Abdourahamane Hassèye Touré
Lhistoire des universités de Tombouctou est encore mal connue de nos jours. En dehors des manuscrits du XVIe siècle, il ne nous reste que quelques reliques des lieux où sest manifestée cette intense activité culturelle. Qui étaient les animateurs des cours?
Comment fonctionnaient les institutions? Les rôles et les fonctions des produits de ces grandes écoles étaient-ils en phase avec les réalités dalors?
Autant de questions ouvertes qui pourraient inspirer la jeune université du Mali.
Pourrait-on réhabiliter ces centres denseignement pour que Tombouctou retrouve sa splendeur dantan et redevienne une cité de lesprit enviée par les pays du Nord et du Levant?
Les universités tombouctiennes:
grandeur et décadence
Editions Donniya, Bamako
Cet article a été publié dans la revue culturelle
TAPAMA
no1, 1996, pp.6-10.
Reproduit avec l'aimable autorisation des Editions Donniya.
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Tombouctou avant lédification du front islamique |
Il serait plus judicieux de parler duniversités au pluriel à Tombouctou, car chaque école (mosquée) abritait un "collège sacerdotal" qui lanimait et dont le cursus et les diplômes étaient reconnus par les autres établissements de la ville et dans le reste du monde musulman.
Lhistoire culturelle de cette ville quoique contemporaine à sa fondation, serait selon nos chroniqueurs soudanais [1], lapanage des seules familles maraboutiques Aqît et Anda. Ils disaient que "sa civilisation lui vient uniquement du Maghreb aussi bien sous le rapport de la religion que sous le rapport des transactions" [2].
Si ces dernières, les familles Aqît et Anda, lui ont donné ses lettres de noblesse, il reste cependant que Tombouctou est largement tributaire de sa ville mère Djenné qui a essaimé "toutes ses premisses de civilisation à travers la vallée occidentale du Niger, loin jusquà Tombouctou".
Deux éléments semblent apporter la preuve de cette avance de Djenné sur Tombouctou à propos des choses de lesprit et le rôle davant-garde quelle a joué dans la formation de lélite intellectuelle de Tombouctou. Tout dabord, Djenné fut convertie à l'islam au VIe siècle de lhégire et disposait déjà dans les années 1300 de notre ère de 4 200 ulémas [3]. Ensuite, même si cet islam était alors une religion dEtat, de riches commerçants Wangara [4] et leurs accompagnants Maïga et Gabo migrèrent vers Tombouctou et sont cités parmi les grandes figures de ce prosélytisme islamique.
A Djingareyber, "les premiers personnages qui occupèrent des fonctions dimam dans cette mosquée furent des savants nègres; ils exercèrent ce sacerdoce sous le règne des gens de Melli et en partie sous celui des Touarèg. Le dernier imam nègre fut le jurisconsulte Cadi Kâteb-Moussa. Il fut imam pendant quarante ans..." [5].
La seconde raison est que Djenné a assumé pendant toute lépoque de gloire de Tombouctou et même jusquà une époque relativement récente le rôle dentrepôt commercial incontournable dans les relations Nord-Sud. "Le site de Djenné est admirablement choisi : avant-poste commercial de Tombouctou et du monde arabo-berbère vers les pays de lor du sud, à la frontière du monde animiste, il fallait que la ville puisse communiquer librement avec le Nord par le fleuve, tout en étant à labri dun coup de main de ses turbulents voisins quauraient pu attirer ses richesses" disait Raymond Mauny [6]. En regardant le tissu social actuel de Tombouctou, on pourrait se faire une idée de ce qua été la ville à ses origines quant à son occupation par les différentes composantes ethniques.
La carte de la ville publiée par la revue Sankoré montre Tombouctou au XIVe siècle sous loccupation mandingue avec comme seules places importantes les forteresses (Palais Madougou, Fortin de Kankou Moussa et la place Koï-Batouma). Cest à côté de ces garnisons que sera édifiée la mosquée de Djingarey-ber qui donnera son nom à lun des premiers quartiers de la ville.
Une seconde carte de la même revue fait mention des nouvelles frontières de la ville au début du XVIe siècle. En effet, le cur de la ville est le domaine des populations de Djenné ou de louest qui sont arrivées par voie deau jusquà Badjindé ou le canal des hippopotames. Lespace était alors partagé en kunda, mot qui signifierait quartier et dont lorigine serait dailleurs soninké. On y dénombrait plusieurs kunda : Wangara-kunda, Diawaï-kunda, Birintjé-kunda et Sinawar-kunda...
