Angèle Bassole
Table Féministe Francophone de Concertation Provinciale de l'Ontario (TFFCPO)
Un chef d'état africain en visite à Ottawa rencontre ses compatriotes expatriés. Un des nombreux étudiants présents lui pose cette question : "Excellence, en ce qui concerne l'épineux problème de la fuite des cerveaux, quel est le plan d'action de votre gouvernement ? Que comptez-vous faire pour résoudre ce problème qui entrave le développement de notre pays ?" Et le président de demander à l'étudiant : "Où sont les cerveaux-là[1]?" . Sans en démordre, l'étudiant se lève et se met à citer nommément ses collègues présents. Réplique du président : "Mais restez là où vous êtes ! Vous y êtes déjà bien installés ! Nous n'avons pas de travail pour vous. Nous faisons face à trop de difficultés ; au pays, il y a la crise..."
Cette scène qui peut paraître invraisemblable, s'est pourtant répétée lors d'autres visites de responsables africains au Canada. Une scène du même type : à Moncton, lors du sommet de la Francophonie en septembre 1999, un autre chef d'état africain rencontre des étudiants et, pour répondre à la même question, leur dit simplement : "A votre place, je resterais ici !"
Ces anecdotes indiquent que certains dirigeants africains essaient d'éviter, par tous les moyens, de reconnaître que le déplacement des compétences est un problème grave, à résoudre au plus tôt, un enjeu national ! Ils y perçoivent, et pour cause, une solution providentielle à leurs problèmes de gouvernance. Car, qui sont-ils "ces cerveaux", sinon des empêcheurs de gouverner en rond ? Des agitateurs ? Des esprits critiques ? Des "opposants" en puissance ? Alors, s'ils peuvent rester aussi loin que possible de leurs pays, qu'ils y restent, personne ne s'en plaindra !
Les seuls à se préoccuper de cette question sont une partie de l'intelligentsia, locale ou expatriée[2], qui mesure bien l'ampleur du désastre, les personnes âgées, les parents qui voient de plus en plus de jeunes et d'adultes partir sans espoir réel de retour, les organismes internationaux pour leurs besoins statistiques[3]. Tous ceux-ci perçoivent le problème comme une impuissance face à cette hémorragie qui vide le continent de ses bras valides et de ces "cerveaux". On peut alors s'étonner que les responsables africains en fassent un sujet de dérision. Pour en connaître les raisons profondes, il faut se poser cette question cruciale : "A qui profite le crime ?" .
L'évasion des compétences ne représente-t-elle pas un capital pour certains ? C'est en partie autour de cette interrogation que nous bâtirons notre analyse, en soulevant les questions qui permettent de cerner la problématique de l'incidence d'un tel phénomène sur l'avenir même du continent africain. Nous nous attarderons aussi, spécialement, sur le cas des femmes diplômées d'Afrique qui sont encore trop peu nombreuses et qui, en dépit de leurs qualifications, sont rarement considérées comme "cerveaux", même quand elles ont réussi à échapper aux mailles de l'analphabétisme et des préjugés, pour se hisser au sommet des études supérieures.
I. LA QUESTION EXISTENTIELLE |
Rappel du contexte |
Au terme de ses études à l'étranger, quel étudiant africain ne s'est posé la question angoissante du retour au pays ? Les générations d'avant et immédiatement après les indépendances ne se posaient pas, semble-t-il, la question. Ou du moins, pas de cette façon. Une fois leurs études terminées, ces étudiants, sur qui reposaient l'espoir des familles et de la nation tout entière, retournaient dans leur pays pour occuper les postes pour lesquels ils avaient été formés au prix de mille sacrifices des familles, du village, du pays. De nombreux textes romanesques et poétiques en témoignent[4].
De cette élite, seront issus, dans la majeure partie des cas, les leaders politiques qui conduiront leurs pays nouvellement indépendants vers un destin peu radieux. Ce schéma dans lequel on voit des intellectuels africains, de retour d'études, aux postes de commande nourrira dans l'imaginaire populaire un mythe, celui de la réussite scolaire comme porte d'entrée à un "paradis terrestre" où le pouvoir, l'argent, et la puissance semblent garantis. Les études deviennent un passeport vers un avenir meilleur. Les familles encourageront leurs enfants à s'illustrer à l'école et surtout à aller au "pays des blancs[5]" s'ils veulent "devenir quelqu'un dans la vie[6]" . Et c'est vrai qu'il y avait des postes à combler suite aux changements intervenus dans ces pays où les Africains étaient supposés devenir maîtres de leurs destins. C'est vrai, aussi, que l'éducation a contribué à l'amélioration des conditions sociales et économiques en offrant le choix d'exercer le métier désiré grâce à la formation et au savoir-faire acquis. Ainsi, ceux qui avaient fréquenté l'école n'étaient plus condamnés à reproduire les métiers traditionnels de la forge, de l'artisanat, de la culture des champs et pouvaient désormais, du moins en principe, améliorer de beaucoup les rendements par l'application de nouvelles méthodes de production et de gestion.
