Aka Kouamé
IFORD (Institut de Formation et de Recherche
Démographiques) Yaoundé
Alors que les ressources humaines nécessaires à son développement durable lui font cruellement défaut, l'Afrique perd chaque année un grand nombre de ses travailleurs les plus qualifiés au profit des pays du Nord. Ce phénomène qualifié de fuite des cerveaux ou d'exode des compétences ne date pas d'aujourd'hui ; il remonte aux indépendances (acquises pour la plupart aux alentours de 1960), si pas à la période coloniale. Il s'est intensifié au cours de la dernière décennie avec une perte moyenne de 20 000 professionnels par an. Des études approfondies sur cette question sont rares en Afrique, mais elles ne sont pas nécessaires pour comprendre les causes qui sous-tendent cet exode massif des compétences. Si dans la période post-coloniale immédiate, l'attrait des " lumières de l'occident" pouvait justifier la rétention des Africains en Europe de l'Ouest et en Amérique du nord, aujourd'hui, celle-ci semble faire suite au contraste énorme entre cet attrait (justement) et les conditions internes déplorables des pays africains, génératrices de nombreux facteurs de répulsion.
En effet, au cours des deux dernières décennies, beaucoup de pays africains ont connu une grave dégradation de leur situation économique et sociale. Les facteurs de cette évolution négative sont nombreux, mais l'incapacité des sociétés africaines à y faire face semble, en dernier ressort, le plus déterminant. Cette incapacité résulte de la faible dotation en ressources humaines nécessaires à l'analyse, la formulation et la gestion des politiques de développement susceptibles de soustraire l'Afrique aux incertitudes de l'avenir. Elle résulte aussi des déficiences du cadre institutionnel qui n'est rien d'autre qu'un corollaire du facteur précédent. Ainsi est-il apparu que si l'Afrique veut assurer un minimum de sécurité à ses habitants, les gouvernements devraient prendre des mesures visant à renforcer les capacités humaines et institutionnelles nécessaires pour soutenir la croissance et le développement. Déjà au niveau des instances internationales, des initiatives ont été prises pour le développement des capacités en Afrique. Des exemples de ces initiatives sont la création de la fondation pour le développement des capacités en Afrique (financés par différentes institutions dont la Banque mondiale, le PNUD, la Banque africaine de développement, etc.), et le programme TOKTEN du PNUD. Ces initiatives ont probablement inspiré les gouvernements africains sur la nécessité de programmes visant à développer les capacités humaines et institutionnelles nationales. Est-ce réellement le cas ?
Par ailleurs, si renforcer les capacités humaines est une des conditions nécessaires au développement de l'Afrique, elle n'est pas suffisante. Il faudrait parallèlement créer un contexte favorable à la rétention du capital humain ainsi formé pour éviter de nouvelles fuites des cerveaux. Si donc des programmes de développement des capacités existent, tiennent-ils compte de cette donnée ?
L'objet de cette étude est de répondre à ces deux questions dans le cas du Cameroun. Pour ce faire, nous allons dans un premier temps faire un exercice théorique sur le concept de développement des capacités.
LE CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DES CAPACITES [1] |
Selon Lisk (1996), le développement des capacités désigne un processus exhaustif offrant les ressources intellectuelles nécessaires à l'identification des contraintes d'une part, et à la planification et la gestion du développement de l'autre. Ce processus implique le développement et l'utilisation optimale des ressources humaines, la mise en place des institutions et la création d'un climat politique favorable. Le concept renvoie donc au développement des capacités humaines et institutionnelles, les deux n'étant pas mutuellement exclusives, au contraire. De telles capacités permettront d'optimiser l'efficacité et l'impact des institutions en matière de gestion, d'administration publique, de promotion des entreprises, d'autres initiatives privées, etc.
Sur la base de cette définition et de l'évolution de la situation concrète de l'Afrique au cours des dernières années, l'auteur propose les domaines prioritaires suivants dans la mise en place des capacités :
L'ordre de priorité de ces domaines dépend du contexte de chaque pays et des ressources dont il dispose. Qu'en est-il au Cameroun ?
LE DEVELOPPEMENT DES CAPACITES AU CAMEROUN |
L'initiative sur le développement des capacités en Afrique remonte à une dizaine d'années environ, mais elle ne semble pas encore avoir connu d'application concrète dans certains pays. Le Cameroun semble faire partie de ceux-ci. En effet, des entretiens que nous avons eus dans les services compétents indiquent que c'est très récemment que le sujet fait l'objet de réflexions. On envisage la création d'un secrétariat général au développement des capacités, mais cette structure n'existe pas encore. Cela ne signifie pas que rien ne se fait dans ce domaine dans le pays ; qu'il s'agisse de développement des ressources humaines ou de renforcement des capacités institutionnelles.
