Le Lys et le Flamboyant. Paris Seuil, 1997. (432p.)
Dans la Brazzaville de la fin des années trente, les jeunes
métisses "éduquées" au couvent de Javouhey se retrouvent
souvent au "Paradis tropical", la demeure de Tonton Pou et de Marie Chinois.
L'une d'entre elles, Kolélé, occupe le centre de la scène
et le roman nous permet de découvrir sa vie, ses amours et les
très nombreuses pérégrinations qui la conduisent aux
quatre coins du monde. Le fils d'une de ses amies est le narrateur du roman et
c'est par son intermédiaire que nous découvrons la vie de cette
grande famille "métisse" qui ne se quitte que pour mieux se retrouver au
gré des circonstances. L'enfant qui joue avec ses soldats de plomb en
écoutant de loin ce que disent ses Tantes dépeint un monde plein
de vie et de rires mais c'est aussi un monde fait de déchirements,
d'abandons et d'intolérance que l'enfant devenu adolescent puis adulte
essaie de réconcilier dans un projet de film où il entend
exprimer toute la riche variété de ses origines. De très
nombreux personnages entrent en scène dans cette saga familiale et
l'article ci-joint permet d'en découvrir quelques-uns qui ne sont pas
toujours les plus importants dans l'économie du récit mais qui
sont représentatifs d'une manière d'être ou d'exprimer
l'idée de métissage à l'époque où se
déroule l'action. Lomata est le premier mari de Kolélé et
n'eût été son teint clair, il aurrait pu passer tout
à fait inaperçu dans la masse de ses concitoyens dont il partage
les us et coutumes. Mobéko, un ami de la famille, offre l'image
inverse. Il est noir mais son érudition "française" le place en
marge de ses pairs, même s'il entretient des rapports excellents avec
l'intelligentia des deux cultures. Le Dr Sallustre est un Antillais qui ne fait
que passer dans la vie d'une des Tantes - comme tous ces "maris" qui finissent
toujours par disparaître et par céder leur place à un
autre. Quant à Philipili Cloarec, il incarne le petit colon borné
qui a la gachette facile et qui parle haut et fort.