L'équation : réussite scolaire = réussite sociale a continué à dominer la pensée de toutes les couches sociales. Elle n'a jamais été remise en question, ou évaluée, en dépit des difficultés qu'elle a créé et qu'elle continue à provoquer. La génération 'post-indépendance' en a fait un objectif de vie dans l'espoir de lendemains meilleurs. A la suite de leurs aînés, les nouveaux "étudiants noirs" cherchent à perpétuer le rêve de cette équation en ignorant les mutations intervenues. Beaucoup ont continué à s'imaginer président, ministre, député ou, en tout cas, grand cadre dans leur pays, habités par cette illusion que la formation et le savoir sont des garanties de succès professionnel. Mais sur le terrain, rien ne va plus. La gestion catastrophique des "pères de la nation" a conduit des pays jadis prospères et voués à un avenir florissant à la faillite totale, réduisant à néant tous les espoirs de plusieurs générations de diplômés. Ceux-ci rejoignent alors le rang des chômeurs, créant ainsi une profonde désillusion parmi les populations qui dès lors, tendent à se persuader de la futilité du savoir. Les diplômés-chômeurs nouveau genre (Docteurs, Maîtrisards, Licenciés, Bacheliers et Certifiés, tous confondus) doivent maintenant reposer cette équation à plusieurs inconnues dont ils avaient négligé la complexité et trouver son domaine de définition. Perspective hardie.
Poser la question du retour et y répondre |
La grande majorité des étudiants africains, de ceux de la période 'pré-indépendance' à la génération actuelle, ont bénéficié de bourses d'études qui leur ont permis d'aller poursuivre leurs études supérieures en Occident. Par le biais des programmes "d'aide au développement", ces étudiants, souvent sélectionnés sur la base du mérite, purent réaliser leurs rêves et ceux de leurs familles en acquérant la formation et le savoir-faire nécessaires à leurs futures carrières. Indispensables au développement de leurs pays respectifs, mais aussi à celui du continent tout entier, ces cadres retournent maintenant de moins en moins au pays natal une fois leurs études terminées, attirés qu'ils sont par des propositions de carrières alléchantes ailleurs. Plusieurs facteurs, dont le plus important nous semble être les conditions politiques et socio-économiques du continent africain, expliquent cette situation. Loin d'être reluisante, cette situation conduit au désespoir.
Sur le plan politique, le vent de démocratisation qui a soufflé au début des années 1990 n'a pas réussi à véritablement changer quarante ans de dictature, de privation de libertés individuelles et collectives, de silence forcé. Ce vent, qu'on espérait porteur de délivrance et de libération, a soulevé juste assez de poussière pour recouvrir les habitudes, anciennes mais pas assez pour les balayer. Les ex-dictateurs n'ont fait que changer de costumes pour revêtir ceux du multipartisme et de la démocratie, mais en réalité, ce fût un jeu de dupes. Leur compréhension du multipartisme consistera à créer des partis transfuges acquis à leurs soldes, qu'on désignera sans gêne par des formules suspectes du genre "partis de la mouvance présidentielle" ou, lorsque le cynisme dépassera toutes bornes, "partis d'opposition" . C'est ainsi que certains pays se retrouvent avec des centaines de partis politiques alors que sur le terrain, absolument rien n'a changé. Les libertés demeurent confisquées, celle du droit d'être citoyen et d'avoir la possibilité de pouvoir s'exprimer reste inexistante. Des "ennemis imaginaires" du peuple continuent à être traqués sur un simple désaccord avec les autorités. Les "opposants" n'échappent pas à la prison, à la torture, voire, à la mort. Des assassinats se perpétuent toujours dans l'impunité la plus totale, l'injustice fait partie du quotidien et les exactions sont monnaie courante.
Un sous-facteur expliquant cet aspect politique de la déperdition des diplômés africains est la quasi-institution de l'allégeance politique comme critère d'obtention d'un poste. Si vous n'êtes pas membre du parti au pouvoir ou n'avez aucune relation dans ce cercle, inutile de rêver que vos titres et compétences vous ouvriront l'accès au poste souhaité.
Sur le plan social, on peut noter la mauvaise gestion des ressources humaines due aux lourdeurs administratives et également au manque de vision des politiques. Aucune politique de motivation ou d'incitation n'existe dans l'administration pour que les jeunes élites se sentent valorisées et respectées. Bien au contraire, elles sont perçues comme des dangers, des menaces, autant par les pouvoirs politiques que par leurs aînés déjà en poste dans l'administration.
Un exemple probant dans ce sens est celui de ce jeune immunologiste d'un pays ouest africain qui, après ses études doctorales, revient chez lui et se trouve confronté au chômage. L'état se dit incapable de le recruter. Il est pourtant le seul immunologiste de son pays ! Certes, plein d'entregent, il se lance dans les affaires et y réussit. Cela lui permet de ne pas renoncer à sa spécialité et de poursuivre ses recherches à partir de son pays, grâce aux contacts noués pendant ses études en Occident, mais son succès ne doit rien aux fonctionnaires et aux politiciens qui détiennent le pouvoir. Brillant, reconnu internationalement par ses pairs, il est régulièrement invité aux congrès, colloques et stages consacrés à son champ de compétence de par le monde. Ce jeune intellectuel africain qui aurait toutes les raisons de s'exiler a choisi malgré tout de demeurer dans son pays, mais il le fait en dépit des tracasseries et de la résistance que lui opposent les pouvoirs en place.
