Que te sert, cher espoux, ce labeur insensé ?
Rien sans l'adveu des dieux ne s'est icy passé.
Les destins disposans des fortunes humaines
ne veulent point souffrir que d'icy tu m'emmeines,
ny ne l'accorde point l'arrest de ce grand roy
de qui le clair Olympe escoute et suit la loy.
Il faut qu'un long
exil tes erreurs accompagne :
il te faut sillonner une vaste campagne
de tempesteuses mers : puis, apres quelques ans,
en fin tu parviendras aux champs gras et plaisants
de la belle Hesperie, et des terres fecondes
que le Tybre en coulant fend de ses douces ondes.
Là, tout bonheur t'attend : là, le cours des destins
te reserve un royaume és rivages latins,
et le nouveau lien d'un royal hymenee.
Ne vueilles plus en vain plorer ma destinee :
mon oeil ne verra point les fieres regions
d'où le Dolope armé tira ses legions,
et pour user ma vie en langueur et tristesse,
je n'iray point servir les matrones de Grece,
moy, race des grands roys de Dardane venus ;
et belle fille encor de la belle Venus :
car la mere des dieux, nostre grande Cybelle,
me retient sur ces bords arrestee aupres d'elle.
Or adieu pour jamais : conserve en toy l'amour
de nostre cher enfant jusqu'à ton dernier jour.
Ayant ainsi parlé, ceste ombre se retire,
sur le poinct que pleurant, et voulant beaucoup dire,
j'ouvrois ma palle bouche afin de luy parler :
se dérobe à mes yeux, et se dissipe en l'air.
Par trois fois j'essayay d'arrester sa vollee,
luy donnant de mes bras une estroitte accollee :
mais par autant de fois, l'idole estreinte en vain
eschappa de ma prise, et me trompa la main ;
pareille aux vents legers, et semblable en son estre
à ces songes vollants que le somme fait naistre.
Les moments de la nuict s'estans coulez ainsi,
je retourne au vallon, vers mon autre souci :
et là, je m'estonnay, pour la nombreuse suitte
des nouveaux compagnons donnez à nostre fuitte,
qu'ensemble j'y trouvay si soudain addressez :
hommes, femmes, enfans, jeunes gens ramassez,
piteuse colonie, et peuple miserable,
recueilly pour souffrir un
exil perdurable.

Bertaut. Les Oeuvres poétiques [1620] (Paris: Toussainct du Bray, 1620), p.366.

Allons où la vertu, et le sort nous convie,
Deussions nous voir le Scythe, ou la source du Nil,
Et nous donnons plustost un eternel
exil,
Que tacher d'un seul poinct l'honneur de nostre vie.
Sus donques, et devant que le cruel vainqueur
De nous face une fable au vulgaire moqueur,
Banissons la vertu d'un
exil volontaire.
Et quoy ? ne sçais-tu pas que le bany Romain
Bien qu'il fust dechassé de son peuple inhumain,
Fut pourtant adoré du barbare coursaire ?

Du Bellay. Les Regrets [1558] (Genève: Droz, 1966), p.118.

Ore aussi, MONSEIGNEUR, que l'on te tend le bras,
Tu plais au lieu de nuire : et si retourneras
Non comme Alcibiade en
exil volontaire,
Où traistrement il fut assasiné des siens :
Mais en tes dignitez, pour survivre au contraire
Plus craint des Ennemys, et moins häy des tiens.

De la Gessee. Les Jeunesses [1553] (Paris: STFM, 1991), p.265.

Mon sens en toutes parts suivant un mesme cours,
tu me verras tout tel que tu m'as veu tousjours.
Que si mon long
exil doit borner ma demeure,
quelque part où ce soit, si faut-il que je meure,
et quoy que fasse Ilax et les plus favoris,
le ciel n'est pas plus loing d'icy que de Paris.

De Viau. Oeuvres poétiques [1623] (Genève: Droz, 1958), p.41.

