Après de brillantes études
primaires et secondaires à Jacmel (Haïti), le docteur Jean Métellus a fait sa
médecine à Paris. Il pratique actuellement comme neurologue
dans la région parisienne. Un écrivain de talent,
son écriture est presque entièrement consacrée
à la culture et à l'histoire d'Haïti. |
Pourquoi vaut-il la peine de lire
Métellus?
D'abord parce que son oeuvre est très importante:
à la fois théâtrale (citons en particulier
Anacaona mise en scène par A. Vitez à Chaillot)[1],
poétique (Au Pipirite chantant paru en 1978 a connu un grand
succès) et romanesque (sept romans chez Gallimard en neuf
ans)[2]. Ensuite, parce qu'en tant
qu'écrivain, il s'est donné pour tâche de rendre compte
du monde où nous vivons (voir l'interview qui suit), tâche
ambitieuse, comme il l'admet lui-même, mais dont il s'est
acquitté avec distinction.[3]. Enfin,
parce que sa voix, dont André Malraux prédisait dans une
lettre à Métellus qu'un jour elle serait entendue,
résonne peut-être avec plus de force que toutes celles qui
aujourd'hui portent témoignage pour Haïti.
La
contribution la plus remarquable de Métellus aura peut-être été
d'imposer son pays natal à l'attention du monde littéraire
dans un des moments les plus angoissants de sa malheureuse histoire. Ce
sont donc le passé, le présent et le futur du peuple
d'Haïti qui forment l'essence de sa littérature. Les
Cacos, roman historique publié en 1989 chez Gallimard, illustre
d'une manière exceptionnelle l'univers romanesque de
Métellus. Publié trois ans après la chute de la
dictature duvaliérienne, Haïti se trouvait alors dans un
chaos indescriptible, en proie à des tensions analogues à
celles qui avaient causé les crises des époques antérieures: conflits de
classes, de conditions et d'intérêts, antagonismes politiques
et sociaux, refus de s'unir face à la menace
étrangère. C'est dans ce climat que Les Cacos lance
une mise en garde aux Haïtiens et leur rappelle la première occupation
américaine (1915-1934), un des moments le plus obscurs de l'histoire
d'Haïti. Le roman évoque la résistance des "cacos",
les paysans haïtiens qui se mobilisèrent contre
l'occupation.
En 1915, cent-onze ans après la déclaration de
l'indépendance de 1804, les marines prennent possession du pays en
vertu de la Doctrine de Monroe, soi-disant pour mettre fin aux
conflits qui ravagent et affaiblissent Haïti et qui en font une proie
facile pour les puissances européennes. Cette occupation
humiliante qui dérobe leur souveraineté aux Haïtiens,
limite leur participation à la vie politique et à l'exercice
du pouvoir, les soumet au travail abrutissant et
non-rémunéré de la corvée, intensifie les
problèmes sociaux comme le préjugé de couleur et le
racisme, creuse un fossé entre les chrétiens et les
vaudouisants en interdisant la pratique du vaudou, appauvrit les citoyens
en les expropriant littéralement à la pointe du canon, bref,
impose un régime qui les réduit à un état voisin de
l'esclavage et qui, en plus, s'attaque à leur identité
culturelle.
Avec l'appui des élites locales qui ont
suggéré, guidé, ou même dicté les actes
de leurs puissants complices, les marines se livrent alors à
des indignités qui ont laissé des marques profondes sur les
générations de l'époque. On estime que 50 000 cacos
ont été tués dans les échauffourées
opposant les envahisseurs et leurs alliés haïtiens à des
paysans en guenilles, armés seulement de bâtons et de
machettes (Anglade cité par Bellegarde-Smith 274). Leur chef,
Charlemagne Péralte, surpris dans un guet-apens, fut
exécuté et attaché à demi nu à la porte
d'une maison le premier novembre 1919 (Gaillard, pp.315-336; Dorsainvil,
p.293; Diederich, p.43-4).
C'est cette image qu'en 1989
Métellus remettait sous les yeux de ses compatriotes afin de les
alerter au danger qui les menaçait: une autre intervention
étrangère aussi brutale et décevante que la
première. L'interview qui suit se situe à mi-chemin entre
la politique et la littérature. Elle propose un état des
lieux du règne d'Aristide, que Raoul Peck, son ancien ministre de
la Culture, appelle aujourd'hui "le bourreau de ce qu'il a aidé
à construire" (p.217).