Au niveau socio-économique, la catastrophe est ahurissante. Les images de misère inhumaine et de faim ne cessent d'inonder les écrans du Nord, faisant resurgir ce paradoxe africain : comment un continent si riche peut-il offrir le spectacle d'un tel désastre[7]?
Essayer d'y répondre, nous ramène à la racine de la problématique qui nous préoccupe ici : la responsabilité des dirigeants ! Les cadres adéquats de travail sont inexistants et les salaires, ridicules. S'il y a hausse dans la "fuite des cerveaux", la raison première réside dans cette absence de conditions favorables à l'éclosion et au rayonnement de ces cerveaux qui préfèrent fuir et rester vivants plutôt que d'y rester pour mourir. Qu'aurait été la carrière du poète mauritanien Tèné Youssouf Gueye s'il avait pu quitter son pays ? Cette question ne cessera de hanter ceux qui ont assisté, impuissants à sa tragédie et à sa mort[8]. Et pourtant, Téné Youssouf Gueye ne faisait pas de politique, mais... de la simple poésie !
Mais les dictateurs nègres sont incapables de faire la moindre différence entre fiction et réalité. Décrire un personnage qui pourrait évoquer des sujets historiques ou actuels, dénoncer, même à travers la fiction, une injustice évidente, garantissent la prison ou au mieux, la misère organisée. Combien d'autres Téné Youssouf Gueye en Afrique ? La liste ne fait que s'allonger, presqu'à l'infini.
Pacéré Titinga (poète, avocat et grand passionné de la préservation du patrimoine culturel africain) qui a mené une véritable croisade africaine contre la condamnation injuste de Téné Gueye, a rendu un vibrant hommage à ce combattant de la liberté, mort pour avoir osé dire ce qui est : la dénonciation des pratiques exclavagistes dans son pays. Cet hommage de Pacéré à son confrère est, comme l'a si bien dit Léon Yepri : "un chant écarlate en l'honneur de l'homme, locataire des ténèbres carcérales, des hommes de lettres, historiens, hommes de culture, qui ont suivi Téné Youssouf Gueye, ceux dont la chair a servi de festin à la vermine.[9]
C'est pour éviter de connaître le même sort que tant de "cerveaux" préfèrent fuir pour devenir cette race étrange de gens qui, tout en aimant leur patrie et étant désireux de la servir, en sont éloignés. Et, quand on constate le sort réservé aux tenaces, comme ce fût le cas du journaliste burkinabè Norbert Zongo[10], la question du retour se pose cette fois en termes de vie ou de mort. Si la volonté de contribuer au développement de son pays peut conduire à la mort, on comprend que le séjour des "cerveaux en fuite'' se prolonge indéfiniment !
Vu les exemples, très révélateurs, d'aînés qui n'en finissent plus de conseiller leurs cadets sur d'autres options, comment en vouloir aux jeunes qui hésitent à franchir ce pas du retour au pays natal qui pourrait leur être fatal. Non que tous soient promus à une telle fin, mais la claire appartenance à un camp identifié doit se manifester nettement : ou vous faites partie des élus ou vous êtes dans celui des exclus. On ne peut invoquer la neutralité ,car l'approche de ceux qui ont en main la destinée de ces pays africains est manichéenne : si vous n'êtes pas dans leur camp à jouer aux griots modernes, vous êtes contre eux, même si votre opinion n'est pas connue, et même si vous affirmez ne pas vous mêler de politique. Ce désintérêt reste perçu, non pas comme une neutralité, mais bien comme un signe d'opposition et de rébellion. Résultat : des cerveaux s'aliènent en mettant leur intelligence au service de la bêtise[11]. Ce qui a pour effet de diviser cette intelligentsia censée travailler main dans la main comme le note ce cadre africain de la diaspora : "En panne d'imagination, les chefs d'État essaient de résorber leurs déficits psychologiques en se transformant en mendiants de l'aide internationale. Puis, ils utilisent la violence comme unique vecteur de gestion politique. Les leaders de l'opposition, quant à eux, miment leurs adversaires ; ils parlent et agissent comme les hommes au pouvoir, apparaissant finalement comme de simples bricoleurs de la politique. Beaucoup de diplômés n'ont pas de substance, ceci ne les empêche pas d'entretenir un élitisme de pacotille. Les intellectuels ne communiquent pas entre eux. Le mépris, la jalousie et la calomnie sont les seules choses qu'ils acceptent de partager[12]".
Face à un tel constat, comment ne pas être perplexe sur l'avenir de ce continent censé avoir porté l'humanité ? Tentés de reprendre les mots du psalmiste, d'aucuns s'écrieront : "D'où nous viendra le secours ?".
En premier lieu, du changement de pratique et de culture politiques. Un adversaire, aussi redoutable soit-il, ne doit pas être réduit au silence à cause de ses opinions ou de ses actions qui pourraient déplaire. Un dirigeant politique, quel que soit sa puissance, ne devrait pas, pour réparer des accusations de diffamation ou d'offense à sa personne, signer l'arrêt de mort d'un citoyen. Il n'a aucun droit de vie ou de mort sur ceux et celles qu'il gouverne, mais plutôt le devoir de protéger leur vie, qui, comme la sienne, est sacrée. Le jour où de telles pratiques courantes n'existeront plus en Afrique, le problème de la fuite des cerveaux, sans disparaître complètement, trouvera un chemin de résolution.