Ainsi l'heureux anglois remporte la victoire,
tout respond à ses voeux, rien ne manque à sa gloire,
j'empesche seul qu'en tout il ne soit satisfait,
je manque à son triomphe, et le rends imparfait.
De mon desastre, amis, je n'accuse personne,
c'est le ciel qui le veut, c'est le ciel qui l'ordonne,
et si le bon succes eust suyvi le grand coeur,
Betford seroit vaincu, Charles seroit vainqueur.
Mais pouvant de ses mains estre encore la proye,
ostons à sa fureur l'espoir de cette joye,
ostons au sort injuste, à ses voeux complaisant,
le moyen de luy faire un si rare present.
L'Auvergne, pour finir mes tristes avantures,
me fournira de port en ses grottes obscures,
et je conserveray, dans ces sauvages lieux,
l'image de l'eclat, dont brilloient mes ayeux.
Que si le fier anglois, suyvant son entreprise,
vient parmy ces rochers attaquer ma franchise,
lors qu'il aura percé leurs espaisses forests,
je me puis bien ailleurs garantir de ses traits.
De l'aspre Daufiné je suis tousjours le prince,
il m'offre un doux refuge en sa forte province,
et je puis, sur ses monts, attendre en seureté,
ce que de mes destins les cieux ont arresté.
De là, quand nous verrons adoucir l'inflüence,
qui de tant de malheurs persecute la France,
nous reviendrons armés, en belliqueux torrens,
d'un cours impetüeux fondre sur nos tyrans.
Donc, pour ne tomber pas sous le joug du barbare,
que chacun à partir sans regret se prepare ;
quitons à l'estranger nostre propre maison,
et choisissons l'
exil plustost que la prison.

Chapelain. La Pucelle (Paris: Courbe, 1656), p.31.

C'est ainsi qu'on dira chez la race future :
Philippe eut un coeur noble ; ami de la droiture,
politique et sincère, habile et généreux,
constant quand il fallait rendre un mortel heureux ;
irrésolu, changeant, quand le bien de l'empire
au malheur d'un sujet le forçait à souscrire ;
affable avec noblesse, et grand avec bonté,
il sépara l'orgueil d'avec la majesté ;
et le dieu des combats, et la docte Minerve,
de leurs présents divins le comblaient sans réserve ;
capable également d'être avec dignité
et dans l'éclat du trône et dans l'obscurité :
voilà ce que de toi mon esprit se présage.
ô toi de qui ma plume a crayonné l'image,
toi de qui j'attendais ma gloire et mon appui,
ne chanterai-je donc que le bonheur d'autrui ?
En peignant ta vertu, plaindrai-je ma misère ?
Bienfaisant envers tous, envers moi seul sévère,
d'un
exil rigoureux tu m'imposes la loi ;
mais j'ose de toi-même en appeler à toi.
Devant toi je ne veux d'appui que l'innocence ;
j'implore ta justice, et non point ta clémence.
Lis seulement ces vers, et juge de leur prix ;
vois ce que l'on m'impute, et vois ce que j'écris.
La libre vérité qui règne en mon ouvrage
d'une âme sans reproche est le noble partage ;
et de tes grands talents le sage estimateur
n'est point de ces couplets l'infâme et vil auteur.

Voltaire. Epitres [1778] (Oeuvres Complètes Paris: Garnier, 1877), p.236.

Placez-y les amis des hommes et des dieux,
ceux qui par des bienfaits vivent dans la mémoire,
ces rois dont leurs sujets n'ont point pleuré la gloire.
Montrez-y Fénelon à notre oeil attendri ;
que Sully s'y relève embrassé par Henri.
Donnez des fleurs, donnez ; j'en couvrirai ces sages
qui, dans un noble
exil, sur de lointains rivages
cherchoient ou répandoient les arts consolateurs ;
toi sur-tout, brave Cook, qui, cher à tous les coeurs,
unis par les regrets la France et l'Angleterre ;
toi qui, dans ces climats où le bruit du tonnerre
nous annonçoit jadis, Triptolème nouveau,
apportois le coursier, la brebis, le taureau,
le soc cultivateur, les arts de ta patrie,
et des brigands d'Europe expiois la furie.
Ta voile en arrivant leur annonçoit la paix,
et ta voile en partant leur laissoit des bienfaits.
Reçois donc ce tribut d'un enfant de la France.