Docteur Métellus, votre roman "Les Cacos ou le ricanement de la terre" évoque un des épisodes les plus douloureux de l'histoire d'Haïti. Pourquoi avez-vous décidé de retracer l'invasion américaine de 1915? Qu'est-ce qui vous a conduit à écrire ce roman historique? Les événements de '86 ont-ils eu quelque chose à y voir?
Les Cacos, c'est effectivement un roman historique... Si je l'ai écrit, c'est pour servir la mémoire...parce que nous, les Haïtiens, nous ne connaissons pas suffisamment notre histoire ni l'histoire de nos relations avec notre grand voisin; je pense que c'est une histoire qu'il fallait éclaircir... surtout à une période où le retour des Américains en Haïti semblait imminente. Et effectivement, les Américains sont revenus huit ans après pour remettre de l'ordre dans le pays, comme ils l'avaient déjà fait en 1915. J'ai voulu rappeler ce qui s'était passé jadis pour que l'on n'entre pas tête baissée dans une nouvelle occupation. Mais en '94, les Américains sont arrivés...
Oui, ils ont débarqué
... et je pense que ces occupants vont encore être là pour longtemps, dans la mesure où nous avons un président de la République (René Préval) qui vient de faire un coup d'Etat. Il est la seule autorité constitutionnelle du pays, puisqu'il n'y a pas de premier ministre, il n'y a pas de gouvernement, il n'y a pas de chambre.[4] C'est une crise grave.
Le pays est dans une situation difficile.
J'ai été en Haïti il y a un mois, du 30 janvier au 5 février, et j'ai assisté à un défilé d'hommes politiques de plusieurs tendances au palais national. Préval les a reçus mais les différentes concertations qui ont eu lieu entre cette opposition et le gouvernement Préval n'ont absolument rien donné. Nous sommes toujours au point mort avec un premier ministre "de facto"[5] qui ne s'est pas présenté devant la chambre et le parlement qui n'existe pas et un seul homme qui dirige le pays, c'est Préval...et je pense que Préval dirige au nom d' Aristide. On parle très peu de Préval, on parle surtout de Tabarre (ndlr. Tabarre est une localité des hauteurs où l'ex-président Aristide a fait bâtir son domicile) et l'homme de Tabarre, c'est Aristide.
C'est ce qu'on pourrait appeler un gouvernement de doublure.
Oui. Et je pense que les Américains ne sont pas près de partir...
La guerre des cacos se situe entre 1915 et 1920. Le livre a été publié en 1989, temps de crise pour la République d'Haïti. D'un autre côté, on y trouve des références aux ancêtres. Quels sont les rapports de temps que vous avez voulu établir?
Avant toute chose, il faut parler surtout du personnage central, un personnage central que nous connaissons tous; c'est Charlemagne Péralte.
...qui est représenté dans le roman par Alexandre Basalte.
Oui, c'est ça. C'est le personnage central du roman. C'est un personnage qui incarne la résistance, l'orgueil, la fierté, qui incarne les héros de l'indépendance. Disons que j'ai voulu faire revivre les héros de l'indépendance à travers Basalte.
On pourrait donc dire que cette histoire préfigure l'Haïti de 1994? Comme si vous preniez du recul, que vous vous placiez dans la période 1915-1920 et que vous mettiez en garde la communauté haïtienne d'aujourd'hui en lui disant: "Voilà ce qui vous attend."
C'est ça. C'est ce que j'ai voulu faire. Ce que j'ai annoncé est malheureusement arrivé... J'avais vu juste en prévoyant que nous allions avoir ces complications avec la complicité de la plupart d'entre nous. L'histoire des cacos préfigure les luttes intestines que nous avons eues entre '86 et '90; ça préfigure aussi tous nos échecs... et cette histoire dénonce ce qui s'est passé: la complicité entre une grande partie du monde et les occupants. N'oublions pas que c'est le président Aristide lui-même qui a souhaité l'intervention étrangère. Ce qui est grave, c'est que le président a fait une volte-face. Durant la campagne électorale, il luttait au nom de Charlemagne Péralte. Il signait même "Charlemagnepéraltement". Mais en fin de compte, il a fait exactement le contraire de ce que Charlemagne aurait fait, de ce que Charlemagne a fait. Et je ne comprends pas pourquoi... Il se peut que ce soit le goût du pouvoir qui l'ait amené à ça, à se contredire complètement....[6]
Pour revenir à l'histoire, il me semble que le roman nous apporte un enseignement non seulement sur la guerre des cacos mais aussi sur toute l'histoire d'Haïti. Comment avez-vous reconstitué cette période? Quelles sont vos sources?