En second lieu, du respect des libertés individuelles et collectives et parmi elles, de la liberté d'expression. Sans garantie de cette liberté, toute volonté de démocratisation en Afrique sera pure comédie et la fuite des cerveaux se poursuivra, car un des facteurs qui motive le non-retour au pays et occasionne la fuite des compétences est justement ce manque de liberté qui donne à l'ensemble du continent l'image d'une vaste prison où toute velléité d'indépendance est étouffée. Les journalistes africains en déplacement en Amérique du nord manifestent toujours leur étonnement et leur incrédulité à voir le traitement réservé aux dirigeants politiques. Ils n'imaginent pas en faire autant de retour chez eux quand ils savent qu'une simple allusion peut leur coûter très cher !
En troisième lieu, du changement du regard social porté sur les nouvelles élites : ne plus percevoir ceux qui retournent au pays comme des dangers potentiels, ni comme des messies et ne plus voir en ceux qui restent à l'extérieur, des apatrides et des traîtres à la nation. Ce changement des mentalités doit conduire à valoriser le savoir des élites et non leur avoir (voitures, villas, argent, costumes-cravates) car l'attrait de l'avoir pourrait parfois amener certains d'entre eux à se compromettre dans des pratiques pas toujours recommandables. Une démystification de la nature et du rôle de l'intellectuel africain doit être entreprise avec le concours de ces nouvelles élites, qui devront redorer le blason terni de l'intellectuel africain. Ce processus de démystification aboutirait à la création de programmes éducatifs en adéquation avec les besoins réels des populations[13].
En quatrième lieu, de l'amélioration des conditions de vie et de travail (salaires décents, meilleurs cadres de travail) et aussi de la promotion de l'excellence et de l'initiative privée.
En cinquième lieu, de l'engagement solidaire des élites africaines, du continent comme de l'extérieur, à rompre avec les habitudes mesquines de rétention systématique de l'information pour créer des chaînes de partage du savoir, car l'union fait toujours la force.
En sixième lieu, de la création d'institutions universitaires privées, car les états africains sur ce plan ont failli et ne peuvent plus répondre aux besoins croissants de formation de leurs populations. Les exemples du Mali et du Cameroun[14], où des cadres africains se sont organisés pour mettre en place d'autres alternatives que celles de l'état, doivent être poursuivis et encouragés partout sur le continent.
Ces esquisses de solutions ne se prétendent pas exhaustives. D'autres pistes sont à envisager et il appartient à chaque Africain de la diaspora ou de l'intérieur d'y réfléchir. Dans cette problématique combien importante de la fuite des cerveaux, les femmes ne semblent jamais prises en considération.
II. LE CAS DES DIPLOMEES AFRICAINES |
Les taux de scolarité aux niveaux primaire et secondaire |
Les statistiques sur la scolarisation des filles en Afrique ne se sont guère améliorées. Elles demeurent aussi désespérantes que par le passé. De façon générale, 70 % des femmes sur la planète sont analphabètes.[15] Elles représentent les 2/3 des 876 millions d'analphabètes dans le monde, et selon les responsables de l'UNIFEM (Organisation des Nations Unies pour les femmes) ce taux n'est pas près de se réduire d'ici les 20 prochaines années. Depuis ces dix dernières années, parmi les 130 millions d'enfants non scolarisés, les 2/3 sont des filles. La disparité entre les sexes dans l'éducation se révèle plus frappante en Afrique où 75 % des pays connaissent des disparités importantes aux niveaux primaire et élémentaire. A titre d'exemple, au Burkina Faso, le taux d'éducation au primaire s'élève à 37 % de la population totale pour les hommes et seulement 24 % pour les femmes. Au secondaire, nous avons 38 % pour les hommes contre 28 % pour les femmes. En Côte d'Ivoire, ce taux monte au niveau primaire à 63 % pour les hommes contre 47 % pour les femmes, au niveau secondaire, c'est 59 % pour les hommes contre 46 % pour les femmes. Le Congo démocratique connaît l'un des taux les plus élevés avec 71 % pour les hommes contre 50 % pour les femmes au niveau primaire, et 59 % pour les hommes contre 53 % pour les femmes au secondaire.
Le taux de scolarité au niveau supérieur |
Si le taux de scolarité était déjà alarmant aux niveaux primaire et secondaire, le fossé se creuse encore dans le supérieur et on nage en pleine catastrophe. Dans un pays comme le Burkina Faso, entre 1970 et 1996, le taux des femmes ayant fréquenté les centres d'enseignement supérieur n'a jamais atteint 1 % de la population, oscillant entre 0.0 % et 0.5 % alors que celui des hommes tournait entre 0.1 % et 1.6 %. En Côte d'Ivoire, pour la mme période, nous avons un taux de 0.4 % à 1 % pour l'ensemble des femmes contre 2.0 % à 4.6 % pour les hommes. Quant au Sénégal qui a la plus forte présence des femmes dans le tertiaire, le taux de la population ayant fréquenté un centre d'enseignement supérieur reste ridiculement bas, de 0.7 % à 1.6 % de la population pour les femmes et de 3.1 % à 5 % pour les hommes.