En ce qui concerne le développement des ressources humaines, des efforts ont toujours été déployés dans ce sens dans tous les pays. Le système d'éducation de la plupart des pays africains consomme une bonne part du budget de l'Etat. Même si de nombreux problèmes persistent dans celui-là, on a assisté à une évolution remarquable des effectifs scolarisés depuis les indépendances. Les taux de scolarisation ont connu une augmentation significative depuis cette période, en dépit de la stagnation observée au cours des périodes récentes caractérisées par une crise profonde. Ces résultats positifs ne doivent, toutefois, pas faire perdre de vue les nombreux dysfonctionnements des systèmes éducatifs africains. Parmi ceux-ci on compte leur inadaptation, leur faible rendement, la qualité médiocre de l'essentiel de la production, leur inadéquation par rapport à la demande de main-d'uvre qualifiée en raison du contraste entre les effectifs pléthoriques des humanités et ceux beaucoup plus restreints des filières de transformation de la matière, etc. A titre indicatif, l'enseignement supérieur au Cameroun compte environ 70 000 étudiants dont seulement 10 500 sont dans les filières professionnelles et technologiques et 12 900 dans les filières scientifiques facultaires. Parmi les 10 500 des filières professionnelles techniques, seulement 3 950 sont dans les filières technologiques, soit seulement 6% des effectifs de l'enseignement supérieur (République du Cameroun, 2000 : 4). Ces problèmes sont liés non seulement à l'insuffisance des ressources financières (les filières technologiques requièrent d'énormes moyens financiers, comparées aux humanités) - surtout depuis la crise et les réformes de politiques économiques subséquentes - mais également aux faibles capacités institutionnelles et humaines.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement camerounais a entrepris depuis 1993 la réforme de l'enseignement supérieur. Deux caractéristiques essentielles de cette réforme sont la multiplication du nombre d'universités (6 au total) et leur répartition entre les différentes régions du pays, et le principe de la décentralisation qui fait des universités des établissements publics dotés d'autonomie administrative, académique et financière. Cette dernière a abouti au partage des coûts (avec la participation des usagers aux frais de fonctionnement des établissements universitaires), et à la recherche d'une plus grande insertion des universités dans leur environnement, en ayant notamment le souci du développement d'un partenariat avec les milieux socio-professionnels. Dans ce dernier domaine, des initiatives existent, aussi bien en ce qui concerne l'enseignement (journées de l'entreprise, forum des entreprises, etc.) que la recherche (contribution de l'entreprise UNICAM à la recherche dans les universités, à travers le projet UNICAM 2000, mais elles restent limitées (République du Cameroun, 2000).
L'aboutissement de cette réforme permettra au Cameroun de disposer d'un outil efficace de renforcement des capacités humaines nécessaires à son développement. C'est en tout cas un des objectifs assignés à cette réforme ; celui de fournir au Cameroun des cadres disposant des compétences nécessaires à l'exploration et à l'exploitation de ses ressources naturelles, à la bonne gestion et la conservation de ces ressources pour un développement durable, et à la négociation dans le contexte de la globalisation.
La difficulté est que dans cette tâche se pose aussi le problème de renforcement des capacités. En effet, la mise en oeuvre de la réforme souffre de nombreuses insuffisances, à la fois aux plans humain, matériel et financier. On note une insuffisance criarde des infrastructures académiques et sociales et des équipements collectifs disponibles eu égard à la demande sociale toujours croissante. Il existe aussi, suite à la multiplication des universités, un déficit d'enseignants dû aux conditions de travail pas aussi attrayantes que par le passé, et à la dégradation de l'environnement économique et social qui n'encourage pas le retour des scientifiques de haut niveau partis étudier dans les pays du Nord. En plus de l'insuffisance des effectifs enseignants s'ajoute ceux liés à la gestion du personnel enseignant disponible : la gestion des carrières, la difficile conciliation entre les fonctions d'enseignants et de responsabilités administratives ; et l'impréparation des enseignants à assumer convenablement les tâches de gestion qui leur sont confiées. Ainsi, pour permettre au système d'enseignement supérieur de jouer son rôle de développement des ressources humaines, la réforme devrait intégrer une stratégie des renforcement des capacités. Celle-ci doit non seulement doter les institutions universitaires des structures et ressources nécessaires à leur fonctionnement, mais également favoriser le retour des scientifiques nationaux de haut niveau restés à l'étranger.
Outre l'approche classique de développement des capacités humaines par le système d'enseignement, d'autres activités menées par le gouvernement camerounais peuvent aussi être classées comme relevant de cette stratégie. Des exemples d'activités de renforcement des capacités au Cameroun sont donnés ci-après.