Les sources de ma documentation historique? Eh bien, je suis resté en contact avec les intellectuels haïtiens, souvent par téléphone, pendant longtemps. Il y a des gens qui m'ont beaucoup aidé, qui m'ont fourni des documents, c'est le cas de Gaillard, Roger Gaillard.[7] C'est aussi le cas de Jean Desquiron qui m'avait envoyé beaucoup de documents.[8] Et de Jean Fouchard.[9] Et finalement de René Piquion.[10] Ce sont mes principales sources...ce sont ces personnes-là qui m'ont aidé à reconstituer cette période. C'est un travail de documentation qui m'a pris énormément de temps et je pense que le résultat--en tout cas, d'après ce que m'ont dit certains compatriotes et des étrangers qui ne connaissaient pas l'histoire du pays--le résultat en valait la peine.
C'est aussi mon opinion.
Quant au Dr. Prassinez et à Thémistocle, ce sont des personnages qui sont sortis de mon imagination. Je les ai complètement inventés. J'ai pensé que ce type de personnages avait dû exister durant l'occupation américaine. Même la description que j'ai faite de Hinche, pour précise qu'elle soit, est aussi un produit de mon imagination...
Mais vous vous considérez quand même comme un écrivain réaliste?
Je me considère comme un romancier tout court. Je ne veux pas me mettre d'étiquette... Pas de qualificatif... Mon ambition, ma grande ambition - que ce soit dans la poésie, dans le théâtre, dans le roman ou dans les essais - c'est de rendre compte du monde entier et d'Haïti dans le monde. Je ne veux pas limiter mon horizon à un seul aspect... Je voudrais rendre compte du monde puisque je vis dans le monde.
Voyez-vous l'avenir d'Haïti comme une succession de luttes ou comme un futur d'harmonie et de réussite?
Je pense que dans l'immédiat, on doit se préparer à mener une lutte. Pour les années à venir, je pense que ça va se passer comme ça s'est passé au moment de l'occupation. Il faudra lutter pour qu'Haïti retrouve sa fierté et nous avons de quoi être fiers, mais pour arriver à cette fierté-là, il faut que le pays soit dézombifié... parce que le peuple a été réduit à l'état de zombies.
... et le pays a été anéanti dans tous les domaines.
Anéanti. Le pays n'a plus de couverture végétale. Manigat[11] a publié une étude où il compare la couverture végétale d'Haïti à celle de la Dominicanie et, nous dit-il, ils (les Dominicains) ont 10 fois plus de couverture végétale que nous alors que nous sommes sur la même île. Conséquence de cela: la désertification. Mais il faut savoir que cette désertification n'est pas seulement le fait de l'Haïtien d'aujourd'hui; ça a commencé déjà au temps de la colonie. Quand Haïti a conquis son indépendance--ça, Manigat l'a bien montré--elle produisait le campêche nécessaire pour l'usage local et pour l'exportation (preuve que la production du campêche était importante). La terre était déjà fatiguée. Elle avait déjà produit des millions et des millions de livres de cacao et de café, de canne à sucre. Et quand nous sommes arrivés à l'indépendance en 1804, nous étions en présence d'une terre qui ne pouvait plus rien donner. La terre n'avait jamais été mise en jachère. Quand on est arrivé à l'indépendance en 1804, nous avons dû nous endetter pour payer une dette que la France de Charles X nous avait imposée. Le montant de cette dette était de 150 millions de francs or. Ces 150 millions de francs or convertis en monnaie actuelle, ça fait 3 milliards 400 millions de francs. Et il y a autre chose. Le pays avait 400 000 habitants en 1804. 