Rappelons que la dernière conférence sur l'éducation tenue à Dakar du 26 au 28 avril 2000 s'est donné comme défis majeurs de faire aboutir ces deux importantes résolutions à savoir :
- Permettre à tous les enfants en âge de scolarisation de faire un cycle complet d'études primaires d'ici 2015, surtout en Afrique ;
- Eliminer toutes les disparités entre les sexes à tous les niveaux de l'enseignement d'ici 2005
On pourrait se demander comment se fera la réalisation de telles mesures, quand on voit les statistiques inquiétantes citées plus haut. L'espoir est-il encore permis lorsque les réalités sur le terrain apparaissent si alarmantes et que les conclusions des différents responsables ne portent pas tellement à l'optimisme ? Que dire alors de certaines attitudes des pontifes de la Banque mondiale qui tendent à considérer l'enseignement supérieur en Afrique comme un luxe[16]? Où se traduit le luxe avec des taux aussi bas et ridicules que ceux qui existent en Afrique subsaharienne notamment ?
Les facteurs explicatifs du taux moindre de cerveaux féminins en fuite |
En ce qui concerne plus spécifiquement la fuite des cerveaux chez les diplômées africaines, elle paraît relativement moindre que celle observée chez leurs confrères. Et cela s'explique par plusieurs raisons.
La première, et sans doute l'une des plus importantes, est d'ordre culturel. La perception du rôle social des femmes en Afrique n'a pas beaucoup évolué ; cette perception demeure conservatrice, traditionnelle. Malgré leur accès à l'école, ce que la société retient de leur fonction reste familial, elles sont encore perçues comme les gardiennes des valeurs traditionnelles, les gardiennes du temple. Un proverbe au Burkina ne dit-il pas : "pag la yiri", littéralement, "la femme est la maison" ? Autrement dit, c'est à elles de veiller sur cette maison, d'en garantir les traditions. On ne s'attend pas à les voir ailleurs que dans ce lieu pré-déterminé. Alors, quand arrivent des situations exceptionnelles où elles doivent quitter cette maison pour aller vendre leurs produits en ville (s'agissant des ménagères), on s'attend à ce qu'elles reviennent comme on s'attend à ce que celles parties étudier en ville, dans un pays voisin ou aussi loin qu'en Occident, reviennent ! Ce code tacite non énoncé, mais néanmoins explicite, accompagne les femmes parties à la quête du savoir et expliquerait le fait que, dans la majeure partie des cas, la plupart d'entre elles, une fois leurs études terminées, retournent au pays natal. L'idée de s'exiler, même quand elle les effleure, est vite combattue et rejetée à cause de la pression familiale ou sociale qu'elles ne manqueraient pas de subir. Et d'ailleurs, dans ces cas, la résistance de l'entourage familial est grande quand l'époux n'accompagne pas sa femme, ce qui amène beaucoup d'entre elles à renoncer à leurs projets de formation pour préserver leur mariage et l'harmonie familiale. Ce facteur socio-anthropologique (socialisation et éducation reçues) qui façonne leur perception d'elles-mêmes fait que, sans le vouloir toujours ni le savoir, les femmes elles-mêmes en arrivent à participer à la perpétuation de ce rôle de gardiennes des maisons et, par conséquent, des traditions qui les aliènent.
La seconde raison, et non la moindre, du faible taux de femmes généralement associée au phénomène de "la fuite des cerveaux" est sans conteste celle du très faible pourcentage de scolarisation qui s'observe encore aujourd'hui un peu partout en Afrique subsaharienne. Passé le stade des études secondaires, la famille commence à presser les filles de se trouver un mari (le mariage étant encore perçu dans ces sociétés comme l'unique passeport social valable). Rares alors sont celles qui auront la chance de poursuivre leurs études supérieures. Une fois que leur niveau d'études leur permet d'exercer une quelconque profession, elles sont priées de s'en contenter et de s'estimer heureuses, car en tant que femmes, c'est jugé comme suffisant ainsi.
Une troisième raison qui pourrait se rattacher à la première (culturelle) est le regard de la société sur les femmes trop éduquées. Appelées familièrement en Afrique de l'ouest "les papiers longueur[17]" (à cause de la durée de leurs études), ces femmes font peur aux hommes (et même à ceux qui sont bardés de diplômes) qui ne voient en elles que des trouble-fête, des rebelles en puissance. Souvent, cela ne correspond pas à leur perception de la femme, qui se doit d'être silencieuse, soumise et à l'image de leurs grands-mères. Les stéréotypes collés au dos de ces femmes instruites nuisent à leur intégration sociale. Dans ce contexte, vivre seule, pour une femme, étant un opprobre, celles qui ne veulent pas subir l'ostracisme vont, soit s'aligner et renoncer à leur épanouissement, soit, essayer de jouer le jeu. Mais, tôt ou tard, le piège se refermera sur elles et leurs ambitions.