Chaque kunda correspondait à un corps socio-professionnel et le nom rappelle lorigine du peuplement ou son histoire. Saraï-Keina, qui est parti du minuscule bourg de Bissaou-Tjiré, connaîtra tout dabord linfluence des apports culturels issus de la campagne de songhaïsation entamée par le Shi. "Lépopée Sonni-Ali en 1468 ouvre la voie à une nouvelle vague de migration cette fois de louest vers lest. Cette campagne songhoï va au-delà de Tombouctou car les armées du Shi voulaient rattraper les familles des ulémas qui étaient en fuite vers le nord. Elles arrivèrent jusquà Arawan où certains régiments ont choisi de sinstaller définitivement" [7].
Ensuite en 1591, Sareï-Keïna sera le quartier général des troupes marocaines abritant la Casba, détruite en 1833 par les Peul de Sékou Amadu. "On sait cependant quelle était entourée dune enceinte, avec deux entrées : la porte de Kabara et la porte du Marché. A lintérieur, plusieurs résidences y étaient aménagées dont le mishwar du Pacha, la mosquée dite de la Casba (ancienne mosquée Al-Khalid), des écuries, un magasin aux grains, une prison et une place publique où étaient disposées les pièces dartillerie traînées par les Marocains au Soudan".
Sankoré, comme dans lempire du Ghana, était le quartier des Blancs arabo-berbères qui venaient commercer avec le pays des Soudans mais qui avaient des préoccupations culturelles. Lislam, nouvelle religion des Africains, nétait-il pas le mailleur moyen de simposer aux autres composantes sociales?
Mais, fort heureusement, lédification de ce front islamique maghrébin se heurta à une résistance de quelques néophytes soudanais qui ont su intégrer cette religion au point den être la réplique valable des savants moyen-orientaux.
Cette bataille larvée entre gens du Nord et ceux du Sud pour le leadership au niveau de lenseignement et dans dautres fonctions administratives et juridiques a été longtemps entretenue par les souverains de la ville (le chef touarèg Akil dobédience arabo-berbère et les Askia proches des souches africaines). Par ailleurs, nous savons que les fondateurs de la ville (le touarèg Imagcharen) étaient très peu portés sur la religion (F. Dubois).
Cet article na pas pour objet de relancer le débat sur les axes de pénétration de lislam à Tombouctou mais plutôt de préciser les acteurs sociaux de la ville qui ont été les précurseurs de cette instense activité culturelle et religieuse dont le couronnement reste linstallation de ces universités de renom telles que Sankoré ou encore loratoire de Sidi Yahya.
Parmi les savants et professeurs émérites de ces universités, nous savons aujourdhui que certains seraient venus de Djenné et de louest africain, des villes comme Birou (Oualata), Tâïo, etc. Un auteur béninois Z.D. Issifou, en relisant le Tarikh es-Soudan, relève le rôle qua joué Djenné dans lémergence culturelle de Tombouctou et cela avec une dose de réalisme, tout en laissant la part qui est due aux savants maghrébins et égyptiens : "Mais la plus grande fierté de Djenné en tant que ville universitaire" fut dêtre le berceau du Câdi Mahmoûd ben Abou Bekr Baghayogo, père des éminents savants Mohamed et Ahmed qui eux feront la renommée de la cutlure islamique noire au Soudan [8].
Le choix de Tombouctou pour abriter luniversité du Soudan |
Les raisons sont de plusieurs ordres:
* Géo-économiques : ville carrefour, elle servait de rupture de charge pour les commerçants berbères du Nord et les populations noires du Sud qui séchangeaient esclaves, colas et chevaux contre livres, sel et tissus...
Mais c'etait surtout les ressources naturelles de la ville qui faisaient la convoitise des populations pastorales du Nord et des agro-pasteurs et pêcheurs qui arpentaient les riches vallées du Niger.
Tombouctou et son hinterland constituaient les derniers oasis pour les caravaniers nomades venant du désert. Ses riches pâturages de saison sèche permettaient aux troupeaux de séjourner jusquau retour des pluies.
Le fleuve, par ses nombreux affluents, inondait des vallées fertiles aujourdhui fossiles ce qui permettait aux populations sédentaires de mettre en culture les plaines situées au sud de la ville. Jusquà une période récente, le canal qui relie Tombouctou au fleuve Niger servait à la mise en eau dimmenses espaces de culture de contre-saison. Lintérieur de la ville regorgeait de mares et détangs qui entretenaient des périmètres maraîchers et des points dabreuvement pour les animaux.