400 000 seulement. Or, depuis 1780, il arrivait à peu près 20 000 à 30 000 nègres par an. On se demande où sont passés les autres? Après le génocide indien qui a eu lieu avant l'arrivée des Africains, il y a eu un génocide noir. Au moment de l'indépendance, le pays était nu, la terre était appauvrie, les hommes fatigués. Il n'y avait pas d'industrie. La culture ne pouvait plus rien rapporter vu l'état du sol et le pays est entré dans l'histoire enchaîné. Indépendant mais enchaîné. Enchaîné à la France et contesté par tout le monde. Haïti avait aidé d'autres pays à revendiquer leur indépendance. Dessalines avait aidé Miranda. Miranda avait vécu à Jacmel. Et après Dessalines, Pétion a aidé Bolivar. Bolivar aussi a vécu à Jacmel. Et quand Bolivar a voulu fêter l'indépendance des Etats de l'Amérique latine, c'était en 1825, il a invité Haïti. Mais les Américains ont dit: "Si jamais Haïti vient à cette réunion-là, nous ne serons pas là." C'est-à-dire que le pays est indépendant, mais son indépendance est contestée. En sorte qu' Haïti est entrée dans l'histoire enchaînée, et entourée de puissances tout à fait hostiles à cette indépendance... Haïti a inauguré l'indépendance du tiers-monde... c'est le premier état noir du monde... C'est le premier... Et ce caractère de pionnier qu'on lui conteste, il est en train de le payer. Il y a un autre élément qui a traversé tout le dix-neuvième siècle en Haïti. Durant tout le dix-neuvième siècle, il y a ce que Manigat appelle l'industrie des réclamations étrangères: des commerçants de nationalité étrangère faisaient intervenir à la moindre occasion les forces navales de leur pays avec des demandes et des menaces sur le palais national et Haïti était dans l'obligation de payer. Il y a eu plusieurs affaires de ce genre. Vous connaissez l'Affaire Luders.[12] Les indemnités que nous avons payées nous ont ruinés complètement. Durant tout le dix-neuvième siècle, Haïti a versé de l'argent à l'Allemagne, à la France, à l'Angleterre, aux Etats-Unis.
Dans son ouvrage , dans The Uses of Haiti, Paul Farmer signale qu'entre 1879 et 1902, la France, l'Angleterre, l'Allemagne et les Etats-Unis ont extorqué 2 500 000 dollars à Haïti qui pourtant avait besoin de 80% de son revenu annuel pour payer ses dettes. Et ceci, en plus de ce qu'elle a dû payer à la France.
En plus.
Les Cacos raconte donc une histoire de résistance mais aussi celle d'une lutte pour la survie.
Et l'avenir est bien compromis. Mais un pays ne peut pas être écrasé complètement. Il est vrai qu'il y a des intellectuels qui ont démissionné. Mais il y a encore des hommes qui résistent contre vents et marées.
Bien que l'avenir politique soit compromis.
Oui, et ceux qui ont fait la constitution de 1987 sont en partie responsables. Ils ont empêché tous ceux-là qui ont étudié à l'étranger d'apporter leur contribution au pays. Ceux qui sont aujourd'hui de nationalité française, ou américaine, ou canadienne--il leur a fallu acquérir cette deuxième nationalité pour vivre tout simplement, on n'en veut plus. Le résultat, c'est qu'on trouve toutes nos élites dans les universités étrangères... Maurice Lubin,[13] avant sa mort, me disait qu'il avait rencontré au Japon un Haïtien qui avait fait ses études au lycée Toussaint à Port-au-Prince et qui enseignait l'arabe dans une université japonaise!
Que pensez-vous de la thèse de Jack Corzani selon qui, les Antillais ne connaissent pas de mythes fondateurs parce que la déportation les a séparés des origines et des mythes africains?