Une quatrième raison liée au regard social est l'attitude étrange des intellectuels, c'est-à-dire, leur non-collaboration. Contrairement aux attentes, rares sont ceux qui encourageront leurs épouses et leurs soeurs à poursuivre leurs carrières. Ont-ils à ce point intériorisé le rôle social traditionnel des femmes, que même leur statut d'hommes dits modernes ne peut les détourner d'un tel mode de pensée ? Combien d'entre eux acceptent de partager les tâches ménagères pour permettre à leurs épouses d'exceller dans leurs carrières ? Combien d'entre eux continuent de confiner leurs compagnes dans le rôle de femmes au foyer même quand le couple vit hors d'Afrique ? Dans ce cas, il n'est plus possible d'incriminer le regard social susceptible d'influer sur les réactions individuelles puisque l'environnement a changé.
A cause de tous ces facteurs, la féminisation de la fuite des cerveaux ne s'observe pas encore à une très grande échelle. Et à la vérité, les femmes ne font pas partie des statistiques. Qui d'ailleurs les considère comme des cerveaux ? A plus forte raison en fuite ? Seuls les cerveaux mâles sont en fuite parce que la fuite leur est permise. Ce qui n'est pas le cas des gardiennes du temple qui, quelque ce soit leur niveau d'études, restent celles qui attendent et symbolisent la permanence. Le genre masculin du mot cerveau n'est sans doute pas étranger au fait qu'il soit rarement associé aux femmes. Cela nous amène au débat jamais épuisé de la place des femmes dans la mémoire sociale.
Dans Le Robert illustré d'Aujourd'hui[18], "Un grand cerveau" désigne "une personne d'une grande intelligence". "Écervelé, ée" signifie : "qui est sans cervelle, sans jugement". Et pour illustrer cette seconde expression, rien de mieux dans le Robert que : "une petite écervelée". Tout est dans le langage et l'assomption selon laquelle les mots sont asexués paraît se contredire avec cet exemple du Robert. "Un grand cerveau" sera automatiquement associé à un homme et il est clair qu'une "petite écervelée" ne convient pas pour qualifier un petit garçon ! Voilà donc établie la division sexuelle du langage après celle des tâches.
Les changements à opérer ne résident pas seulement dans le comportement, mais aussi dans le langage. Est-ce cette nécessité de changement que les femmes écrivains d'Afrique, et singulièrement les poètes, essaient de traduire dans leurs paroles rebelles[19] ? Ce changement de comportement et de langage revient à l'ensemble de la société. Mais que peut la moitié du ciel ?
Que peuvent faire les femmes? |
* Ce qui est déjà fait
Le rôle de premier plan joué par les Africaines dans le développement du continent est indéniable, même s'il n'est pas toujours pris en compte dans les statistiques[20]. Présentes dans tous les secteurs de la vie économique, éducative, artistique, sociale et politique, les Africaines, à presque tous les niveaux, mènent un combat de tout temps pour assurer un meilleur avenir au continent. Favorisées par leur nombre (plus de 52% de la population) et leur grande capacité de mobilisation, elles constituent, avec les jeunes, des atouts considérables pour l'essor de l'Afrique. Les intellectuelles jouent également un rôle de premier plan dans la sensibilisation aux défis actuels que sont l'éducation, la santé, la lutte contre la pauvreté et la violence. Organisées en structures telles les O.N.G., les femmes africaines de la base, aidées de leurs consoeurs instruites, développent des projets qui leur permettent d'acquérir une autonomie financière et d'augmenter leur productivité économique. Leur rigueur dans la gestion et leur sens de l'organisation commencent à être reconnus par les bailleurs de fonds et les organismes internationaux de développement qui de plus en plus leur confient la responsabilité des projets.
* Ce qui reste à faire
Ce qui reste à faire dans l'élaboration des pistes de solutions au problème de la fuite des cerveaux en Afrique revient à la fois aux intellectuelles africaines de la diaspora et à celles du continent. Si la majorité de l'élite féminine africaine demeure en Afrique, il n'en demeure pas moins que la contribution de celles qui travaillent à l'extérieur n'est pas à négliger. La formation de réseaux de travail entre les deux pôles s'avère indispensable à l'établissement d'un pont intellectuel qui convoierait les initiatives de part et d'autre. L'exemple donné dans ce sens déjà par l'AFARD (Association des femmes africaines pour la recherche et le développement, crée à Lusaka en 1976) dont le siège social se situe en Afrique, avec des représentations en Europe et en Amérique, mérite d'être suivi dans une approche de renforcement des capacités des femmes africaines. L'AFARD prône la valorisation de l'éducation et de la connaissance comme moyens essentiels au progrès socio-économique des femmes africaines. En partant du principe que le faible statut socio-économique des Africaines découle de leur nombre infime dans l'éducation, la production et la dissémination du savoir, l'AFARD met l'accent, dans son plan d'action, sur la prise en compte de la dimension "genre et développement". C'est ainsi qu'elle a mis en place des programmes de leadership en genre et développement destinés aux jeunes femmes africaines.
FEMNET ( Réseau des femmes africaines pour le développement et la communication) qui travaille à la représentativité des femmes en politique plaide pour que la question de l'égalité soit incluse à l'ordre du jour des programmes de développement tant national, régional qu'international. Ce réseau travaille de concert avec le Forum des éducatrices africaines (FEA) à la promotion de l'éducation des filles et à l'égalité des genres.