Delille. Les Jardins (Paris-Rheims: Valade et Cazin, 1782), p.100.

Cléotas est perdu, son injuste patrie
l'a privé de ses biens ; elle a proscrit sa vie.
De ses concitoyens dès longtemps envié,
de ses nombreux amis en un jour oublié,
au lieu de ces tapis qu'avait tissus l'Euphrate,
au lieu de ces festins brillants d'or et d'agate,
où ses hôtes, parmi les chants harmonieux,
savouraient jusqu'au jour les vins délicieux,
seul maintenant, sa faim, visitant les feuillages,
dépouille les buissons de quelques fruits sauvages ;
ou chez le riche altier apportant ses douleurs,
il mange un pain amer tout trempé de ses pleurs.
Errant et fugitif, de ses beaux jours de gloire
gardant, pour son malheur, la pénible mémoire,
sous les feux du midi, sous le froid des hivers,
seul, d'
exil en exil, de déserts en déserts,
pauvre et semblable à moi, languissant et débile,
sans appui qu'un bâton, sans foyer, sans asile,
revêtu de ramée ou de quelques lambeaux,
et sans que nul mortel attendri sur ses maux,
d'un souhait de bonheur le flatte et l'encourage ;
les torrents et la mer, l'aquilon et l'orage,
les corbeaux, et des loups les tristes hurlements,
répondant seuls la nuit à ses gémissements ;
n'ayant d'autres amis que les bois solitaires,
d'autres consolateurs que ses larmes amères,
il se traîne ; et souvent sur la pierre il s'endort
à la porte d'un temple, en invoquant la mort.

Chenier. Bucoliques [1794] (Oeuvres complètes/Dimoff. Paris: Delagrave, 1919), p.210.

Ainsi l'aigle superbe au séjour du tonnerre
s'élance ; et, soutenant son vol audacieux,
semble dire aux mortels : je suis né sur la terre,
mais je vis dans les cieux.
Oui, la gloire t'attend ; mais arrête, et contemple
à quel prix on pénètre en ses parvis sacrés ;
vois : l'infortune, assise à la porte du temple,
en garde les degrés.
Ici, c'est ce vieillard que l'ingrate Ionie
a vu de mers en mers promener ses malheurs :
aveugle, il mendioit au prix de son génie
un pain mouillé de pleurs.
Là, le Tasse, brûlé d'une flamme fatale,
expiant dans les fers sa gloire et son amour,
quand il va recueillir la palme triomphale,
descend au noir séjour.
Partout des malheureux, des proscrits, des victimes,
luttant contre le sort ou contre les bourreaux ;
on dirait que le ciel aux coeurs plus magnanimes
mesure plus de maux.
Impose donc silence aux plaintes de ta lyre,
des coeurs nés sans vertu l'infortune est l'écueil ;
mais toi, roi détrôné, que ton malheur t'inspire
un généreux orgueil !
Que t'importe après tout que cet ordre barbare
t'enchaîne loin des bords qui furent ton berceau ?
Que t'importe en quels lieux le destin te prépare
un glorieux tombeau ?
Ni l'
exil, ni les fers de ces tyrans du Tage
n'enchaîneront ta gloire aux bords où tu mourras

Lamartine. Méditations poétiques [1820] (Paris: Hachette, 1915), p.147.