* Les considérations géo-poliques sont certainement lélément le plus déterminant qui a favorisé léclosion de cette université, loin des capitales des grandes principautés dalors (Mali, Songhay, Yatenga) qui, malgré leurs incursions, narrivaient pas à établir un contrôle effectif sur la ville.
* Enfin, la recherche dun nouveau pôle pour lislam serait une raison de la conquête de la ville. Les intellectuels arabo-berbères reculaient devant les poussées chrétiennes dans le nord de lAfrique [9] et les Soudannais, après les exemples dEtats théocratiques du Ghana et du Mali, voulaient reproduire une formation politique gérée par les préceptes islamiques, loin des grandes turbulences mais aussi des "islams entachés de paganisme" [10].
Les fondements institutionnels des universités |
Le concept tombouctien de luniversité est comparable à celui de léglise chrétienne du Moyen âge européen qui estimait que luniversité était "une institution ecclésiastique jouissant de privilèges royaux et pontificaux et chargée de lenseignement".
A Tombouctou, luniversité sest appuyée sur la gent islamique et a bénéficié du soutien matériel et dune caution juridique de différents régimes politiques, notamment celui des Askia. Son cadre institutionnel repose sur un ensemble détablissements (mosquées, écoles coraniques, oratoires, etc.) dont la gestion et le fonctionnement étaient très adaptés aux préoccupations des adeptes et aux conditions socio-économiques de la ville. En fait, les Soudanais avaient transcendé les dimensions spatiales et temporelles de luniversité. Les séminaires et cours étaient dispensés de façon itérative aux différentes heures de la journée et il ny avait aucune exigence pour les apprenants que celles relatives aux aptitudes intellectuelles à suivre les grandes digressions des professeurs.
Les mosquées constituaient les principaux centres denseignement. Parmi les plus célèbres, il y avait:
* Djingerey-ber. Construite entre 1325 et 1330 par lempereur du Mali de retour de la Mecque. Larchitecte Abou Ishaq Es Sahedi Al Touedjin a reçu 40 000 mithcals dor pour la conception.
* Sankoré. Probablement construite entre 1325 et 1433, sa "partie nord servait de salle de classe du temps où la mosquée jouait la fonction duniversité".
* LOratoire de Sidi Yahya ou mosquée de Mohamed Naddah. Elle fut créée vers 1400 et cest 40 ans plus tard que le savant fut investi des fonctions dimam.
Ces trois mosquées ont été réhabilitées par le cadi de Tombouctou El Hadj El Aqib. Dautres mosquées furent édifiées sous loccupation marocaine : El Hena (1620-1630) fut détruite par les Peuls entre 1826 et 1860. Celle de Kalidi qui fut plus tard transformée en garnison, et enfin celle de Algoufour aujourdhui fondue dans le quartier de Sarey-Keina.
Cette intense activité intellectuelle était soutenue par une riche bibliothèque universitaire dont les références pouvaient être obtenues auprès des professeurs. Chaque universitaire avait sa propre bibliothèque, constituée à partir douvrages achetés ou échangés sur le marché du livre ou bien copiés auprès dautres érudits.
Il convient de souligner quune fonction capitale, celle des scribes, qui fit la prospérité de ce fonds documentaire est aujourdhui désuète. Un vaste commerce de manuscrits dont les retombées économiques étaient substantielles a dû caractériser cette époque médiévale.
De ces établissements, animés par déminents professeurs pour lesquels J.B. Villars nhésite pas à donner les qualificatifs "dAbelard, de Saint Thomas dAquin et de Maritain noirs" et des étudiants "plein dardeur pour la science et la vertu" (T.S.), sortaient les grands dignitaires de lEtat : Cadi, Imams, professeurs, conseillers des rois, scribes, calligraphes...
Parmi les professeurs duniversité, on peut citer quelques noms célèbres:
* Abou Hafs Omar, agrégé dans la science de la tradition, les biographies, les annales, lhistoire et le droit.
* El Hadj Ahmed, grand-père de Es-Sadi, jurisconsulte, lexicographe, grammairien et prosodiste, avait laissé 700 volumes dont la plupart étaient "écrits de ses mains avec de copieuses annotations".
* Mahmoud ben Godalà fit progresser lenseignement du droit.
* Le théoricien du droit, de la rhétorique et de la logique Ahmed ben Yahya possédait lune des bibliothèsques les plus riches.
* Sidi Yahya El Tadelsi, au sujet duquel Zeid Abderrahman disait "quil est du devoir des gens de Tombouctou de visiter chaque jour le mausolée..." tant sa science était grande.