Enfin le Réseau électronique des femmes africaines (FLAME) [https://flamme.org/indexfr.html] met l'emphase sur l'utilisation des technologies de l'information et de la communication en vue du renforcement des capacités des femmes africaines.
Ces quelques exemples d'initiatives d'organismes de femmes africaines, qui sont actifs, tant sur le continent qu'à l'extérieur, tracent des voies de solution envisageables pour résorber la perte totale des compétences qu'occasionne la fuite des cerveaux. En travaillant de concert, de part et d'autre du continent et de l'extérieur, ces femmes développent des projets qui profitent finalement à toutes.
CONCLUSION |
La fuite des cerveaux en Afrique constitue une problématique sérieuse pour l'avenir sur laquelle devraient se pencher l'élite africaine et les gestionnaires au quotidien. Ce continent qui, selon les historiens se vida de plus de 10 millions de sa population valide pendant trois siècles[21] et qui ne s'en est jamais vraiment remis, n'a pas besoin de revivre un scénario qui le priverait encore plus des atouts de son développement. Une réflexion globale sur ce nouveau fléau qui menace la survie même de cette Afrique devrait s'amorcer. Une prise de conscience générale s'impose dès maintenant avant que de plus grands ravages ne surviennent. Les femmes sur qui repose, dit-on, l'avenir de ce continent, si elles n'apparaissent pas encore touchées par ce phénomène n'en sont pas moins épargnées. Que sera le devenir de l'Afrique, si les jeunes qui en constituent la force motrice devaient tous l'abandonner pour des cieux meilleurs et plus cléments? Dirions-nous à la suite de Bernard Dadié cette complainte ?
Sèche tes pleurs, Afrique!
Tes enfants te reviennent
Dans l'orage et la tempête des voyages infructueux[22] !
Constaterions-nous avec Tanella Boni :
Ou ferions-nous plutôt cette profession de foi ?
La question reste posée et le choix de la stratégie à adopter revient à chacun et à tous comme membre d'une communauté soucieuse de son bien-être et de son devenir. Si le retour et la réinstallation en Afrique des cadres africains formés au prix de grands sacrifices paraissent illusoire à ce stade actuel, des initiatives pourraient être néanmoins prises en vue de faire profiter la nation de leurs compétences acquises si durement et si chèrement. L'institution d'universités d'été, avec des programmes de professeurs invités, constituerait, par exemple, une alternative intéressante à défaut d'une solution définitive.
Notes
[1] Notons bien l'emploi du mot "là" en fin de phrase qui, dans certains parlers d'Afrique, marque l'emphase.
[2] L'émission de RFI, "Débat africain", animée par Madeleine Mukamabano, abordait cette question dans son édition du dimanche 18 novembre 2001 sous le thème du "renforcement des capacités en Afrique".
[3] Le Rapport mondial sur le développement humain 2001 du PNUD fait mention de la question de la fuite des cerveaux. Intitulée : "La fuite des cerveaux fait perdre des milliards aux pays en voie de développement", cette partie du rapport analyse comment cette question est traitée en Inde et dans la République de Corée.
[4] Voir les oeuvres suivantes : Aké Loba, L'Étudiant noir, Paris, 1966 ; Bernard B. Dadié, Un Nègre à Paris, Paris, Seghers, 1959 ; Camara Laye, Dramouss, Paris, Plon, 1966 ; Cheikh Hamidou Kane, L'Aventure ambiguë, Paris, Julliard, 1961 ; Ousmane Socé, Mirages de Paris, Paris, Éditions latines, 1964 ; Ferdinand Oyono, Chemin d'Europe, Paris, Julliard, 1960.
[5] Désigne en Afrique, de façon générale, l'Occident.
[6] Expression du français populaire africain signifiant réussir socialement.
[7] A propos de ce paradoxe africain, cette anecdote d'une vieille hôtelière américaine illettrée, à un cadre africain séjournant dans son hôtel, est édifiante : " Il y a quelque chose qui m'échappe, dit-elle. Mon hôtel ne désemplit pas. La salle de conférence est toujours occupée par des messieurs importants de partout qui discutent de l'Afrique, mais chaque fois que je regarde la télè, je ne vois que des images désolantes de l'Afrique. A quoi servent donc toutes ces réunions ? ".
[8] Téné Youssouf Guèye, poète et président de l'Association des écrivains de Mauritanie est mort en détention dans les prisons de sable du désert mauritanien en 1988 et ce, malgré les nombreuses négociations et demandes de grâce menées par l'avocat et poète burkinabè Pacéré Titinga au nom de la Fédération des associations des écrivains de l'Afrique de l'ouest (FADEAO), dont le Burkina Faso détenait le siège et la présidence. L'Union des gens de Lettres (UGEL), association des écrivains burkinabè de l'époque (1986-1988) a été membre fondateur de la FADEAO. Pour en savoir davantage, lire de Pacéré Titinga, Des entrailles de la terre, Poème à Téné Youssouf Gueye, Ouagadougou, Maison Pousga, 1990.