En premier lieu, il y a les activités parcellaires contenues dans différents projets de développement. Ici, le renforcement des capacités se fait de manière dispersée, à travers les différents projets de coopération avec les bailleurs de fonds et les agences de développement international. Dans ces projets, le renforcement des capacités n'est pas perçu uniquement au niveau de la conception et de la gestion, mais également au niveau des bénéficiaires sur le terrain. Généralement, le renforcement des capacités consiste à l'équipement des structures impliquées et à la formation aussi bien des intervenants que des bénéficiaires.
Un autre exemple est celui des activités de renforcement des capacités initiées par le bureau régional de la CEA pour l'Afrique centrale. Ce programme couvre toute la région Afrique centrale, donc le Cameroun aussi. Il vise le renforcement des capacités d'analyse et de programmation des politiques de sécurité alimentaire et d'échanges commerciaux, en vue d'assurer l'autosuffisance alimentaire et le développement durable dans la sous-région. La stratégie repose sur le développement des ressources humaines et la création ou le maintien d'institutions et d'infrastructures pour faciliter l'accès et le transfert de l'information. A ces fins, il sera mis en place : un cadre d'interventions stratégiques en appui à la sécurité alimentaire et au développement durable ; un ensemble d'outils et d'instruments pour doter les experts africains du savoir-faire nécessaire à la résolution des problèmes liés aux accords commerciaux, avec un accent particulier sur la sécurité alimentaire, l'expansion du commerce et le développement durable dans la sous-région ; un système d'information ; un programme de formation, un programme de promotion du partenariat et un réseau d'experts. La mise en place du cadre stratégique aboutira à la création d'un certain nombre d'institutions nationales et sous-régionales. Pour ce qui est du développement des capacités humaines, il consiste en la formation des experts des différents pays dans les méthodes d'analyse des politiques, avec la collaboration d'universités américaines et canadiennes. La formation portera spécifiquement sur différents modèles (GATP, GOFSP, etc.), les logiciels d'application, et la mise en place des systèmes d'information associés. La mise en oeuvre de ce programme se fera avec l'appui financier du Centre de Développement Sous-régional de la CEA pour l'Afrique centrale et les représentations nationales du PNUD.
Outre ce programme, le PNUD contribue aussi au renforcement des capacités dans le secteur de l'environnement au Cameroun, dans le cadre du programme "capacité 21". Cette assistance au gouvernement camerounais vise à mettre en place un programme de gestion environnementale à intégrer à la politique nationale de développement. A cette fin, il est envisagé de renforcer le cadre et la coordination institutionnels, de manière à renforcer les capacités nationales pour la promotion du développement durable.
La mise en oeuvre de ces programmes permettra une certaine avancée dans le développement des capacités dans les domaines de sécurité alimentaire, du développement durable et des échanges commerciaux au Cameroun. A condition bien entendu que les experts formés restent sur place pour animer les structures mises en place de manière à atteindre les objectifs d'autosuffisance alimentaire et de développement durable. Des mesures doivent donc être envisagées pour leur rétention.
L'EXODE DES COMPETENCES EN AFRIQUE ET AU CAMEROUN |
Même si l'on ne dispose pas de statistique sur le sujet, on ne peut douter que le Cameroun soit touché par le phénomène de la fuite des cerveaux, à l'instar d'autres pays africains. En effet, de 1960 à 1990, l'Afrique aurait perdu quelques 127 000 professionnels de haut niveau au profit des anciennes métropoles et d'autres pays industrialisés. Le phénomène s'est progressivement intensifié sur la période et a gagné en ampleur depuis la fin des années 80. Si l'on se fie aux estimations récentes d'une moyenne annuelle de 20 000 départs, c'est 200 000 professionnels que l'Afrique aurait perdus au cours de la dernière décennie. L'exode des compétences semble plus présent - ou plutôt on est plus renseigné sur le sujet - dans certains pays que dans d'autres. On sait par exemple que plus de 21 000 médecins nigérians exercent aux Etats-Unis seulement. Ce chiffre pourrait être bien plus élevé si l'on considérait les autres destinations comme le Royaume Uni, le Canada et l'Australie. Le Ghana connaît aussi un exode massif de ses médecins dont 60% de ceux formés dans le pays au cours des années 80 sont partis. Le Soudan connaît la même situation avec 17% de médecins et dentistes, 20% de professeurs d'université, 30% d'ingénieurs et 45% d'experts géomètres travaillant à l'étranger[2]. Sans avoir nécessairement la même ampleur, un tel exode pourrait aussi bien s'observer ailleurs en Afrique et surtout au Cameroun. Ce pays est, en effet, l'origine de 1 434 des 95 153 immigrants dotés d'une formation universitaire résidant aux Etats-Unis en 1990 (Carribgton et Detragiache, 1998 : 15). Il est possible que cet effectif se soit accru depuis, en raison de la crise profonde qui a probablement exacerbé les facteurs de répulsion. Il n'y a pas de raison, en effet, qu'il en soit autrement lorsqu'on considère que les facteurs qui génèrent la fuite des cerveaux ont la même ampleur dans la plupart des pays au sud du Sahara. Cela d'autant que la nature même du phénomène facilite sa reproduction.
