c'est de l'aborder avec
détermination.
Mé frustrée et blessée dans son âme et son
corps aspire, sans doute, à un amour partagé, un amour qu'elle a
idéalisé. Mais, on dirait que le sort s'acharne
particulièrement sur elle. Monsieur Minh, qu'elle finit par accepter,
parce qu'il est le père de ses enfants, est emprisonné et
tué. Norbert, celui en qui elle a mis toutes ses espérances pour
effacer un passé douloureux, la trompe. Dans ce cas précis, on
voit que l'amour et la détermination n'ont pas suffi à vaincre la
barrière des cultures. Norbert, une fois retrempé dans les
réalités de son pays, voit autrement la vie. Il est grisé
par son auréole de héros de guerre et trouve toutes sortes de
raisons pour expliquer sa trahison. Il voit en Mé, peut-être
injustement, une étrangère qui ne veut pas accepter les siens,
qui refuse ses traditions. Norbert n'est pas assez franc pour décider de
la rupture. Si Mé avait voulu, elle serait restée, comme
première épouse, parmi les autres. Mais, elle ne pouvait pas se
résigner à revivre les mêmes humiliations que celles
endurées dans le harem de Monsieur Minh. Cet échec, elle le voit
comme la punition de ses ancêtres, pour avoir osé rompre avec sa
patrie, ses enfants.
Thieu apparaît, elle voit en lui son sauveur, celui qui la
réconcilierait avec son passé. Hélas, une fois de plus, le
destin en décidera autrement. Thieu meurt de maladie.
Ces coups du sort n'entament en rien la détermination de Mé:
se relever à chaque fois pour poursuivre sa route.
Aujourd'hui, à 82 ans, celle qui a inspiré le personnage de
Mé, mène une vie très active. Jouissant de toutes ses
facultés physiques et mentales, elle élève une dizaine
petits-enfants et fait sa propre cuisine. Sa seule crainte, devenir un jour
dépendante des autres pour survivre. Nous, ses enfants, savons qu'elle
ne se sent vivre qu'en se sentant utile et indispensable. Alors, nous la
faisons participer à toute prise décision importante pour nos
familles respectives, en espérant que cela la maintiendra encore
longtemps parmi nous!
Nous avons quitté la Côte d'Ivoire tout simplement parce que
mon mari avait eu une proposition de travail intéressante au Mexique.
Pour moi, la famille est sacrée. J'ai donc donné ma
démission et rejoint mon mari au Mexique avec les enfants. Peu importait
l'endroit où j'allais, le plus important c'était de
préserver l'unité de la famille.
Je dois reconnaître que cela n'a pas été facile au
départ. J'avais quitté une occupation que j'aimais bien et que
j'exerçais depuis 18 ans. Du jour au lendemain, je me suis
retrouvée "mère au foyer". Je crois que cette expérience a
été très bénéfique pour notre famille. Cela
m'a rapprochée de mes filles et resserré les liens avec mon
époux. Nous partagions une expérience nouvelle et passionnante.
L'adaptation a été plus difficile pour moi que pour les
autres membres de la famille. Mon époux vivait une nouvelle
expérience professionnelle qui l'occupait beaucoup. Mes filles
étaient enchantées de fréquenter un nouveau lycée
et de se faire de nouveaux amis. Moi, j'étais à la maison. Mais,
j'ai très vite compris que c'était moi qui avais besoin des
autres. Je suis allée vers eux, j'ai recherché leur
amitié. J'ai été très bien accueillie. Les
Mexicains sont un peuple qui sait cultiver l'amitié. Au bout de quelques
mois, nous avons réussi à reconstituer un environnement propice
à notre épanouissement loin de chez nous. Nous avons donc
passé six merveilleuses années au Mexique.
En Juin 1999, mon époux a été affecté
à Dubaï, dans les Emirats Arabes. Nous avons donc quitté le
Mexique avec beaucoup de tristesse, parce que nous y laissions de nombreux
amis.
Nous avions un peu d'appréhension pour ce changement de
résidence, parce que nous allions à la rencontre d'une autre
culture, bien différente de la culture latino-américaine que nous
avons connue au Mexique. Mais, nos craintes furent vite apaisées. A
part, les mêmes problèmes d'adaptation que ceux rencontrés
au Mexique, nous n'avons eu aucune difficulté à nous adapter
à notre nouvelle vie. Sauf que j'ai bien du mal à gérer
l'absence de mes deux grandes filles qui font leurs études à
l'étranger. Heureusement que j'ai encore ma dernière fille qui a
treize ans et qui me prend beaucoup de temps.
J'ai la chance de beaucoup voyager, car j'accompagne parfois mon
mari dans ses déplacements. Dans tous les pays, passés les
premiers jours de dépaysement, je me suis sentie chez moi. Car
l'être humain est le même partout, quelle que soit son origine.
The University of Western Australia
Ecrire à Madame Coulibaly / La page de Micheline Coulibaly sur le WEB / Lire la nouvelle 'LE PLAFOND' de Micheline Coulibaly / [Sommaire du numéro 16 de MOTS
PLURIELS]