Ô République de nos pères,
grand Panthéon plein de lumières,
Dôme d'or dans le libre azur,
Temple des ombres immortelles,
puisqu'on vient avec des échelles
coller l'empire sur ton mur ;
puisque toute âme est affaiblie ;
puisqu'on rampe ; puisqu'on oublie
le vrai, le pur, le grand, le beau,
les yeux indignés de l'histoire,
l'honneur, la loi, le droit, la gloire,
et ceux qui sont dans le tombeau ;
je t'aime,
exil ! Douleur, je t'aime !
Tristesse sois mon diadème.

Hugo. Les Châtiments [1853] (Paris, Hachette, 1932), p.149.

Je plains les exilés qui laissent derrière eux
l'amour et la beauté d'une amante chérie ;
mais ceux qu'elle a suivis au désert sont heureux :
ils ont avec la femme emporté la patrie.
Ils retrouvent le jour de leur pays natal
dans la clarté des yeux qui leur sourient encor,
et des champs paternels, sur un front virginal,
les lis abandonnés recommencent d'éclore.
Le ciel quitté les suit sous les nouveaux climats ;
car l'amante a gardé, dans l'âme et sur la bouche,
un fidèle reflet des soleils de là-bas
et les anciennes nuits pour la nouvelle couche.
Je ne plains point ceux-là ; ceux-là n'ont rien perdu :
ils vont, les yeux ravis et les mains parfumées
d'un vivant souvenir ! Et tout leur est rendu,
saisons, terre et famille, au sein des bien-aimées.
Je plains ceux qui, partant, laissent, vraiment bannis,
tout ce qu'ils possédaient sur terre de céleste !
Mais plus encor, s'il n'a dans son propre pays
point d'amante à pleurer, je plains celui qui reste.
Ah ! Jour et nuit chercher dans sa propre maison
cet être nécessaire, une amante chérie !
C'est plus de solitude avec moins d'horizon ;
oui, c'est le pire
exil, l'exil dans la patrie.

Sully Prudhomme. Les Solitudes (Oeuvres poésies, t.2. Paris: Lemerre, 1869), p.35.

Ils marchent vers l'exil, vers l'oubli, vers la nuit,
résignés, effrayants, plus pâles que des marbres,
parfois heurtant leurs fronts dans les branches des arbres,
et, tandis qu'ils s'en vont, troupeau silencieux,
la fatigue d'errer sans repos sous les cieux
arrache des sanglots à leurs bouches divines,
et des soupirs affreux sortent de leurs poitrines.
Car, depuis qu'en riant les empereurs, jaloux
de leur gloire, les ont chassés comme des loups,
et que leurs palais d'or sont brisés sur les cimes
de l'Olympe à jamais désert, les dieux sublimes
errent, ayant connu les pleurs, soumis enfin
à la vieillesse horrible, aux douleurs, à la faim,
aux innombrables maux que tous les hommes craignent,
et leurs pieds, déchirés par les épines, saignent.
Zeus, à présent vieillard, a froid, et sur ses flancs
serre un haillon de pourpre, et ses cheveux sont blancs.

De Banville. Les exilés (Poésies complètes, t.2. Paris: Fasquelle, 1899), p.7.

Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement
de doigts inoccupés tapotant sourdement
les vitres, comme pour savoir leur peine occulte ;
-ah ! Ce gémissement du verre qu'on ausculte ! -
dimanche : l'air à soi-même dans la maison
d'un veuf qui ne veut pas aider sa guérison
quand les bruits du dehors se ouatent de silence.
Dimanche : impression d'être en
exil ce jour,
long jour que le chagrin des cloches influence,
et sans cesse ce long dimanche est de retour !
Ah ! Le triste bouquet des heures du dimanche ;
c'est un triste bouquet de fleurs qui lentement
meurt dans un verre d'eau sur une nappe blanche...
m'en sauver, le pourrai-je ? Et l'éviter, comment ?
Ce jour de demi-deuil aux couleurs trop calmées
où mon coeur otieux s'en va dans les fumées.
J'en ai l'obsession, j'en ai peur, j'en ai froid
du spleen hebdomadaire où ce jour me ramène :
tandis que je me leurre au long de la semaine,
flux et reflux de jours qui s'accroît et décroît,
dont l'écume est un peu de vanité qui chante,
voici que le repos dominical me hante
et déjà m'apparaît comme un repos amer,
repos nu d'une grève au départ de la mer,
grève morte du long dimanche infinissable
qui coagule au loin ses silences de sable..