La nature de lexode des compétences en Afrique |
L'exode des compétences a essentiellement deux composantes : la rétention des ressortissants du tiers-monde ayant poursuivi leurs études dans les universités du Nord, et l'émigration des personnes qualifiées vers les pays développés (Keely, 1986). La deuxième catégorie est composée de personnes sorties des universités nationales comme c'est le cas en Inde, mais aussi par des personnes ayant étudié à l'étranger gagnées par la désillusion suite à leur retour. Ainsi, dans l'ensemble, on peut considérer que la fuite des cerveaux est le fait des personnes ayant étudié à l'étranger[3]. C'est du moins l'avis de certains auteurs qui pensent que le lien entre la fuite des cerveaux et les études à l'étranger est très étroit. C'est le cas de Taïwan où l'on a constaté que l'exode des compétences vers les Etats-Unis est essentiellement le fait d'étudiants licenciés qui vont probablement poursuivre leurs études et non de scientifiques confirmés ni d'ingénieurs (Chang Sl, 1992). C'est aussi le cas de la Chine post-Tianamen dont beaucoup des étudiants formés à l'étranger refusent de rentrer (Chang P, 1992). Ong et al. (1992) sont du même avis lorsqu'ils parlent darticulation globale de lenseignement supérieur. Quant à Cheng et Yang (1998), ils parlent dinteractions éducationnelles entre les pays pourvoyeurs et les Etats-Unis.
D'autres auteurs pensent, par contre, que ce lien n'est plus aussi étroit que par le passé. Par exemple Keely (1986) prétend que le concept de fuite de cerveaux réfère maintenant presque exclusivement à la migration des professionnels qualifiés des pays en développement vers les pays développés. C'est ce que Mckee (1985) a observé dans le cas de l'Argentine. Il note en effet que, même si la perte des personnes qualifiées est plus probable lorsquelles sont formées à létranger, y compris au niveau du doctorat, la plupart dentre elles ont acquis leur qualification en Argentine. C'est aussi l'avis de Hugo (1996) lorsqu'il observe, concernant la fuite des cerveaux des pays asiatiques vers l'Australie, que au début de la période postérieure à la deuxième guerre mondiale, lémigration des étudiants était presque synonyme de fuite des cerveaux, mais que depuis deux décennies environ, cette relation ne sobserve plus de manière systématique.
Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse de rétention des diplômés à l'étranger ou d'émigration des professionnels de haut niveau, les facteurs semblent être les mêmes.
Les facteurs de l'exode des compétences |
Ces facteurs sont variés. La littérature sur la question permet de distinguer les facteurs liés aux pays d'accueil, ceux liés aux pays d'origine et les interactions possibles entre ces deux. Les premiers concernent les besoins de main-d'oeuvre et la politique d'immigration subséquente des pays industrialisés. Cela est particulièrement vrai pour des pays comme les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle Zélande où les restrictions imposées à l'immigration après les années trente pour protéger les travailleurs nationaux ne s'appliquaient pas aux immigrants hautement qualifiés. Au départ, la priorité à l'immigration du personnel hautement qualifié était limitée aux immigrants européens, mais elle a par la suite été élargie aux ressortissants du Tiers monde (Chen, 1989). Dans le cas particulier du Canada, Akbar et Devoretz (1993) notent que l'immigration est une source importante pour la satisfaction des besoins de main-d'uvre qualifiée du pays. Les facteurs de la demande de l'immigration de main-d'oeuvre qualifiée sont l'insuffisance de l'offre domestique de diplômés, le revenu du travail (occupational income) et le niveau de l'immigration de la période précédente. L'évolution de ces différentes variables détermine l'orientation de la politique d'immigration du Canada. Aux Etats-Unis, Kanjanapan (1995) observe que c'est l'existence d'une demande de professionnels étrangers qui attire la main-d'oeuvre hautement qualifiée des pays asiatiques. On peut donc dire que la politique d'immigration des pays industrialisés contribue à l'attrait des personnes hautement qualifiées des pays du tiers-monde.