* Enfin, Ahmed Baba qui fut le plus célèbre étudiant et maître que Tombouctou ait jamais connu.
Du fonctionnement de luiversité, on sait peu de choses concernant les émoluments des professeurs. On sait quand-même que les rois et les grands dignitaires de la ville leur faisaient de grands présents : cotations sur les récoltes, dons desclaves et de concubines, financement de leurs voyages détudes ou sur les lieux saints de lislam, etc.
Des critiques ont été faites au sujet des enseignements qui, semble-t-il, ont été trop focalisés sur la religion et les sciences humaines, mêmes si on reconnaît que certains universitaires se sont intéressés à lastronomie. Il faut rappeler que les préoccupations des populations dalors nétaient pas daller sur la lune ou dinventer de nouvelles machines, mais plutôt détablir un nouvel ordre social basé sur la justice, la connaissance de la foi, la cartographie des lieux...
La pépinière de savants et érudits sortait de différentes écoles coraniques qui préparaient les jeunes à lentrée à luniversité après une dizaine dannées de cours sanctionnés par une licence Ijaza.
Lenseignement était assuré par des professeurs alfas dont le système de rétribution dépendait des présents donnés en nature ou en espèces par les élèves tous les mercredis de chaque semaine. Cette sorte de redevance, connue sous le nom alarba-dakara, était fixée en fonction de la situation socio-économique des parents délèves. Elle ne saurait être confondue avec lexploitation matérielle de certains maîtres coraniques de nos jours.
Le cheikh Mohamed ben Ahmed, qui visita un mercredi lécole du célèbre Ali Takaria, attesta que ce dernier avait reçu 1725 cauris de ses disciples. Lenseignement était axé sur la connaissance des "114 chapitres du Coran", lécriture et la calligraphie.
Le parti musulman: le rayonnement culturel et le rôle des ulémas dans la vie socio-politique de Tombouctou |
Les auteurs sont partagés à ce sujet. Certains, comme H. Barth, considèrent que la classe intellectuelle "na joué à aucune époque, et surtout à celle de lantique splendeur du pays, quun rôle politique tout-à-fait secondaire..." [11]. Dautres, comme D.Z. Issifou, mettent à lactif de cette classe des ulémas, tous les malheurs du brillant empire songhoy.
Ce débat fera peut-être lobjet dun autre article, mais il situe tout de même le rôle qua pu jouer la classe intellectuelle dans la gestion de lempire songhoy. Voici quelques faits marquants de son histoire. Elle aurait pactisé avec les Touarèg contre Sonni Ali qui, en 1468, sen est vertement pris aux ulémas. Elle a également été le réceptacle du pouvoir des Askia lors du coup dEtat contre le Shi en 1493.
Selon D.Z. Issifou, tout le règne de la dynastie des Askia sera marqué par les ulémas. Dailleurs, il pense que si "les Askia ont joué pleinement la carte musulmane, par conséquent, celle de Tombouctou, cétait dune part dans le but de continuer à bénéficier du soutien politique de cette communauté islamique bien organisée et, dautre part, pour mieux la surveiller en réduisant ses vélléités dopposition" [12].
Dautres auteurs soutiennent que ce sont les exigences mêmes de lEtat théocratique qui justifiaient le rôle des ulémas; "les ulémas par leurs conseils lorientaient et participaient souvent à lexercice du pouvoir. Cétaient eux qui inspiraient la politique impériale" [13]. Enfin, cette classe intellectuelle qui a aidé les Askia à gouverner sera incriminée dans la chute de lempire à Tondibi en 1591.
On ne peut conclure sur les rôles et limportance des universités à Tombouctou sans faire allusion aux différentes conquêtes qui entamèrent cette belle construction universitaire:
* La conquête de la ville par Sonni Ali au XVe siècle. Le shi persécuta les ulémas et confisqua leurs biens.
* Linvasion marocaine au XVIe siècle vit la déportation de nombreux savants parmi lesquels le célèbre Ahmed Baba.
Ce quil convient dappeler la trahison des gens de Tombouctou et non le "renouvellement du serment de fidélité au sultan" dans la mosquée de Sankoré reste encore gravé dans la mémoire de tous les fils du pays. Selon le T. El Fettach : "Tous les habitants de Tombouctou sassemblèrent donc dans cette mosquée et on fit apporter le Coran (Le Salîh dEl Bokhâri et celui dEl Moslim). Ceci se passait dans la matinée du mercredit 24 du même mois (20 octobre 1593). Quand tout le monde fut réuni, tandis que les fusilliers marocains se plaçaient à toutes les issues et sur les terrasses, alors se produisirent toutes les choses que Dieu avait décidé, des choses quil ne convient pas de raconter car le cur ne pourrait supporter le récit... Ce fut le plus grand préjudice qui ait été porté à lislam tout entier" (page 304 et suivantes).