Mythes des origines? Je pense que mes origines sont en Afrique. C'est pourquoi j'ai tant écrit sur les dieux du vaudou. J'ai surtout écrit sur Ogoun... J'écris maintenant sur Erzulie, Erzulie-Fréda-Dahomey...[14] C'est grâce aux dieux du vaudou que nous avons pu gagner notre indépendance... Je dis toujours que je suis indien géographiquement, c'est-à-dire que ce que Anacaona[15] m'a laissé, c'est la terre, même si je n'ai rien d'indien, comme le racontent certains Caribéens. Moi, je suis africain et j'occupe une terre qui a connu le génocide de toute une race. En ce sens-là, je suis redevable aux indiens, puisque j'ai pris leur succession... Il reste que les Haïtiens sont surtout d'origine africaine et que les mythes vaudous les rattachent à l'Afrique. C'est indéniable. La cérémonie du Bois-Caïman qui a inauguré la lutte pour l'indépendance d'Haïti était une cérémonie vaudoue, donc une cérémonie où les combattants renouaient leurs liens de sang au nom de leur origine africaine.
Cependant, vous n'exploitez pas le réalisme merveilleux des Haïtiens et dans le roman ces croyances sont présentées comme de simples fantasmes, comme des anecdotes. De fait Les cacos ne semblent pas triompher grâce à ces croyances. Au contraire, ils sont tués.
Ces croyances existent en effet dans nos esprits. Le mythe est essentiel pour le soutien moral du guerrier, pour irriguer le courage des uns et des autres. Les soldats peuvent affronter la mort en se disant: "Je ne mourrai pas." Quand la mort arrive, on n'a plus qu'à tomber.
Qu'est-ce que vous voudriez qu'on retienne de la lecture de votre roman?
Ce que je fais, c'est toujours dans la perspective de situer l'Haïtien dans le monde. Pour montrer que nous sommes dans le monde, que nous ne sommes pas des marginaux. On veut nous marginaliser depuis la création de l'état haïtien en 1804. Tout a été fait par le monde pour nous marginaliser. Aucune nation n'a eu d'égard envers nous. Au contraire, elle ont toutes essayé de nous piétiner. Ce que je dis dans mes romans, c'est que nous ne sommes pas un peuple en marge du monde.
Merci beaucoup, docteur Métellus.
[1] en 1985
[2] Sept romans chez Gallimard en neuf ans: Jacmel au crépuscule (1981), La Famille Vortex (1982), Une Eau-forte (1983), La Parole prisonnière (1986), L'Année Dessalines (1986), Les Cacos ou le ricanement de la terre (1989), Charles-Honoré Bonnefoy (1990). Il faut ajouter à cette liste des recueils de poèmes, des pièces de théâtre et des essais publiés chez Hatier, Messidor, Denoël, Maurice Nadeau et aux Nouvelles du Sud. Pour les premiers grands succès poétiques, voir le numéro double des Temps Modernes (juin-juillet 1969) que Jean-Paul Sartre, admiratif, a consacré à Métellus.
[3] "Il y a comme une urgence, cette urgence fondamentale, seulement comprise par les hommes rares chez qui l'extrême lucidité du regard porté sur la condition humaine se conjugue avec l'émotion de l'espoir et avec la rigueur d'une parole [littéraire] sur laquelle toujours l'écrivain s'interroge. " Françoise Naudillon. Jean Métellus. Paris: L'Harmattan, 1994, pp. 9-10. Joseph Ngango quant à lui met l'accent sur la solidarité de Métellus avec le tiers-monde et l'Amérique noire: "Métellus administre la preuve que ses yeux ne restent pas rivés sur la seule île d'Haïti mais également sur le sud des Etats-Unis, l'Amérique centrale et l'Afrique noire. . . " (213)Quoi qu'il en soit, la preuve de l'universalité de l'oeuvre de Métellus n'est plus à faire.
[4] Le président actuel d'Haïti, M. René Préval, qui appartient au parti "lavalassien" d'Aristide, a dissous le parlement par décret en janvier 1999.
[5] M. Jacques-Edouard Alexis, premier ministre désigné, n'a pas encore présenté son programme au parlement.
[6]. Le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide, renversé en septembre 1991 par un coup d'état où le monde entier voyait la main du général Cédras, a été réinstallé au pouvoir le 15 octobre 1994 suite à l'intervention des troupes américaines et de celles de l'ONU.
[7] Roger Gaillard est un historien haïtien, auteur de Les Blancs débarquent, un ouvrage monumental en 8 tomes qui documente la guerre des cacos contre l'occupation. Le tomeVI est consacré à Charlemagne Péralte.
[8] Jean Desquiron a fait oeuvre d'historien.
