Quoi qu'il en soit, et si jeu il y avait, je n'éprouvai pendant fort longtemps aucune difficulté à jouer celui du Marrane volontaire qu'était devenu mon père, à vibrer aux antiques exploits de l'armée suisse et à pleurer sur les actuelles défaites de l'équipe nationale de football. Rien, pas même un nez crochu, ne me distinguait de mes camarades, et jamais je n'eus à supporter la moindre remarque concernant mes lointaines origines. (233)

Benoziglio, Jean-Luc. Cabinet portrait. Paris: Seuil, 1980 (268 p.)