Toutefois, elle n'est pas la seule source de cet attrait. D'autres facteurs d'attraction interagissent avec les facteurs de répulsion dans les pays d'origine. Ainsi parmi les facteurs de la fuite des cerveaux généralement cités, on a l'écart de développement ou de revenu entre les pays d'accueil et de destination, l'absence d'opportunités de carrière dans les pays d'origine, un environnement de travail peu stimulant en raison de la faiblesse de l'équipement, l'absence de motivation de la part des employeurs, la persécution politique, le faible rendement de l'investissement en capital humain, et les opportunités limitées d'emploi (Chau et Stark, 1998 ; Cheng et Yang, 1998 ; Ong et al., 1992).
Les études citées portent rarement sur l'Afrique, mais les facteurs identifiés peuvent tout aussi bien s'y appliquer, surtout si l'on tient compte du fait que les conditions de vie et de travail sont bien plus déplorables en Afrique que dans les autres régions en développement, notamment avec la crise des vingt dernières années. La dégradation de la situation économique et sociale dans les pays africains a, en effet, provoqué un exode massif de toutes les catégories de travailleurs, bien souvent dans l'illégalité, y compris celui des travailleurs hautement qualifiés. Et ce même dans un pays comme le Gabon où la crise est survenue assez tardivement. Une étude récente faite dans le pays révèle que les difficultés auxquelles ils ont du mal à faire face poussent certains Gabonais à changer de perspective sur la relation qui les lie à leur pays. La citation qui suit est assez éloquente à cet égard :
Jadis fièrement opposés à toute idée d'émigration définitive vers d'autres pays, les Gabonais qui le peuvent songent désormais, coûte que coûte, à partir de leur terre pour s'installer ailleurs (Mengara, 1999 : 4).
Cela est particulièrement vrai pour ceux rentrés au pays après des études à l'étranger qui ne trouvent plus au Gabon les conditions de leur épanouissement personnel et professionnel. Le témoignage d'un d'entre eux est assez édifiant.
Je suis revenu au Gabon... après sept années passées en France... Le retour au Gabon est la pire des choses que j'aurais faites dans cette... vie. Bien sûr j'ai été recruté à l'université... Mais c'est cruel : pas de salaire, pas de structures, pas vraiment de perspective. Juste le rêve, celui que nous avons entretenu alors que nous étions étudiants. Par patriotisme et par fierté, j'ai choisi de revenir au pays, espérant y apporter quelque chose, modestement. Ce Gabon-là n'est plus celui que nous avons connu, hélas. Du coup moi aussi je souhaite partir... là où je pourrai être traité comme quelqu'un et faire ce que je veux pour la réalisation de mes rêves, ne serait-ce que sur le plan universitaire. Je sens que je deviendrai fou si je passe deux ans ici dans les conditions actuelles... Je vise le Canada, les Etats-Unis ou l'Australie...(Tiré de Mengara, 1999 : 4).
La dégradation de la situation au Gabon si elle pousse à partir, décourage aussi le retour de Gabonais étudiant à l'étranger. Toujours selon le même auteur, au cours de la dernière décennie, environ un tiers de ceux qui sont partis poursuivre leurs études à l'étranger ne sont pas rentrés après leur formation. Ces chiffres augmenteront probablement à mesure que le pays plongera dans la déprime.
Cette situation est ressentie de la même manière dans d'autres pays d'Afrique francophone où la crise date de plus longtemps et y est plus profonde. C'est probablement le cas du Cameroun pour lequel nous ne disposons malheureusement pas d'information sur le sujet.
Les conséquences de l'exode des compétences |
Le sujet relatif à l'impact de la fuite des cerveaux sur le développement des pays du tiers monde en général et de l'Afrique en particulier fait l'objet d'une controverse (Keely, 1986). Celle-ci consiste à savoir s'il s'agit de soustraire aux pays en développement, à moindre frais pour les pays développés, les compétences dont ils sont vraiment besoin ou plutôt s'il s'agit d'utiliser de manière rentable dans les seconds des capacités excédentaires disponibles et sous-utilisées dans les premiers. Autrement dit, dans la mesure où les pays africains n'offrent pas à leur personnel qualifié les conditions d'un rendement élevé, l'exode des compétences représente t-il réellement une perte de potentiel pour l'Afrique ? Ne serait-il pas plutôt une bonne façon de valoriser les ressources humaines produites en attendant les conditions d'une meilleure utilisation de celles-ci en Afrique ? Les taux de chômage élevés des diplômés de l'enseignement supérieur tendent à soutenir cette position.