[9] Jean Fouchard, historien haïtien, auteur des Marrons de la liberté.
[10] René Piquion, écrivain haïtien, auteur du Manuel de la négritude.
[11] Leslie Manigat, président d'Haïti de janvier à juin 1988, ancien professeur de sciences politiques à Paris et à Caracas.
[12] En 1897, Emile Luders, citoyen à double nationalité haïtienne et allemande, fut arrêté pour avoir frappé un gendarme haïtien. Celui-ci enquêtait un vol dans lequel un employé du même Luders avait été impliqué. Bien que Luders ait été immédiatement relâché, le Kaiser demanda des excuses, réclama $20000 de compensation et insulta le peuple d'Haïti en l'appelant "une bande méprisable de nègres légèrement teintés de civilisation française" (Farmer 87).
[13] Maurice Lubin, écrivain haïtien et ancien professeur de littérature aux E.U.
[14] Erzulie, "déesse vaudou de l'amour", est "le principe féminin" (du vaudou). En plus de l'amour, "elle s'intéresse à la beauté, aux fleurs, aux bijoux" (Deren 62--traduction de l'interviewer)
[15] Anacaona: reine du Xaragua, province occupée par les indiens taïnos au sud de l'île d'Haïti à l'arrivée de Colomb. Voir la très belle pièce de Métellus sur le sujet.
Bibliographie
Bellegarde-Smith, Patrick. "Overview of Haitian Foreign Policy and Relations: A Schematic Analysis. " Haiti-Today and Tomorrow. An Interdisciplinary Study. Eds. Albert Valdman and Charles Foster. Lanham, N. Y. :University Press of America, 1984. 265-81.
Corzani, Jacques. "West Indian Mythology and Its Literary Illustrations. " Research in African Literatures. Bloomington: Indiana University Press, 1994. 131-40.
Deren, Maya. Divine Horsemen: The Voodoo Gods of Haiti. New York: Delta Books, 1970.
Diederich, Bernard et Al Burt. Papa Doc et les Tontons-Macoutes. Paris: Albin Michel, 1971.
Dorsainvil, Jean-Claude. Histoire d'Haïti. Port-au-Prince: Henri Deschamps, 1934.
Farmer, Paul. The Uses of Haiti. Monroe, Me: Common Courage Press, 1994.
Fouchard, Jean. Les Marrons de la liberté. Paris: Editions de l'Ecole, 1972.
Gaillard, Roger. Les Blancs débarquent. Tome VI: 1918-1919. Charlemagne Péralte, le Caco. Port-au-Prince, Haïti: Imprimerie Le Natal, 1982.
Jean, Jean-Claude et Marc Maesschalck. Transition politique en Haïti. Paris: L'Harmattan, 1999
Manigat, Leslie. Conférence du RDNP. Rex-Thé�tre, Port-au-Prince, Haïti, 3 décembre 1999.
Métellus, Jean. Au Pipirite chantant. Poèmes. 1978. Paris: Editions Maurice Nadeau; Lettres Nouvelles, 1995.
- - -. Jacmel au crépuscule. Paris: Gallimard, 1981.
- - -. La Famille Vortex. Paris: Gallimard, 1982.
- - -. Une Eau-Forte. Paris: Gallimard, 1983.
- - -. La Parole prisonnière. Paris: Gallimard, 1986
- - -. Anacaona. Paris: Hatier, 1986.
- - -. L'Année Dessalines. Paris: Gallimard, 1986.
- - -. Les Cacos. Paris: Gallimard, 1989.
- - -. Charles-Honoré Bonnefoy. Paris: Gallimard, 1990.
Naudillon, Françoise. Jean Métellus. Paris: L'Harmattan, 1994.
Ngango, Joseph. "L'Univers romanesque de Jean Métellus." Diss. Université de Yaoundé, Cameroun, 1991.
Peck, Raoul. Monsieur le Ministre. . . Jusqu'au bout de la patience. Port-au-Prince, Haïti: Editions Velvet, 1998.
Piquion, René. Manuel de la négritude. Port-au-Prince, Haïti: Henri Deschamps, 1965.
Sartre, Jean-Paul. (éd.). Les Temps Modernes. Juin-Juillet 1969.
Prof. Jean-Marie Salien
Fort Hays State University