Au cours de cette déportation, plusieurs savants furent mis à mort. Ce fut le début de la décadence. Lauteur du Tarikh El Fettach considère quaprès lexil des savants "Tombouctou devint comme un corps sans âme..."
Tombouctou se relèvera de cette décadence après le retour de quelques-uns de ces ulémas mais les incursions touarèg Kel-Tadmekket et peul du Macina vers la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles affecteront de façon irréversible le développement culturel de la ville.
Les visées impérialistes françaises donneront au XIXe siècle le coup de grâce à cette brillante culture. Certains missionnaires rapportèrent au gouvernment des colonies les mécanismes de la conquête culturelle de la ville de Tombouctou.
Félix Dubois [14] le stigmatise de la façon suivante: "Enfin, javais rêvé également dun Tombouctou devenu un foyer de langue et de culture française, comme elle fut jadis un centre de culture arabe." Déception encore! On ne sest point soucié, non plus, de prendre en main le grand levier moral et intellectuel quoffre Tombouctou. Elle fut, de tout temps, le cerveau du Soudan. Les savants de son université étaient connus dans les universités de Fez, de Kaïroman au Touat et en Tripolitaine. Après une instruction primaire reçue au pays natal, cest ici que Soudanais et gens du désert venaient faire de hautes études. Le proverbe soudannais dit "le sel vient du Nord. Lor vient du Sud. Largent du pays des Blancs, les histoires et les contes jolis, on ne les trouve quà Tombouctou" (pages 80,81).
Le livre dans la cité Salem ould Elhadj |
[1]. Es-Sa-di et Mohamed kâti, respectivement auteurs de Tarikh es-Soudan et Tarikh-El-Fettach.
[2]. Tarikh El-Fettach, pages 35/37.
[3]. in J.L. Triaud, 1973.
[4]. Les descendants de nos jours peuplent le quartier de Badjindé à Tombouctou.
[5]. T. El-Fettach, page 92.
[6]. in J.L. Triaud, 1973, pages 127 et 128.
[7]. in A.H. Touré (Mémoire Ensup 1985, page 37).
[8]. Z.D. Issifou, page 192, 1982.
[9]. Expéditions de Louis IX contre lEgypte (1248-1254) et contre Tunis en 1270.
[10]. in A.H. Touré (Mémoire de fin détudes Ensup, 1985).
[11]. in J.L. Triaud, 1973.
[12]. D.Z. Issoufou, page 190, 1982.
[13]. Sidi Y.B. Maïga/CEDRAB.
[14]. F. Dubois "Notre beau Niger", éditions Flammarion. Paris 1911, page 299.
Bibliographie
Félix Dubois. Tombouctou, la mystérieuse. Paris: Ed. Figaro, Flammarion, 1897.
Jean-Louis Triaud. Islam et sociétés soudanaises au Moyen-age. Recherches voltaïques 16, Paris-Ouagadougou: CNRS-CVRS, 1973.
Tarikh El Fettach. Mahmoûd Kâti ben El Hâdj, El-Moutaouakkel Kâti. Paris: Ernest Leroux, 1913.
Adame Konaré Bâ. Sonni Ali. Etudes nigériennes no 40, IRSH Niamey, 1977.
Zakari Dramani Issirou. LAfrique Noire dans les relations internationales au XVIe siècle. (Analyse de la crise entre le Maroc et le Songhoy) Paris: Ed. Karthala, 1982.
Sidi Yahiya Bania Maïga. Contribution des Askia à lexpansion et au rayonnement de lislam en Afrique de lOuest. Tombouctou: CEDRAB, n.d.
Tarikh Es-Soudan. Es-Sadi, Paris: Maisonneuve, éd. Hondas, 1981.
Abdourahamane H. Touré Tombouctou, le monde culturel non islamique. In mémoire de maîtrise, Ensup 1984-1985.
J. Bernard Villars Lempire de Gao Etat soudanais aux XVe et XVIe siècles. Paris: Plon, 1942.
Sankoré. Revue de vulgarisation scientifique. Ministère de lEducation nationale de la Jeunesse et des Sports, ESRS, Coll. Populaire no1973.
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