Toutefois, d'un point de vue purement théorique, on distingue des aspects à la fois positifs et négatifs du phénomène, l'impact net dépendant de celui des deux qui l'emporte. Parmi les aspects négatifs, on distingue les coûts liés aux investissements réalisés pour la formation, les coûts d'opportunité que représentent le rendement nul de ces investissements et la perte des membres les plus énergiques et les mieux formés de la société, la perte subséquente de gain en productivité, le déficit de main-d'uvre qualifiée, le recours à la coûteuse assistance technique, etc. Ces conséquences ont des répercussions sur les autres couches sociales et le développement des sociétés africaines dans l'ensemble. Lundahl (1985) note par exemple que avec lexode des travailleurs hautement qualifiés, la productivité marginale de la main-duvre non qualifiée est tombée en deçà de du revenu de cette dernière. Il en conclut que les vrais perdants de la fuite des cerveaux sont les travailleurs non qualifiés et les propriétaires d'entreprise. Idele (1982) note aussi des conséquences sociales diverses comme ce qu'il a appelé la dégradation de lenvironnement intellectuel et lérosion progressive du cadre potentiel des économies en développement. Mudembe (1989) pense quant à lui que la fuite des cerveaux conduit à un report perpétuel des efforts de développement en raison de la pénurie de main-duvre qualifiée et la dépendance continue à légard de la main-duvre qualifiée expatriée à turnover très élevé.
En dépit de ces aspects négatifs, beaucoup d'auteurs pensent que la fuite des cerveaux a des effets bénéfiques pour les pays d'origine. Ces effets proviennent des transferts effectués par les migrants et les gains de productivité occasionnés par leur retour dans le cas des migrations temporaires. Les transferts de fonds contribuent à l'entrée de devises et à l'équilibre de la balance des paiements. Ils représentent aussi une source de revenu importante pour les parents des migrants et permettent la réalisation d'équipement collectif dans différentes communautés. Cet effet intervient à très court terme. Par contre l'effet lié au retour du migrant n'intervient qu'à long terme. C'est ce que prétend Mountford (1997) lorsqu'il écrit que la possibilité temporaire de lémigration peut avoir pour effet daccroître de manière permanente le niveau moyen de productivité dune économie[4].
Ces effets positifs de la fuite des cerveaux pour les pays africains ne sont pas à négliger. Dans un contexte africain caractérisé par des fuites de capitaux, un endettement énorme, l'extraversion de l'accumulation du capital et la paupérisation des populations, les transferts de fonds des migrants représentent un apport très considérable. Par ailleurs dans un contexte de globalisation dominé par la pensée unique (celle véhiculée par le seul occident), la maîtrise par les migrants des méthodes de travail et des technologies développées dans les pays avancés peut effectivement représenter un atout pour les pays d'origine si le retour a lieu. Toutefois, comme il est dit dans le courrier (no. 159), ces aspects positifs ne suffiront jamais à indemniser l'Afrique des pertes subies par l'exode des compétences. Il conviendrait donc d'y remédier.
Les solutions à lexode des compétences |
Parce que la fuite des cerveaux est préjudiciable au développement, des stratégies ont été envisagées pour l'enrayer. On distingue généralement deux types de stratégies : l'organisation du retour des migrants hautement qualifiés ou les associer aux efforts de développement à partir de leur pays d'adoption (Quentin, 97). La première stratégie est celle appliquée par les pays de l'Asie du sud-est. La seconde correspond au programme Token mis en oeuvre par le PNUD et qui fait l'objet d'une expérience en Colombie. D'autres stratégies consistent à agir sur les facteurs générateurs du phénomène, mais elles portent sur le long terme. Il a été aussi suggéré des mesures de compensation des pays d'origine par des taxes à prélever chez les migrants ou auprès des pays de destination, mais cette solution pourrait contrevenir aux droits de la personne et violer certains accords internationaux (D' Oliveira de Sousa, 1989). Nous nous en tiendrons donc aux deux premières stratégies.
Des entretiens que nous avons eus avec les autorités compétentes, le Cameroun n'a pas encore envisagé de mesures pour faire face à l'exode des compétences ; cela d'autant que l'on n'a aucune idée de l'ampleur du phénomène. La présentation des différentes stratégies repose donc sur des expériences menées dans d'autres pays.