[9] Léon Yépri, Titinga Frédéric Pacéré. Le Tambour de l'Afrique, Paris, L'Harmattan, 1999, p. 78.
[10] Norbert Zongo, journaliste burkinabè d'investigation, fondateur et directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, fut sauvagement assassiné et brûlé avec trois de ses compagnons, dont son jeune frère, le 13 décembre 1998, au Burkina Faso. Depuis lors, une crise socio-politique sans précédent secoue ce pays dit des gens intègres et ne semble pas prêt de se résorber avec l'état d'impunité dans lequel courent toujours ses assassins et les commanditaires de ce meurtre odieux et inhumain. Voir, pour plus d'informations sur ce dossier, le site de Reporters sans frontières : https://www.rfs.fr
[11] Situation qui a fait dire à un penseur de ce siècle cette phrase lumineuse : "Il est dommage que des intellectuels subtiles soient devenus des idiots utiles".
[12] Célestin Monga, "Lettre à Fatou sur les ingrédients du bonheur", Défis Sud, Belgique, 1995 (Lettre éditoriale).
[13] Un cas typique d'une telle inadéquation entre formation et besoins réels est l'exemple de cet ouest Africain, Docteur en physique nucléaire qui, de retour dans son pays, n'a pas eu où s'employer et qui, à force de désespoir dû au chômage et à la misère, a fini par sombrer dans la folie.
[14] Au Mali, le Centre universitaire Mandé Boukary et au Cameroun, L'Université des montagnes, en sont des illustrations.
[15] Toutes les données statistiques mentionnées dans cette partie proviennent des rapports annuels de l'UNICEF et de l'UNIFEM intitulés respectivement : Le Progrès des nations 2000 et The World's Women 2000, Trends and Statistics (Chapter 4 : Education and Communication).
[16] Depuis les débuts de mise en application des programmes d'ajustement structurel en Afrique, les politiques édictées par la Banque mondiale sur l'éducation en Afrique tendent à mettre l'emphase sur l'éducation de base et à négliger l'éducation supérieure, donnant ainsi l'inpression que ce dernier secteur est moins important que le premier.
[17] C'est un des titres du 9e album ("DIEU") du chanteur ivoirien de renommée internationale Alpha Blondy.
[18] Le Robert illustré d'Aujourd'hui, Paris, 1999, pp. 248 et 461.
[19] Voir des aspects de cette rebellion dans : "D'Orphée à Prométhée, poètes africaines" , Lire les femmes.
[20] Les économistes africaines réunies en séminaire international à Dakar du 29 octobre au 3 novembre 2001 ont exigé que la contribution des femmes au développement soit reconnue, valorisée et prise en compte dans les statistiques et les comptes nationaux des pays africains. Le Réseau des femmes africaines économistes mis sur pied à l'issue de ce séminaire se donne pour objectifs d'aider les femmes à participer à l'élaboration, la formulation et le suivi des politiques économiques par des programmes de renforcement des capacités notamment.
[21] Source : documents préliminaires de la conférence internationale sur le racisme tenue à Durban, du 31 août au 7 septembre 2001.
[22] Bernard Dadié, " Sèche tes pleurs ", La Ronde des jours, in Légendes et Poèmes, Paris, Seghers, 1966, p. 244.
[23] Tanella Boni, Grains de sable, Limoges, Le Bruit des autres, 1993.
[24] Bernard Dadié, Afrique debout in Poèmes et légendes, Paris, Seghers, 1966, pp. 12-13.
Angèle Bassolé-Ouédraogo est actuellement Coordonnatrice
de projets à la Table Féministe Francophone de Concertation
Provinciale de l'Ontario [TFFCPO] (regroupement d'une trentaine d'organismes de femmes
francophones de l'Ontario (Canada). Le mandat de la TFFCPO est de promouvoir les droits à
l'égalité des femmes francophones de l'Ontario par la
recherche-action et l'intervention sur la scène politique. Angèle Bassolé-Ouédraogo
est responsable du dossier Immigration et siège à ce titre au
comité exécutif de l'organisme. Ses dernières publications comprennent les articles suivants : "Mon rêve de l'égalité" Actes du forum national des femmes canadiennes françaises, Ottawa, Mars 2000 ; "Elles se souviennent, nous nous souvenons : Mémoire en exil" Actes du colloque du Réseau des chercheures féministes francophones de l'Ontario, Montréal, Mémoire en exil, 2002 ; "La dette éternelle " Actes du colloque sur l'immigration en région, Sherbrooke, 2001 ; "Les femmes africaines dans la francophonie mondiale" Actes du colloque de la 39e Biennale de la langue française, Hull-Ottawa, juillet 2001 ; "Les amazones de la paix", Numéro spécial de Palabres dirigé par Irène Assiba D'Almeida sur la poésie africaine au féminin, Allemagne, 2002. Angèle Bassolé-Ouédraogo termine son second recueil de poésie Avec tes mots [Extraits] dont la publication est prévue pour 2002. De plus, elle a créé les Éditions Malaika, une maison d'édition à vocation africaine, basée à Ottawa et dont le lancement de presse s'est fait à la dernière édition du FESPACO en février 2001 à Ouagadougou, au Burkina Faso. |
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