Rodenbach. Le Règne du silence [1861] (Paris: Fasquelle, 1914), p.111.

Je ne me suis pas consolé,
bien que mon coeur s'en soit allé.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
dit à mon âme : est-il possible,
est-il possible, -le fût-il, -
ce fier
exil, ce triste exil ?
Mon âme dit à mon coeur : sais-je
moi-même que nous veut ce piège
d'être présents bien qu'
exilés,
encore que loin en allés ?

Verlaine. Oeuvres poétiques complètes [1896] (Paris: Gallimard, 1962, p.195)

Tout son col secouera cette blanche agonie
par l'espace infligé à l'oiseau qui le nie,
mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.
Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,
il s'immobilise au songe froid de mépris
que vêt parmi l'
exil inutile le Cygne.

Mallarmé. Poésies [1898] (Oeuvres complètes. Paris: Gallimard, 1965), p.68.

Choeur :
Maraudeur étranger malheureux malhabile
voleur voleur que ne demandais-tu ces fruits
mais puisque tu as faim que tu es en
exil
il pleure il est barbare et bon pardonnez-lui

Larron :
Je confesse le vol des fruits doux des fruits mûrs
mais ce n'est pas l'
exil que je viens simuler
et sachez que j'attends de moyennes tortures
injustes si je rends tout ce que j'ai volé

Appolinaire. Alcools [1913] (Oeuvres poétiques. Paris: Gallimard, 1962), p.91.

Me voilà entré tout vermoulu dans la zone de noirceur,
embroché comme le tournant hémisphère, avec toujours ce sourire
idiot qu'un
exil de fraîcheur imprime en zézayant sur la face fondante.

Tzara. Grains et issues [1935] (Oeuvres complètes, t.3. Paris: Flammarion, 1979), p.85.

Elle accompagne Oedipe hors des portes béantes
qui paraissent le vomir. Elle conduit le long des routes
de l'
exil ce père qui est en même temps son tragique
frère aîné : il bénit l'heureuse faute qui l'a jeté sur
Jocaste, comme si l'inceste avec la mère n'avait été
pour lui qu'un moyen de s'engendrer une soeur.

Yourcenar. Feux [1936] (Oeuvres romanesques. Paris: Gallimard, 1991), p.1107.

Vois bouger l'entrelacement
des certitudes arrivées
près de nous à leur quintessence,
ô ma fourche, ma soif anxieuse !
La rigueur de vivre se rode
sans cesse à convoiter l'
exil.
Par une fine pluie d'amande,
mêlée de liberté docile,
ta gardienne alchimie s'est produite,
ô bien-aimée !

Char. Fureur et mystère [1948] Oeuvres complètes. Paris: Gallimard, 1985), p.148.

Voici la peinture un imaginaire, bien qu'elle garde ses
yeux fixés sur l'évidence du monde. Ces images sont
solitude,
exil déjà, nostalgie. Et ces peintres sont en
conflit avec cela même qu'ils ont aimé, et tentés de
quitter le lieu de leur déception pour chercher plus de
réalité en un autre.

Bonnefoy. Rue traversière et autres récits en rêve [1987] (Paris: Gallimard, 1995), p.161.

Nous avons apprivoisé
la marche qui nous accompagne
Sur les chemins de l'
exil inpromptu
Nous avons érigé le soleil et la lune
En guides éclairés
Parmi la faune et la flore
Où nous traînons nos blessures intarissables
Là-bas tombent les obus sur la ville des fauves
Et nous comptons nos pas de nulle part
D'ici vers un ailleurs sans lendemain

Boni. Il n'y a pas de parole heureuse (Solignac/France: Le bruit des autres, 1997), p.71