L'approche par la réinsertion des migrants
Cette approche communément appelée Reverse Brain Drain (RBD) a été appliquée par différents pays d'Asie et d'Europe de l'Est. Elle consiste à créer des incitations au retour à partir soit d'un programme de recrutement direct, soit de l'octroi de fonds de compensation ou de crédit permettant l'installation des migrants de retour à leur propre compte. Des exemples de programmes de recrutement sont ceux mis en place par les gouvernements Taiwanais et Coréen. A Taiwan, le gouvernement a mis en place un programme destiné à recruter ses ressortissants formés à l'étranger (Chang Sl, 1992). Il en est de même en Corée où le programme a bénéficié d'une volonté politique nette de la part du Président de l'époque (Park Chung-Hee) qui considérait le retour des coréens qualifiés comme un des facteurs importants de la réussite de la politique nationale d'industrialisation (Yoon, 1992). Le programme de réinsertion ne se contentait pas uniquement du recrutement des migrants, mais contenait aussi des mesures visant à renforcer leurs capacités (empowerment of returnees) et à créer un environnement favorable à l'épanouissement professionnel. Les premières portent sur l'autonomie de la recherche et des avantages matériels considérables. Les mesures visant à créer un environnement épanouissant portent sur les réformes légales et administratives, la mise en place d'institutions de recherche et développement stratégiques, etc. En Europe de l'est, a été aussi organisé le retour volontaire des professionnels expatriés, à partir de diverses mesures dont l'octroi de crédit à ceux des migrants de retour intéressés par l'initiative privée (Ardittis, 1992).
Le succès enregistré par les pays d'Asie dans le domaine de l'industrialisation peut être considéré comme un indicateur de l'efficacité des programmes reposant sur le recrutement direct, l'"empowerment" des migrants de retour et le renforcement des capacités institutionnelles. Toutefois, cette solution paraît coûteuse et la stratégie d'"empowerment" des migrants de retour pourrait avoir l'effet pervers d'accroître l'incitation à l'émigration. Les programmes reposant sur les fonds de compensation favorisent le retour de nombreux professionnels, mais son efficacité semble moins évidente (Lien, 1993).
L'approche par l'association des étrangers
Deux exemples de cette approche peuvent être mentionnés ici : le programme TOKTEN (transfert of knowledge through expatriate nationals ou transfert des connaissances par l'intermédiaire des nationaux expatriés) du PNUD et l'expérience Colombienne. Le principe consiste à recruter un consultant expatrié qu'on affecte dans son pays d'origine suite à une demande d'assistance de ce dernier. Les affectations durent généralement de un à trois mois (Courrier no. 159). Un des avantages de ce programme est la possibilité d'adaptation des méthodes de travail au contexte du pays que l'expatrié connaît bien. Il peut ainsi contribuer au renforcement des capacités nationales par ce transfert de connaissances adapté. Le renforcement des capacités se fait aussi par le retour définitif de certains expatriés suite à l'expérience.
L'expérience Colombienne consiste à développer un réseau de chercheurs à l'extérieur visant à associer les intellectuels colombiens expatriés entre eux et avec ceux restés au pays, pour leur permettre de contribuer à partir de leur pays d'adoption, au développement scientifique et technique de la Colombie (Quentin, 1997). Le retour physique n'est donc pas indispensable.
L'approche par l'association des étrangers a pour avantage de permettre à l'expatrié de ne pas renoncer à ce pourquoi il a décidé de rester au Nord tout en lui permettant d'être utile à son pays.
CONCLUSION |
En résumé on retiendra que même si l'on a conscience du problème de la fuite des cerveaux et de la nécessité du renforcement des capacités nationales en vue du développement durable, les pays africains, et notamment le Cameroun, n'ont pas encore pris les mesures requises. Cela est particulièrement vrai pour le problème de l'exode des compétences qui n'a pas encore fait l'objet de préoccupation quelconque. Il n'est donc pas surprenant qu'il n'ait pas été pris en compte dans les tentatives timides de développement des capacités au Cameroun. Les seuls programmes existant dans ce domaine sont ceux initiés par les agences de développement international. Ces programmes contribueront probablement au renforcement des capacités au Cameroun, mais des mesures d'accompagnement doivent être envisagées pour retenir les personnes formées. D'autres mesures d'accompagnement devront permettre la maîtrise du processus de développement des capacités dans les domaines concernés. L'implication des universités et autres institutions de formation nationales dans le programme devrait permettre cela, mais elle ne suffira pas à atteindre cet objectif.
En effet, les activités existantes ne concernent que les projets de coopération, il n'existe pas d'activité initiée par le gouvernement lui-même. Il y a donc un risque qu'il subisse plus qu'il ne maîtrise le renforcement des capacités pour le développement durable. C'est le problème bien connu de l'appropriation des programmes par les pays bénéficiaires. L'absence d'une telle appropriation par les gouvernements ou les populations fait que, généralement, les projets s'arrêtent avec la fin de l'aide. Ce qu'il faudra à chaque pays africain est la conscience de la nécessité de renforcer les capacités institutionnelles et humaines dans le contexte actuel de mondialisation et de prendre les mesures requises pour faire face à ce défi, avec à la clé, une définition claire des rôles des différents acteurs, y compris les institutions d'enseignement supérieur.
Concernant justement ces acteurs, la réforme menée au Cameroun est aussi révélatrice de la non-maîtrise du processus de développement des compétences si l'on se fie aux nombreuses difficultés liées à l'insuffisance des ressources financières. Peut-être aurait-il fallu, dans un premier temps, limiter le nombre d'universités pour mieux investir dans la qualité de leur prestation. Une prestation qui doit être au même niveau que celle offerte dans les universités du Nord si l'on veut justement se préparer à prendre part à la globalisation. Un niveau élevé de la qualité des enseignements aura aussi comme effet positif de réduire la fuite des cerveaux et des devises dont un des facteurs les plus importants est la formation à l'étranger. Non seulement celle-ci contribue à la sortie massive de devises eu égard à son coût très élevé, mais elle favorise l'acquisition de nouvelles aspirations dans les pays du Nord qui sont difficiles à satisfaire dans les pays du Sud. Il s'en suit la rétention de nombreux africains qualifiés dans les pays industrialisés.
Le développement des capacités dans l'enseignement supérieur pourrait ainsi avoir des répercussions bien au-delà du système. La maîtrise de ce processus requiert donc une attention particulière. Malheureusement, dans le contexte actuel des Etats africains, elle semble un objectif lointain à atteindre. D'autres réformes de l'enseignement supérieur plus accessibles (ou plutôt plus maîtrisables) devront être envisagées. La clé de telles réformes serait d'envisager des stratégies nationales et sous-régionales à la fois. Les premières concerneront les niveaux (premier cycle universitaire par exemple) et filières accessibles aux Etats. Les secondes consisteront à mettre en commun les ressources pour la création de centres universitaires sous-régionaux d'excellence. Cette mise en commun ne devrait concerner que la mise en place des infrastructures. La gestion privatisée de ces centres devra permettre d'accéder aux ressources nécessaires à leur fonctionnement ; la solution par les contributions des Etats membres n'étant pas du tout viable. On peut aussi envisager de créer des universités inter-états non publiques. Dans tous les cas, la qualité de la production de ces différents centres universitaires (qu'ils soient nationaux ou sous-régionaux) doit être comparable à celle des universités du Nord. Ceci exige à son tour des ressources humaines, matérielles et financières comparables ; autrement dit un personnel enseignant hautement qualifié travaillant dans des conditions équivalentes à celles des enseignants du Nord. Dans la mesure où les ressources financières disponibles sont limitées, le développement d'un partenariat avec le secteur productif semble une solution incontournable, au niveau national comme au niveau sous-régional. Un embryon de ce partenariat existe au Cameroun, mais uniquement dans les filières techniques qui bénéficient du soutien du secteur privé. C'est le cas des IUT et de l'école polytechnique. Il reste au ministère de l'enseignement supérieur à rendre effective les stratégies qu'il développe actuellement pour l'élargissement de ce partenariat. L'amélioration des conditions de travail des personnels scientifiques qui en découlera aura probablement pour effet de réduire l'exode des compétences et occasionner le retour de certains expatriés de haut niveau.
Mais elles ne suffiront probablement pas à créer un vaste mouvement de retour. Pour l'obtenir, il faudrait des mesures spécifiques destinées à inverser le brain drain. Une combinaison judicieuse des mesures de réinsertion et d'association des expatriés hautement qualifiés pourrait être indispensable.
Notes
[1] La définition donnée ici est empruntée à Lisk (1996)
[2] Ces chiffres et ceux qui précèdent dans cette section sont tirés ou calculés à partir de CEE-ACP-Courrier, no. 159, p.59.
[3] Les études à l'étranger répondent, à quelques rares exceptions près, à une demande réelle d'études supérieures que les universités locales sont incapables de satisfaire soit en raison des capacités d'accueil limitées, soit en raison de l'inexistence de programmes répondant à cette demande. Parfois la qualité douteuse de certains programmes encourage l'émigration pour motif d'étude.
[4] Voir aussi Hugo (1996), Ong et al. (1992) et Stark et al. (1997).
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Aka Kouamé est chargé de cours et coordonnateur de la recherche à lInstitut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD, Université de Yaoundé II, Cameroun). Ses travaux récents ont porté sur des thèmes variés comme le développement rural et la fécondité en Côte dIvoire, léducation et lemploi des femmes à Abidjan qui a fait lobjet dune publication chez lHarmattan en 1999, les migrations de main-duvre en Afrique de lOuest, crise et stratégies de survie à Yaoundé, le fardeau de la maladie, etc. La plupart de Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec des partenaires provenant dinstitutions comme le NIDI en Hollande, Hebrew University of Jerusalem, Deakin University, University of Melbourne, le CEPED, etc. Ses intérêts de recherche actuels portent sur la pauvreté et ses conséquences sur les comportements démographiques. Dr. Kouamé est diplômé de lUniversité de Montréal. |